Abdalilah Benkirane se vautre dans la fange

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Aziz Akhannouch et Abdalilah Benkirane au temps où leurs relations étaient de’’ miel et de beurre rance’’. Il faut croire de le costume-cravate va mieux à Benkirane que la gandoura. Le costume a l’avantage de le détendre et devrait le porter un peu plus souvent

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La dernière intervention vidéo de Abdalilah Benkirane, l’ex-chef de gouvernement, avant les élections législatives est catastrophique.

L’ancien chef de gouvernent PJD a dépassé toutes les bornes.

Dans une intervention de près de 30 minutes postée sur son compte Facebook, il a fait de Aziz Akhannouch, le patron du RNI, qui a semble-t-il quelques chances de devenir chef de gouvernement, son obsession personnelle et quasi paranoïaque.

Il fait douter de sa fortune. Il fait douter de son histoire personnelle. De sa légitimité. De son parti politique. Il fait douter de son action en tant que qu’entrepreneur. Il fait douter de sa moralité. Il fait douter de son bilan de ministre. Rien n’échappe à la langue vipérine et acide de l’ancien patron du PJD.

Le niveau est tellement bas que l’on se pose des questions sérieuses sur, d’abord, l’état mental de l’intéressé et, ensuite, la motivation principale de cette diatribe virulente.

Le verbe est haut comme le veut la vulgate populiste. Le ton est menaçant. Et le discours est cataclysmique comme celui des faux prophètes.

En clair, si Akhannouch devient chef de gouvernement s’en est fini du Maroc, de son peuple et de sa monarchie. Il n’est pas crédible. Il ne peut imposer des réformes. Il ne peut faire face à la rue. Il va détruire la paix sociale. Il n’a pas l’idéologie nécessaire pour contrôler les masses. Il ne peut pas mobiliser les foules par son verbe. Il va mettre en danger la monarchie. Et le PJD, la formation islamiste épuisée par 10 ans de gouvernement, va être obligée, à un moment, de sortir pour sauver le pays comme elle l’a fait en 2011 face au Printemps arabe.

Au passage Abdalilah Benkirane qui se fout littéralement de l’opinion publique et méprise de manière haineuse les journalistes qu’ils rabaissent — ceux-là mêmes qui l’ont fait hier — dresse le profil type du chef gouvernement idéal susceptible de sauver les institutions de ce pays. C’est le portrait-robot de Abdalilah Benkirane. Tout ça, pour ça !

Si Abdellah Benkirane voulait faire une offre de service au pouvoir en faisant reluire son étoile ternie devait-il vraiment passer par ce discours populiste de bas étage ? La réponse est non.

Le pire ennemi de Benkirane est Benkirane lui-même. L’excès en tout. Voilà un homme, ex-chef de gouvernement de son état, qui n’a pas démérité du pays, qui a fait son temps avec le bilan que tout le monde sait. Il jouit de sa retraite légitime, paisiblement, et dans le confort en portant fièrement une gandoura immaculée. Mais qu’a-t-il à vouloir jouer au matamore avec une vulgarité insondable. Pourquoi sort-il de sa retraite respectable, à 48 heures du scrutin, pour faire une offre de service si minable et si, à la limite, indécente.

Le chantage de Benkirane au pouvoir, parfois directement à la monarchie, est devenu insupportable. Entre le moi ou le chaos ou le moi ou le déluge, il dérape complètement. De quoi a-t-il sauvé le pays ? Des Marocains ? De quoi la monarchie lui est redevable ? Pourquoi dit-il toujours que sans lui nous aurions eu le destin de la Tunisie, de l’Egypte ou de la Lybie ? Est-il vraiment sérieux ? Le croit-il vraiment, hâbleur qu’il est ? Ce disque rayé est devenu assourdissant. Ce que nous savons, par contre, c’est qu’il a, par opportunisme absolu, utilisé, lui et ses amis, le printemps arabe pour se tailler une place au soleil. Mais l’heure du bilan approche et il y a comme un vent de panique qui souffle. La plupart des leaders du PJD, actuellement en campagne, se font houspiller par les citoyens.

Si, par ailleurs, cette sortie de Abdalilah Benkirane est une manière d’anticiper les négociations avec un futur chef de gouvernement, la méthode n’est pas digne. Il peut aider à aménager une place pour ses amis dans un gouvernement ou une future majorité sans tomber dans l’outrance et les menaces. Il peut aussi indiquer d’une autre manière, plus marocaine, donc plus éduquée, pour reprendre ses propres mots, qu’ils ne souhaitent pas, lui et ses amis, être jetés dans les fosses d’une opposition incertaine après tous les supposés services rendus. On peut, également, le comprendre.

Mais se vautrer dans la fange d’un discours qui n’a rien de politique mais dont la substance est fondamentalement diffamatoire cela n’est pas acceptable. Abdalilah Benkirane devrait présenter ses excuses à tous pour ses insanités, c’est le moins qu’il puisse faire aujourd’hui !