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Sahel: Face à une violence sans précédent, les appels à l'action internationale se multiplient
Nations-Unies (New York) – Face à la vague de violence sans précédent qui frappe ces derniers mois la région du Sahel et de l’Afrique de l’ouest, les appels à l’action internationale se multiplient pour venir à bout de la menace terroriste qui prend en otage l’avenir de dizaines de millions de personnes et compromet la sécurité des pays de cette partie du continent.
Le constat est, en effet, des plus sombres. Selon l’ONU, plus de 4.000 personnes ont été tuées en 2019 dans des attentats terroristes perpétrés au Burkina Faso, au Mali et au Niger, pays qui subissent de plein fouet actuellement la violence des groupes terroristes sévissant dans la région.
Des attaques incessantes qui endeuillent l’ensemble du Sahel, avec à la fois des cibles civiles et militaires. Comme en témoigne l’attaque ayant visé la semaine dernière le camp militaire de Chinégodar, dans la région de Tillabéri, dans l’ouest du Niger, qui a coûté la vie à 89 soldats. L’attentat a été revendiqué cette semaine par l'organisation terroriste "Etat islamique au Grand Sahara".
Il s’agit de la deuxième attaque meurtrière subie par l’armée du Niger en près d’un mois, après celle d'Inates le 10 décembre dernier dans la même région de Tillabéri, qui avait tué 71 soldats.
Meurtri par ces attaques sans précédents contre son armée, le Niger a appelé, lundi, au soutien du Conseil de sécurité de l’ONU pour faire face à la menace terroriste grandissante qui touche le Sahel et l’Afrique de l’ouest.
"Le Niger, le Sahel et l’Afrique de l’ouest ont besoin de votre soutien. Votre soutien à vous tous je dirai, car la menace à laquelle ils sont aujourd’hui confrontés est une menace à la paix et à la sécurité internationale, et à ce titre, elle requiert l’action de tous", a déclaré l’ambassadeur du Niger à l’ONU devant les membres du Conseil de sécurité à New York.
En effet, depuis 2012, la zone sahélo-saharienne est devenue le terrain d'action de plusieurs groupes djihadistes, pour certains affiliés à Al-Qaïda ou à l'organisation dite "Etat islamique", qui mènent des attaques visant aussi bien les bases militaires que les populations civiles.
Cette violence terroriste affecte ainsi les populations civiles des pays du Sahel et de l’Afrique de l’ouest. Par conséquent, le nombre de personnes déplacées a été multiplié par dix pour atteindre environ un demi-million l’année dernière, a déploré récemment le Représentant spécial de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Mohamed Ibn Chambas.
La concentration géographique des attaques terroristes menace de plus en plus les Etats côtiers de l'Afrique de l'Ouest, a-t-il alerté devant le Conseil de sécurité.
M. Ibn Chambas a souligné que les attaques incessantes contre des cibles civiles et militaires ont ébranlé la confiance de l’opinion publique. Les gouvernements, les acteurs locaux, les organisations régionales et la communauté internationale se mobilisent dans toute la région pour répondre à cette menace, mais, a-t-il dit, le moment est venu d'agir.
L’envoyé onusien a ainsi appelé les dirigeants de la région à tenir leurs engagements et les partenaires internationaux à soutenir pleinement les gouvernements de cette partie de l’Afrique.
La situation critique au Sahel a également été, cette semaine, au programme du Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a participé lundi, à Pau en France, à un dîner de travail organisé par le Président français Emmanuel Macron dans le cadre d'un sommet réunissant les dirigeants des pays du G5-Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger).
Cette rencontre vise justement "à répondre à la crise au Sahel en renforçant l'engagement et la collaboration internationale sur les questions de sécurité, de gouvernance, humanitaires et de développement", a précisé son porte-parole à New York.
Dans une déclaration ayant sanctionné ce sommet, les pays du G5-Sahel et la France ont réaffirmé leur détermination à lutter ensemble contre les groupes terroristes qui opèrent dans la bande sahélo-saharienne.
Ils ont exprimé "le souhait de la poursuite de l’engagement militaire de la France au Sahel et ont plaidé pour un renforcement de la présence internationale à leurs côtés".
Ce sommet a également été marqué par la création de la "Coalition pour le Sahel", avec notamment comme objectif d’affaiblir durablement les mouvements terroristes sévissant dans la région.
"Cette coalition sera basée sur l’efficacité et les résultats", a assuré mercredi devant le Conseil de sécurité, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière.
"La France invite l’ensemble des pays et organisations intéressés à rejoindre cette initiative", a déclaré M. de Rivière, précisant qu’elle sera organisée en quatre piliers: la lutte contre le terrorisme, le renforcement des capacités des forces de défense et de sécurité des pays du Sahel, l’appui au retour de l’État et le développement économique et social.
Les chefs d’Etat des pays membres devront se retrouver à Nouakchott en juin prochain pour faire "un suivi précis de la mise en œuvre de la Coalition et du respect des engagements réciproques", selon l’ambassadeur français.
La situation sécuritaire préoccupante au Sahel figure aussi en tête de l’agenda de la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de consolidation de la paix des Nations-Unies, Rosemary DiCarlo, qui a entamé dimanche dernier une tournée d’une semaine en Afrique de l’Ouest.
Lors de cette visite qui la mène au Sénégal, en Guinée Bissau, au Nigéria, au Niger et au Burkina Faso, Mme DiCarlo devra évoquer avec ses interlocuteurs la manière dont l’ONU peut renforcer le soutien aux efforts visant à relever les défis de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région.
Même son de cloche chez le Secrétaire général adjoint des Nations-Unies aux opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, qui a réitéré, mercredi devant le Conseil de sécurité, la détermination de l’ONU à travailler avec tous ses partenaires pour lutter contre les causes profondes du terrorisme, de l'instabilité et de la violence au Sahel.
*MAP