APRES L’UKRAINE, LA FINLANDE ? - Par Gabriel Banon

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L’OTAN, qui cherche, depuis l’implosion de l’URSS, une justification à sa survie, est en train de mener l’Europe à une guerre que personne ne veut, hormis les faucons du Pentagone, experts des guerres perdues en terres lointaines.

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Emanuel Macron aurait fait de son déplacement à Moscou un succès, si le message de Vladimir Poutine que le Président français avait apporté de ses entretiens avec le Président russe, avait été pris au sérieux par les Occidentaux, en particulier par Washington. Un engagement clair et ferme que l’OTAN ne s’installera pas en Ukraine, aurait évité la guerre que subit aujourd’hui Kiev. Ne parlons pas des sanctions, il y a longtemps que Poutine s’est organisé pour cette éventualité.

 Washington, Bruxelles et les responsables de l’OTAN, vont-ils refaire la même erreur d’ignorer les objectifs sécuritaires du Kremlin en Finlande ? Cette ignorance voulue de la part des Occidentaux désigne la Finlande comme la prochaine crise.

 En effet, la Finlande partage une longue frontière terrestre avec la Russie.  Cette situation géographique l’a amené à toujours investir dans sa défense. Récemment, elle a modernisé sa flotte aérienne vieillissante en acquérant 64 chasseurs F35. Elle « peut mobiliser 280 000 réservistes entraînés, ce qu'aucun autre pays d'Europe ne peut faire » aux dires de son ministre des Affaires étrangères Erkki Tuomioja. 

  Aujourd’hui, la guerre en Ukraine a rendu nerveux le gouvernement finnois, nervosité qui s’étend à sa voisine la Suède. Cette dernière a accéléré ses préparatifs militaires et envoyé des soldats et du matériel militaire lourd sur Gotland, la plus grande de ses îles en mer Baltique, laquelle occupe une position stratégique à environ 330 kilomètres de Kaliningrad, le quartier général de la flotte russe. 

 Les Américains poussent l’OTAN, son bras armé en Europe, à « investir » les pays scandinaves comme la Suède et la Finlande. C’est ainsi que le 24 janvier dernier, à l'occasion d'une réunion au sujet de la situation sécuritaire en Europe, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a invité les représentants de la Suède et de la Finlande à rejoindre l'OTAN. Chaque pays a le droit de choisir ses propres alliances militaires a-t-il souligné.

 La mobilisation russe aux frontières de l'Ukraine et son envahissement, les ultimatums très fermes à l'OTAN de Poutine pour que l'alliance stoppe sa progression et réduise son engagement sur le flanc oriental, ne semblent pas amener Washington à modifier son plan de « containment » de la Russie par une présence de l’OTAN à ses frontières. 

Après la crise avec Kiev, nous risquons d’avoir une crise avec la Finlande. La Russie a expliqué sur un ton ferme à la Finlande et à la Suède - qui ne sont pas membres de l'OTAN mais entretiennent des liens étroits avec l'organisation Atlantique – que la moindre de leurs tentatives de rejoindre l'alliance « obligerait la Russie à une réponse adaptée et aurait de graves conséquences militaires et politiques ». Déjà la Suède se plaint que de gros drones de type militaire aient survolé à de multiples reprises ses centrales nucléaires et électriques, les châteaux de la famille royale et diverses zones militaires.  Säpo, les services de sécurité suédois, voit en ces vols de drones, une « recherche illégale d'informations secrètes ». En 2019, un passage en revue de ses carences en matière de défense a fait comprendre à la Suède qu'elle serait incapable de repousser la moindre offensive russe. Aussi Stockholm a décidé d'augmenter progressivement le budget des armées. 

Le lieutenant-général Michael Claesson, chef des opérations conjointes de l'armée suédoise, aurait déclaré à Reuters que l'armée avait récemment noté un renforcement des capacités offensives étrangères aux frontières de la Suède. « ... Les navires de débarquement russes sont un exemple de cette capacité offensive », selon Claesson. « Ils ont traversé le détroit de la Grande Ceinture (Storebæltsbroen) et ont continué en mer Baltique. »

 

Le 24 janvier dernier, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, avec son invitation aux deux pays scandinaves de rejoindre l’OTAN, a souligné que chaque pays a le droit de choisir ses propres alliances militaires : « La porte de l'OTAN reste ouverte. L'OTAN coopère étroitement avec la Finlande et la Suède, mais nous respectons pleinement la force et l'indépendance de vos politiques de sécurité. La Finlande et la Suède sont seules en mesure de décider pour elles-mêmes. Pas la Russie. Personne d'autre. Les nations souveraines ont le droit à l'autodétermination. »

La Finlande a clairement fait savoir qu'elle n'avait aucun tabou concernant l'adhésion à l'OTAN. Le président finlandais Sauli Niinisto a déclaré, récemment que : « la marge de manœuvre et la liberté de choix de la Finlande passent aussi par une adhésion éventuelle à l'OTAN et un possible alignement militaire, mais ce sera à nous de le décider ».

La Suède et la Finlande se sont alignées sur la volonté américaine à percevoir la Russie comme un danger militaire majeur en Europe du Nord. Mêmes les services de renseignement danois, dans leur dernière évaluation, ont conclu que la Russie représente la principale menace à la sécurité du Danemark. Il est vrai que le Danemark, contrairement à la Suède et à la Finlande, est membre de l'OTAN.

Rien ne peut être exclu. Toute cette affaire peut déboucher sur l'invasion d'un des plus grands pays d'Europe. L’OTAN, qui cherche, depuis l’implosion de l’URSS, une justification à sa survie, est en train de mener l’Europe à une guerre que personne ne veut, hormis les faucons du Pentagone, experts des guerres perdues en terres lointaines.