7 octobre ! Que retiendra l’histoire ? - Abdelahad Idrissi Kaitouni 

5437685854_d630fceaff_b-

Une fenêtre sur un effondré. Camp de Bureij pour les réfugiés palestiniens dans le centre de la bandee Gaza, le 9 octobre 2024. (Photo Eyad BABA / AFP)

1
Partager :

L’Histoire finira bien un jour, à moyen ou long terme, par nous dire si le 7 octobre n’était qu’un pénible et regrettable anniversaire, ou ce fut le point de départ d’une belle rédemption. On finira peut-être par admettre que c’était un acte suicidaire aux conséquences innommables, ou au contraire un geste de résistance aux allures d’une épopée inégalable. 

Allons-nous finir par comprendre que c’est le jour qui marquera la sortie des Musulmans de l‘Histoire, ou celui qui marquera plutôt le début de la fin de l’hégémonie de l’Occident sur le monde.

Un monde sans Musulmans

Oui, les dés sont jetés, et cette fois-ci ils ne sont pas pipés. On en a pour preuve la violence inouïe des réactions occidentales. Sur le plan militaire l’usage excessif et immodéré de la force répond à la volonté, bien affichée aujourd’hui d’éradiquer l’Islam. Il est encore plus inquiétant de voir avec quelle détermination les médias cultivent la haine extrême pour préparer le monde à la fin programmée de l’Islam. 

Est-ce que le 7 octobre serait le point de départ d’un monde sans les Musulmans ? Au vu des rapports de forces, on est tenté de répondre par l’affirmative. Cependant les attitudes des uns et des autres semblent faire fi de ces rapports de forces, et se déterminent uniquement en fonction des rapports qu’ils entretiennent avec les protagonistes du conflit.

Dans leurs rapports avec les protagonistes, les Marocains sont complètement désemparés. En ce qui me concerne personnellement, j’abhorre le Hamas. Je rejette ses préconisations religieuses et l’usage qu’il fait d’une religion qu’il a complètement dévoyée. Je ne pardonne pas non plus l’appui apporté à nos ennemis qui nous disputent notre Sahara. Je n’accepte pas aussi qu’il bafoue notre amazighité qui est une composante fondamentale de notre identité. Pour toutes ces raisons je vois difficilement comment le Hamas peut trouver grâce aux yeux des Marocains.

Mais les blessures que le Hamas a voulu nous infliger en attaquant notre religion, notre intégrité territoriale et notre identité, sont et resteront totalement inopérantes car le Maroc a une identité forte et pleinement accomplie et que rien ne peut ébranler.

Alors les petits « pets » du Hamas sont d’une telle insignifiance qu’ils ne sauraient dévier notre pays de ses choix. 

L’émergence d’un sionisme marocain

À partir de ce constat, comment expliquer que certains esprits chagrins, croyant devoir punir le Hamas, ont basculé corps et âmes dans le giron du sionisme ? De ce fait, réalisent-ils qu’ils abandonnent tout sens de justice, d’équité ? Plus grave, en soutenant ouvertement ou par un silence complaisant le génocide de tout un peuple, ne renoncent-ils pas à la dernière parcelle d’humanité qui les rattache à notre genre ? 

Imperceptiblement on assiste dans la société marocaine aux prémices d’un schisme dont on ne mesure pas encore toutes les conséquences. L’émergence d’un véritable mouvement sioniste marocain conduira à des développements qui ne laissent augurer rien de bon. 

Les sionistes marocains sont de plus en plus nombreux, mais ils n’occupent pas encore ouvertement l’espace public, soit par lâcheté, soit par calcul. Mais on peut cependant les suivre sur les réseaux sociaux où ils ne manquent pas une occasion pour fustiger le plus banal des mouvements d’humeur des Musulmans.

Alors que l’Amazighité est le fondamental de notre culture et constitue le patrimoine propre à tous les Marocains sans exclusive, certains n’hésitent pas à l’instrumentaliser pour l’opposer à l’Islam, coupable à leurs yeux de ne pas s’exprimer en langue amazigh. Ils rejoignent ainsi la mouvance sioniste mondiale qui fait de l’éradication de l’Islam son but ultime. Oui, c’est l’Islam qui est la cible principale, et l’Arabe se retrouve dans la cible du fait qu’elle est la langue d’expression du Coran et qu’il en été le vecteur. 

La fragilisation des Musulmans un peu partout dans le monde, et qui s’aggrave avec le génocide de Gaza et la dévastation du Liban, a enhardi les sionistes marocains qui sont montés au créneau pour distiller leur fiel contre le Hamas tout en cherchant à absoudre Israël de toutes ses exactions. 

Ils tentent désespérément de faire passer la victime pour le bourreau aux yeux des Marocains. Mais ces derniers, bien qu’ils se soient insurgés contre les propos irresponsables des leaders du Hamas, refuseront toujours de qualifier cette organisation de terroriste. 

Les brutalités attribuées aux combattants du Hamas, restent infiniment moins féroces que les innombrables actes de sauvagerie qu’Israël a infligés aux Palestiniens tout au long de ces trois quarts de siècle. Les médias ont été chauffés à blanc par la propagande sioniste pour présenter avec luxe-détail les prétendues massacres de civils israéliens. La déferlante médiatique vise trois objectifs : d’abord faire passer les Israéliens pour des victimes, alors que c’est eux les bourreaux qui ont réussi à surclasser le nazisme dans tous les compartiments de l’horreur, ensuite justifier a posteriori les opérations de tueries et dévastations menées à intervalles réguliers contre des populations désarmées, enfin préparer le monde à se résigner à accepter le génocide en cours. 

La semence du doute

Les devins de la sphère facebookienne, appartenant essentiellement à la mouvance sioniste marocaine, sont convaincus, au vu de la situation sur le terrain, que l’issue ne serait que fatale pour les Musulmans ! S’en réjouissent-ils d’avance ? Ils ont peut-être quelques raisons de le faire quand on connaît la fragilisation avancée de certaines sociétés du Proche-Orient. Avec tous les coups de boutoir assénés à ces pays pendant des décennies, leur capacité à résister est gravement compromise. 

Au Maroc les choses sont complètement différentes. Nonobstant quelques écrits dans les réseaux sociaux qui laissent transparaître leur joie, les sionistes marocains ne se risquent pas encore dans l’espace public. Ont-ils compris que leur combat contre l’Islam n’est pas chose aisée au Maroc ? Et pour cause : l’Islam est la composante fondamentale de l’identité marocaine. 

Sans sous-estimer la toxicité du sionisme et sa capacité de nuisance, les sionistes marocains arriveront probablement à semer le doute dans l’esprit de quelques-uns. 

Faire douter le Marocain de son identité peut-être, mais l’en déposséder jamais !

L’identité marocaine est bien trop forte pour fragiliser le pays en s’y attaquant. Il ne restera alors au sionisme que le plan B : nous faire la guerre, un domaine où d’ailleurs il excelle car il ne se repaît qu’en semant la mort. Même si les vers sont déjà dans le fruit, l’issue des guerres que le sionisme serait amené à nous livrer est des plus incertaine. 

Et cela demandera du temps, beaucoup de temps. Dans l’intervalle le monde aura cessé de vivre sous le diktat insensé et inhumain de l’Occident.

On aura totalement oublié le Hamas, mais le 7 octobre restera à tout jamais comme le jour incarnant la résilience de l’humanité !

Abdelahad Idrissi Kaitouni 

Bouznika le 7 octobre 2024