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Ukraine: Moscou étudie ''attentivement'' les initiatives africaines, dit Poutine
Le président russe Vladimir Poutine assistant à la session plénière du deuxième sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, le 27 juillet 2023. (Photo de Pavel BEDNYAKOV / POOL / AFP)
La Russie examine "attentivement" les propositions africaines pour trouver une issue au conflit armé en Ukraine, a affirmé vendredi le président russe, Vladimir Poutine, lors de la session plénière du deuxième Sommet Russie-Afrique organisé à Saint-Pétersbourg.
"Prenons par exemple l'initiative d'une série d'Etats africains pour régler la crise ukrainienne. C'est un problème grave, nous ne pouvons pas ne pas l'étudier", a déclaré M. Poutine devant plusieurs hauts responsables africains.
"Cela signifie beaucoup, car avant, les missions de médiation étaient monopolisées par des pays ayant soi-disant une démocratie avancée. Maintenant l'Afrique est aussi prête à aider à résoudre des problèmes semblant hors de sa zone d'intérêt prioritaire", a-t-il ajouté.
"Nous considérons avec respect vos initiatives et les étudions attentivement", a poursuivi M. Poutine.
Le sommet Russie-Afrique intervient plus d'une semaine après l'expiration de l'accord céréalier qui permettait l'exportation des grains ukrainiens via la mer Noire malgré le conflit avec la Russie, suscitant l'inquiétude des pays africains.
Mi-juin, une délégation africaine s'était rendue en Ukraine, puis en Russie, pour proposer sa médiation dans le conflit en Ukraine, sans toutefois parvenir à des résultats immédiats.
L'Ukraine avait alors rejeté l'offre africaine, estimant qu'elle gèlerait le conflit sans assurer un départ des troupes russes. Le Kremlin avait lui jugé que le plan africain était "très difficile à mettre en œuvre", tout en assurant que M. Poutine avait "manifesté son intérêt pour l'examiner".
Les propositions de paix africaines prévoyaient notamment une "désescalade des deux côtés", la "reconnaissance de la souveraineté" des pays telle que reconnue par l'ONU et des "garanties de sécurité" pour toutes les parties.
Poutine promet des céréales gratuites à six pays
Vladimir Poutine avait promis jeudi, au premier jour d'un sommet Russie-Afriqu, de livrer gratuitement des céréales à six pays africains, sur fond d'inquiétudes après la fin de l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes.
Le Kremlin soumis à des opérations d’isolement de la part de l’alliance occidentale peut toujours compter sur le soutien, ou la neutralité, de nombreux pays dont ceux africains et ce sommet est vu comme un test diplomatique et politique pour Moscou.
Le président russe a assuré, dans son discours d'ouverture, que Moscou pourra "dans les mois qui viennent" livrer gratuitement jusqu'à 50.000 tonnes de céréales à six pays: le Zimbabwe, la Somalie et l'Erythrée et trois pays s'étant rapprochés de Moscou ces dernières années: le Mali, la Centrafrique et le Burkina Faso.
"Notre pays peut remplacer les céréales ukrainiennes sur le plan commercial mais aussi sur celui (des livraisons humanitaires) à titre gracieux", a-t-il déclaré, en affirmant que la Russie était un producteur "solide et responsable".
Moscou a refusé de prolonger l'accord céréalier qui permettait à l'Ukraine d'exporter ses produits agricoles via la mer Noire, un texte qui contribuait à stabiliser les prix alimentaires et à écarter les risques de pénurie.
Dans son discours, Vladimir Poutine a expliqué sa décision en affirmant que les pays occidentaux faisaient "obstacle" aux livraisons d'engrais et de céréales russes.
Une porte-parole de l'armée ukrainienne, Natalia Goumeniouk, a elle accusé Moscou de vouloir "le monopole des céréales" au moment où Kiev manque de défense antiaérienne pour contrer les frappes russes sur ses infrastructures portuaires.
Des délégations de 49 pays africains sur les 54 que compte le continent -- dont 17 chefs d'Etat – se sont rendus à Saint-Pétersbourg malgré "la pression sans précédent", selon Moscou, des Occidentaux pour dissuader les Africains d'y assister.
"Redéfinir les relations"
Ces derniers jours, la Russie a tenté de rassurer sur le sujet, assurant être prête à exporter ses céréales "sans frais" vers les pays dans le besoin.
Pour Moscou et ses partenaires, "il est nécessaire de trouver des terrains d'entente, de s'expliquer (...) sur des questions d'actualité, par exemple sur l'accord céréalier", a souligné Vsevolod Sviridov, expert du Centre d'études africaines de la Haute école d'économie de Moscou.
De façon générale, "le cadre dans lequel la Russie et l'Afrique interagissent a profondément changé", observe-t-il: "Donc, évidemment, il faut redéfinir (ces) relations".
M. Poutine s'est entretenu mercredi avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, puis avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, vantant leurs projets communs dans le domaine de l'énergie.
Jeudi, il a offert un hélicoptère au président du Zimbabwe Emmerson Mnangagwa, présent au sommet. "Cet oiseau sera bientôt dans nos cieux", a indiqué le porte-parole du gouvernement, Nick Mangwana.
Ces dernières années, la Russie a cherché à renforcer ses liens avec l'Afrique, notamment via la présence du groupe paramilitaire Wagner dont la rébellion avortée fin juin laisse planer un doute sur le futur de ses opérations sur le continent.
Signe de cet intérêt, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a déjà effectué deux tournées sur le continent depuis le début de l'année, s'efforçant de l'attirer dans le camp de Moscou, dressé en rempart contre l'"impérialisme" et le "néocolonialisme" occidental. (Quid avec AFP)