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Trump et Harris en débat, deux stratégies aux antipodes
Figure 1La vice-présidente américaine et candidate démocrate à l'élection présidentielle Kamala Harris (à gauche) et son mari Doug Emhoff,, sur la base de la Garde nationale aérienne de Pennsylvanie, le 8 septembre 2024. (Photo par Mandel NGAN / AFP)
L'une est une ancienne procureure, connue pour sa fermeté, l'autre un célèbre tribun, friand des invectives: Kamala Harris et Donald Trump, qui vont s'affronter mardi lors d'un débat extrêmement attendu, sont deux orateurs aux styles diamétralement opposés.
L'ancien président républicain et la vice-présidente américaine se rencontreront pour la toute première fois à l'entame de leur confrontation prévue à 21H00 locales, sur la chaîne ABC.
Donald Trump aura l'expérience pour lui. Le tempétueux septuagénaire, ancien présentateur de téléréalité, participe à son septième débat télévisé et a marqué les Américains par certaines de ses prestations passées.
A commencer par sa célèbre pique, adressée à Hillary Clinton en 2016, lors de laquelle il avait affirmé que la démocrate méritait d'être "en prison".
Son débat le plus mémorable est toutefois bien son dernier, contre Joe Biden en juin: il avait précipité le retrait du président démocrate.
Comment Donald Trump se comportera-t-il face à une toute nouvelle adversaire, qu'il qualifie à tort et à travers de "marxiste" et de "communiste" ?
L'ancien magnat de l'immobilier a laissé très peu d'éléments filtrer sur sa stratégie.
"Je vais la laisser parler", a-t-il simplement déclaré lors d'une rencontre avec des électeurs début septembre. Avant d'ajouter: "Vous pouvez avoir toutes les stratégies que vous voulez, mais vous devez toujours vous adapter à ce qu'il y a en face."
L'ancien président, qui se flatte de ne pas avoir besoin de préparation particulière, a reconnu: "J'ai des réunions à ce sujet, nous en parlons, mais il n'y a pas grand-chose à faire."
Harris face à Biden en 2019
En face sur scène mardi, Kamala Harris qui, d'une certaine manière, se trouve où elle est aujourd'hui grâce à un débat.
Nous sommes le 27 juin 2019, les candidats à la primaire démocrate, dont Kamala Harris et Joe Biden, se mesurent les uns aux autres.
Un échange retient l'attention.
La sénatrice de Californie reproche à l'ancien vice-président de Barack Obama son opposition passée à une politique de déségrégation raciale qui consistait à transporter en bus certains enfants vers des écoles éloignées, et dont elle avait bénéficié.
"La petite fille (dans le bus), c'était moi", avait-elle lancé. Joe Biden, réduit au silence, lui avait lancé un regard presque admiratif.
Cette sortie remarquée n'avait pas sauvé une campagne ratée, interrompue avant même le premier scrutin des primaires.
Mais elle avait braqué au moins momentanément les projecteurs sur Kamala Harris, que Joe Biden avait ensuite invitée sur son "ticket".
Le 21 juillet dernier, lorsqu'il a quitté la course à la Maison Blanche, c'est à la vice-présidente, première femme et première personne noire et d'origine asiatique à ce poste, qu'il a passé le relais.
Kamala Harris s'est illustrée lors d'un autre débat, entre les colistiers de Joe Biden et de Donald Trump, le 7 octobre 2020.
Elle avait remis à sa place son adversaire, le vice-président Mike Pence, avec une calme autorité. "Monsieur le vice-président, je suis en train de parler", avait-elle déclaré, à deux reprises.
"Méchante"
Donald Trump a jugé récemment qu'elle s'était conduite à cette occasion de manière "horrible" avec son ancien bras droit - avec lequel il est pourtant en conflit ouvert, et que ses partisans avaient appelé à "pendre" pendant l'assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Kamala Harris est "méchante", a encore dit le candidat républicain, en référence non pas à un débat, mais à une audition au Congrès, en 2018.
Alors sénatrice, elle avait bousculé Brett Kavanaugh, nominé par Donald Trump à la Cour suprême.
Leurs échanges avaient été très médiatisés, et ils ont été repris dans un montage vidéo diffusé lors de la récente convention d'investiture démocrate, sous les rires et les applaudissements.
Les partisans de la vice-présidente préfèrent oublier d'autres prestations moins reluisantes de leur favorite, qui a aussi tendance à se lancer parfois dans des phrases complètement absconses.
En 2019, Kamala Harris était restée interdite face à des attaques d'une autre prétendante à l'investiture démocrate, Tulsi Gabbard, sur son bilan de magistrate.
Selon la presse, cette même Tulsi Gabbard, passée dans l'autre camp, conseillerait désormais Donald Trump pour leur confrontation si attendue mardi. (AFP)