Sénégal : La CEDEAO appelle à la retenue, l’opposant Ousmane Sonko en garde à vue

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Sénégal : affrontement entre des manifestants et des forces de l'ordre

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Abuja - La Commission de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné, samedi, les violences survenues dans plusieurs villes du Sénégal, ayant fait des morts et des blessés.

"La Commission de la CEDEAO suit avec attention l’évolution de la situation au Sénégal et condamne les violences survenues dans plusieurs villes du pays qui ont entrainé des morts, des blessés et des destructions de biens", indique un communiqué de la commission.

La commission de la CEDEAO appelle "toutes les parties à la retenue et au calme", invitant "les autorités à prendre les mesures nécessaires pour apaiser les tensions et garantir les libertés de manifester pacifiquement, conformément aux lois en vigueur" dans le pays.

Vendredi dernier, l’opposant au pouvoir sénégalais, Ousmane Sonko, a été remis en garde à vue sous la surveillance des gendarmes après sa présentation à un juge, malgré les troubles qui secouent le pays depuis son arrestation.

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Un manifestant tient une pierre lors de manifestations après l'arrestation de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, visé par une plainte pour viol, à Dakar le 3 mars 2021

Cette garde à vue, commencée mercredi, doit s'achever dimanche et M. Sonko être présenté à nouveau au juge lundi, ont dit ses conseils sans pouvoir préciser ce qu'il adviendrait de lui entre dimanche et lundi.

L'arrestation de M. Sonko, troisième de la présidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a déclenché des affrontements entre jeunes et forces de police, des saccages et des pillages de magasins, en particulier sous enseigne française, dans la capitale et différentes villes du pays pourtant réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l'Ouest.

Cette arrestation a non seulement provoqué la colère de ses partisans, mais aussi, disent de nombreux Sénégalais, porté à son comble l'exaspération accumulée dans ce pays pauvre face à la dureté de la vie depuis au moins un an et la pandémie de Covid-19.

M. Sonko a été arrêté officiellement pour trouble à l'ordre public, alors qu'il se rendait en cortège au tribunal où il était convoqué pour répondre à des accusations de viol.

Il est donc visé par au moins deux procédures. Il a été présenté au juge vendredi dans celle pour viols présumés et est ressorti sans être inculpé, mais avec un nouveau rendez-vous lundi, ont dit ses avocats. Il a été replacé en garde à vue dans la procédure pour trouble à l'ordre public, ont-ils ajouté.

En fait, M. Sonko fait l'objet d'une "tentative de liquidation aux fins d'élimination d'un adversaire politique", a dit Me Abdoulaye Tall.

M. Sonko, 46 ans, est visé depuis début février par une plainte pour viols et menaces de mort déposée contre lui par une employée d'un salon de beauté dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.

Perturbations d'Internet

Personnalité au profil antisystème et au discours impétueux, le député réfute ces accusations. Il crie au complot ourdi par le président Macky Sall pour l'écarter de la prochaine présidentielle.

Le président a démenti fin février, mais gardé le silence depuis sur l'affaire, alors que les incidents se sont poursuivis dans la nuit en banlieue de Dakar et ailleurs, et reprenaient vendredi.

Un collectif a appelé à manifester à travers le pays en faveur de M. Sonko.

Un important dispositif de police a été mis en place autour du palais de justice dans le quartier du Plateau, centre névralgique du pouvoir. A quelques centaines de mètres, les abords de la présidence ont été bouclés par des barrières derrière lesquels ont été positionnés des blindés.

Les manifestations ont fait au moins un mort jeudi dans le sud du pays. Plusieurs autres décès ont été rapportés, sans être confirmés formellement.

Jeudi soir, des manifestants ont attaqué les locaux du quotidien gouvernemental le Soleil et de la radio RFM, appartenant au groupe de presse privé du chanteur et ancien ministre Youssou Ndour, jugés proches du pouvoir. 

Les locaux de plusieurs enseignes françaises, dont Auchan, ont été attaqués depuis mercredi. Les écoles françaises dans le pays ont fermé. L'agence d'Air France dans le centre avait tiré le rideau.

Le gouvernement a prévenu qu'il prendrait "toutes les dispositions nécessaires au maintien de l'ordre public". 

Dès jeudi soir, les autorités ont annoncé suspendre le signal de deux télévisions privées coupables selon elles d'avoir diffusé "en boucle" des images de violence.

Les réseaux sociaux ont rapporté des perturbations sur internet.

Les autorités ont interdit la circulation des deux-roues à moteur jusqu'à samedi soir.

La fédération nationale de football a annoncé suspendre toutes les compétitions "jusqu'à nouvel ordre" en raison de "l'indisponibilité plus que probable" des forces de sécurité.

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