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La Réponse du RNI au PPS
Nabil Ben Abdellah et Aziz Akhannouch, devant le siège du RNI en septembre 2021, juste avant que le premier apprenne du second qu’il ne sera pas du gouvernement
Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a pris note de votre lettre ouverte et ses membres ont jugé bon d’interagir, par souci d’éclairer l’opinion publique et en partant de leur conviction en tant que parti sérieux et responsable, avec cette missive, en dépit de ce qu’elle renferme d’aberrations, d’interprétations superflues, de raccourcis et de conclusions à tout le moins irresponsables, irréfléchies quant à ses visées et ses dimensions et inconscientes des dangers qu’elle comporte.
Conscients de notre responsabilité constitutionnelle et politique en tant que parti qui dirige la majorité gouvernementale et parlementaire, et compte tenu du fait que la lettre n’a pas été adressée au Chef du gouvernement par les canaux constitutionnels -(ses auteurs ayant choisi de s’adresser à une institution constitutionnelle avec une qualité partisane et un vocabulaire politique qui interroge nos engagements en tant que parti)-, nous considérons que la réaction à cette missive devrait se faire sur un plan partisan dans le cadre du respect mutuel entre les partis politiques.
Nous rejetons et nous condamnons le style et les expressions utilisés dans cette lettre, comme «le désintérêt» et «l’irresponsabilité» qui, malheureusement, rabaissent le niveau du discours politique devant normalement caractériser des partis politiques sérieux, et renseignent sur un comportement très en déphasage avec les attentes du citoyen marocain et la nature des rapports qui devraient exister entre les partis qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition.
Il est incompréhensible qu’un parti recoure à ce genre de plaidoyer «hérésie» au moment où la Constitution fournit à tous les partis des possibilités constitutionnelles et institutionnelles leur permettant de contribuer aux missions de contrôle, de législation et d’évaluation des politiques publiques de l’intérieur des institutions constitutionnelles dédiées. En plus, le président du parti a exprimé à maintes reprises l’ouverture de la majorité et du gouvernement à tout le spectre politique, de la majorité comme de l’opposition, et s’est même réuni avec les partis d’opposition. Il est clair que votre respectable parti, n’ayant pas voulu alourdir davantage ses obligations politiques dans le cadre des institutions et via les canaux constitutionnels dédiés, a préféré vider l’opposition responsable de sa substance et surfer sur les vagues artificielles pour envoyer un message bourré d’une charge électorale et de penchants électoralistes, loin des principes constitutionnels et des usages politiques.
Si notre parti est ouvert à l’option participative comme méthode constitutionnelle dans l’élaboration des politiques publiques, il serait illusoire de croire que le RNI, qui en la personne de son honorable président mène le gouvernement, se plierait aux agissements suspects qui cherchent à lui dicter ce qu’il doit faire et ce qu’il doit éviter. Pas plus qu’il n’accepterait des leçons de la part de ceux-là mêmes qui assumaient une responsabilité dans la gestion de secteurs vitaux dans les domaines de l’eau, de la santé, de l’emploi, de l’habitat et de la politique de la ville.
C’est aussi l’occasion pour le RNI de rappeler que la légitimité constitutionnelle et politique du gouvernement n’est pas un don, mais un acquis dument remporté par le parti à la faveur des résultats sortis des urnes lors du scrutin du 8 septembre 2021, et conforté par la majorité parlementaire homogène, sur la base du programme gouvernemental qui constitue une des sources fondamentales définissant les priorités, les engagements et les politiques et les décisions publiques.
Les Marocains ayant massivement choisi leurs représentants aux postes de responsabilité, le RNI ne cesse de se rappeler cette confiance dont il a été entourée et qui s’est confortée et confirmée lors des élections partielles qui se sont déroulées dans nombre de provinces et de communes du Royaume. Le parti, qui n’a pas renié et ne reniera jamais cette responsabilité, est préoccupé au quotidien, de l’intérieur de la majorité gouvernementale, par le souci de répondre aux engagements contenus dans le programme gouvernemental, le pacte qui lie le gouvernement aux citoyens marocains et qui sera le document de référence sur la base duquel la majorité rendra des comptes, via les urnes, à la fin de son mandat. Les grands chantiers que vous considérez comme secondaires, vous qui prétendez à plusieurs reprises placer le projet de l’Etat social au cœur de votre doctrine, sont une priorité du gouvernement actuel qui s’engage à les mettre en œuvre par fidélité à sa responsabilité politique. Le chantier de la protection sociale, les chantiers de réforme de la santé, de l’éducation et de l’investissement pour la création des opportunités d’emploi sont les priorités des Marocains. Les électeurs ont voté à une écrasante majorité pour nous parce qu’ils sont convaincus de nos programmes et nous ne saurons les laisser tomber pour faire plaisir à une partie politique qui porte une vision différente de celles des orientations du programme ayant obtenu la confiance des Marocains.
Le RNI considère que s’il est admissible d’interroger et de demander au gouvernement davantage de décisions sociales, pourvu que l’interrogation soit de bonne intention, ce serait une injustice flagrante que certains nient en bloc ce que le gouvernement a accompli depuis son installation il y a un an et demi, conformément aux orientations de Sa Majesté le Roi et en réponse aux attentes des Marocains et des aspirations du Nouveau modèle de développement, particulièrement dans les chantiers sociaux. Le contexte exceptionnel et difficile que traverse notre pays n’a pas poussé le gouvernement à se dérober de ses engagements constitutionnels et des engagements électoraux de ses composantes. Bien au contraire, il a honoré ses engagements, tout en restant constamment réactif aux exigences de la conjoncture avec des mesures déterminées qui ont été saluées par la communauté internationale. Aussi a-t-il réussi à maintenir la dynamique d’investissement et à se concentrer sur la création des opportunités d’emploi, sans oublier les équilibres budgétaires et l’impératif d’alléger progressivement le déficit monétaire qui, lui aussi, est un legs de la gestion des gouvernements précédents.
Le gouvernement, dont la majorité est menée par le RNI, ne s’est jamais barricadé derrière un quelconque prétexte, mais il a été franc et clair avec les Marocains, partant de sa conviction que la sincérité et la franchise sont une obligation morale. C’est pourquoi il a constamment tenu à expliquer la nature de la conjoncture économique mondiale et nationale et les raisons à l’origine des fluctuations économiques sur le marché mondial, le Marocain étant en droit d’accéder à toutes les données et il est de notre devoir de les partager avec lui. Par conséquent, vous qui connaissez pertinemment bien la difficulté de la conjoncture, la guerre russo-ukrainienne, les répercussions de la pandémie et les impacts des changements climatiques ne sauraient être des faux-fuyants pour ne pas assumer sa responsabilité. Ces facteurs constituent bel et bien une réalité tangible que vit notre pays à l’instar du monde entier et qui a causé des effets multiples, secoué les économies mondiales, des pays les plus avancées comme celles des pays en voie de développement, et engendré la hausse des taux d’inflation partout dans le monde. Toutes ces questions reviennent dans la communication hebdomadaire du gouvernement et font l’objet d’échange et de débat au sein des commissions parlementaires. Mais votre lettre, qui évoque ces questions comme si vous venez de les découvrir pour la première fois, nous pousse à vous interroger : Suiviez réellement les conclusions et les travaux du gouvernement et ses positions au sein des commissions parlementaires ?
Ce que certains feignent d’oublier ou tentent de masquer est que ce gouvernement a confirmé, par les mesures initiées, qu’il était plus «social» que d’autres et qu’il incarne à raison le référentiel de la démocratie sociale dont se prévaut le RNI comme une doctrine et une voie. En effet, le gouvernement a alloué des budgets énormes au soutien du pouvoir d’achat, œuvré pour l’institutionnalisation du dialogue social et la régularisation de dossiers sociaux restés en suspens depuis des années. Il a augmenté le taux d’imposition sur les grandes sociétés pour atteindre 35% pour les sociétés réalisant des bénéfices nets de plus de 100 millions de DH et de 40% pour les établissements de crédit et les compagnies d’assurance. En contrepartie, il a allégé la charge fiscale pour les salariés et les retraités, ainsi que pour les PME à travers l’application graduelle d’un taux unifié de 20% pour les sociétés.
Le gouvernement ne s’est pas contenté de clarifier et d’expliquer, mais il n’a cessé d’annoncer des mesures et des programmes et de prendre des décisions sur la base des données disponibles. Si ce n’était l’intervention du gouvernement qui a débloqué 60 milliards de DH d’allocations exceptionnelles en 2022 pour le soutien des produits de base, du prix de l’eau, des frais de transport et du remboursement du crédit sur la TVA pour les PME, le taux d’inflation serait aujourd’hui de 11%, comme c’est le cas dans nombre de pays en développement, au lieu de 6,6% que le Maroc a enregistré en 2022.
Le gouvernement actuel, contrairement à ses prédécesseurs, a réussi à institutionnaliser le dialogue social, qui a abouti tout au long de ses rounds grâce à la confiance mutuelle entre les différents partenaires, nous permettant tous de réaliser au profit de la classe ouvrière des acquis restés prisonniers des tiroirs des gouvernements des années durant. Nous nous sommes ainsi convenus d’un nouveau statut unifié des enseignants qui répond à une série de doléances du corps enseignant, dont l’amélioration de leurs conditions socioéconomiques, conformément aux engagements stipulés dans le programme gouvernemental et en application des conclusions issues du dialogue sectoriel avec les partenaires sociaux. Nous sommes aussi parvenus, avec les cadres de la santé et les enseignants universitaires, à des accords permettant d’augmenter leurs salaires et d’améliorer leurs conditions de travail. Au plan national, le SMIG a connu une hausse de 10% dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des professions libérales, contre une augmentation de 15% du SMAG dans le secteur agricole, une hausse de 5% pour les pensions du secteur privé avec effet rétroactif depuis 2020, et l’allègement de la charge fiscale pour les salaires et les pensions de retraite. Autant de mesures visant essentiellement l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages marocains.
C’est aussi l’occasion de rappeler quelques données et indicateurs chiffrés, puisque des statistiques du HCP ont révélé que le taux de chômage a enregistré une baisse de 12,3% en 2021 à 11,8% en 2022. Malgré une conjoncture difficile, les activités non-agricoles ont créé 188 mille postes d’emploi net en 2022, soit près de la moyenne des 191 mille postes d’emploi net enregistrés au cours de la période 2015/2019. En attendant le rétablissement de l’économie nationale des crises successives, le gouvernement s’est également employé à mettre en place des programmes novateurs et innovants pour améliorer l’employabilité, renforcer les chances d’insertion professionnelle et encourager l’initiative individuelle, comme «Awrach» et «Forsa» que vous n’avez cessé de critiquer, mais qui ont réalisé un résultat positif au cours de la première année de leur lancement et continuent d’attirer un bon nombre de citoyennes et de citoyens.
Le gouvernement s’est de même employé à accélérer la mise en place du Registre social unifié et du Registre national de la population et à réduire de deux années le délai de son exécution, en vue d’un ciblage efficace des bénéficiaires des différents programmes d’appui social, conformément à l’agenda royal ayant fixé pour fin 2023 le délai de la généralisation des allocations familiales et en application du volet relatif au soutien direct prévu dans le programme gouvernemental. Ce nouveau registre est basé sur des critères objectifs, loin de toute politisation ou d’exploitation partisane, comme le voulaient certains, ceux-là mêmes auxquels vous apportiez un soutien inconditionnel.
Le parti réaffirme que le gouvernement est déterminé à poursuivre ses efforts avec un esprit positif et un optimisme sans faille et s’engage à assumer sa responsabilité constitutionnelle et morale à trouver les solutions urgentes et efficaces pour juguler les chocs des prix causés par des contraintes internationales et nationales. Il s’agit de mobiliser des ressources financières supplémentaires pour protéger le pouvoir d’achat des citoyens (produits alimentaires, électricité, eau et transport), et de veiller à lutter contre toutes les formes de spéculation et de monopole, gérer le dossier de l’export avec raison, sagesse et patriotisme, sévir contre toutes formes de manipulation des prix des produits de grande consommation et à organiser et à coordonner les opérations de contrôle pour la protection des consommateurs.
Le RNI avertit que toute insinuation prétendant que le gouvernement se désintéresse de la vie des citoyens n’est que flagrante supercherie émanant de parties politiques que les Marocains ont punies pour le bilan de leur gestion de secteurs sensibles et qui n’ont pas réussi à convaincre les électeurs à leur donner une nouvelle chance pour revenir aux commandes. Par conséquent, elles font peu de cas aujourd’hui de l’intérêt général et de la stabilité sociale, puisqu’elles s’intéressent plus à déverser leurs crises organisationnelles et leurs échecs électoraux à travers des réactions convulsives qui pèchent par manque de sagesse, de retenue et de respect aux institutions.
S’agissant de ce que vous avez considéré comme un «prétexte fallacieux du legs des gouvernements précédents», vous êtes les mieux au fait de ce legs, puisque votre parti honorable a participé à la gestion d’un nombre de secteurs stratégiques au cours de la période précédente. Vous n’êtes pas sans connaître l’ampleur des grandes problématiques auxquelles notre pays est confronté, particulièrement dans les secteurs de la santé et de l’eau où vous avez ouvert des chantiers avec des budgets importants et qui n’ont jamais abouti pour de multiples raisons que vous êtes les mieux placés à connaître, et dont l’explication aux citoyens requiert de vous beaucoup de courage politique. Il est de notre devoir, en tant que parti politique, de nous adresser aux Marocains avec le langage de vérité qu’on a pris l’habitude de leur tenir, et de leur expliquer la situation dont nous avons héritée. A fortiori lorsque l’ampleur du legs négatif dont nous avons hérité dans nombre de secteurs explique les raisons de plusieurs problématiques structurelles, à l’instar de celle de la gestion des effets structurels de la sécheresse et de la parcimonie des pluies. Si ce n’était le grand retard dans l’exécution de nombre de projets hydrauliques structurants, tels que définis dans des politiques hydrauliques publiques que vous vous êtes en vain engagés à accomplir, nous nous ne serions pas aujourd’hui confrontés au spectre de la sécheresse et de la soif dans des zones agricoles capables de contribuer à l’approvisionnement du marché national en produits agricoles à des prix convenables.
Par respect à l’orientation royale de ne pas verser dans un débat politique en lien avec la question de l’eau, nous préférons ne pas abonder dans moult détails en lien avec votre gestion de ce secteur pendant des années, alors que nous nous efforçons, dans une course contre la montre, à rattraper le retard accusé dans les projets de désalinisation de l’eau de mer et de transfert des eaux du Nord au Sud, avec la succession de trois années consécutives de sécheresse, l’année dernière étant la plus sèche depuis 40 ans dans notre pays. Nous restons disposés à rappeler le bilan très positif des ministres RNI dans les secteurs dont ils avaient la charge dans les deux derniers gouvernements. Notre rappel du legs hérité de la gestion des gouvernements précédents est pour nous l’illustration parfaite du discours de la vérité que nous sommes appelés à tenir aux citoyens. Hormis cela, tout le reste n’est qu’interprétation qui ne nous engage en rien, dès lors qu’il ne s’agit pas de se dérober ou de faire endosser la responsabilité à autrui, mais plutôt de livrer un diagnostic précis de la situation.
Le parti considère que le contexte difficile que nous vivons avec les périls et les manœuvres visent notre pays ne prêtent guère à perdre de temps dans des guéguerres polémiques ou des batailles politiciennes et électoralistes comme certains tendent à le faire. Malheureusement, certains partis qui semblent avoir perdu leur capital électoral et leur crédit politique ont commencé à faire des échauffements médiatiques pour pousser vers la crise, en vue de marchander politiquement des situations sociales qu’ils savent, mieux que quiconque, qu’elles dépassent souvent la volonté du gouvernement.
Le parti fait remarquer que l’opposition est une mission constitutionnelle, responsable et patriotique et non pas un moyen de règlement de comptes personnels avec des visées politiciennes étriquées, et en appelle par conséquent à certaines composantes de l’opposition à mettre à jour leurs thématiques, car il ne fait plus recette de tenir un discours personnalisé qui va jusqu’à la diabolisation de l’adversaire. Ces angles d’attaque n’ont plus d’effet sur le plan politique, car si c’était le cas leurs auteurs n’en seraient pas revenus bredouilles le long de toutes les échéances électorales.
Le RNI sait, de par le contact de ses bases avec les citoyens, que malgré les campagnes d’intox et de désinformation, les Marocains sont très conscients du contexte difficile que traversent notre pays et le monde entier, et demeurent optimistes quant aux énormes efforts déployés par le gouvernement en matière de consécration des bases de l’Etat social, pour solder les pertes et surmonter les échecs causés par les politiques publiques injustes de ceux qui viennent aujourd’hui donner des leçons au gouvernement.
En conclusion, ce genre de sorties convulsives ne feront que conforter la confiance de notre parti et de nos partenaires dans la majorité que nous sommes sur la bonne voie pour continuer à mettre en œuvre nos engagements avec les Marocains et à nous en tenir au discours de la franchise et au langage de la vérité. Nous souhaitons la bienvenue à l’ensemble des forces vives et des partis nationaux sérieux qui voudraient contribuer avec nous à poursuivre l’édification du Maroc du progrès et de la dignité, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste.
Le Bureau politique du RNI