chroniques
Ce qu’est le Maroc*
La monarchie marocaine, clé de voûte de ce système. La Constitution lui confère un rôle d’arbitrage et d’équilibre tout en marquant une séparation des pouvoirs nette.
La position géostratégique du Maroc en fait un pays clé. Toute expression géopolitique régionale doit prendre acte de ce fait géographique. Le Maroc, ce sont deux façades sur la mer : atlantique et méditerranéenne. Une porte d’entrée pour l’Europe. Et un corridor incontournable pour accéder à l’Afrique de l’Ouest. L’hostilité de ses voisins se fonde essentiellement sur ces données têtues.
Un massif montagneux atlasique tempère le climat selon des saisons distinctives et nourrit une activité fluviale exceptionnelle. Des plaines nourricières, pour la plupart adossées au littoral, travaillées par des paysans courageux et dévoués, stimulés par une politique nationale ambitieuse, offrent une production alimentaire à nulle autre pareille dans la région.
Le système urbain lui-même s’articule sur des formations urbaines impériales qui donnent une densité citadine historique à toute l’armature. Des villes nouvelles en nombre viennent soulager l’ensemble avec intelligence et une offre de services qui s’améliore de jour en jour. Le tout animé par un réseau de conseils élus, donnant vie à une démocratie locale indéniable et perfectible, et un maillage d’agents d’autorité, de plus en plus jeunes — donc conscients des enjeux sociaux et du sens du service public —, et de plus en plus experts en développement durable.
Cet ensemble national, dynamique et vivant, est soutenu par de grands équipements structurants qui impriment un rythme de développement effréné à l’ensemble. Un réseau aéroportuaire impressionnant, des clusters maritimes exceptionnels autour de ports leaders en Afrique et en Méditerranée, un déploiement autoroutier qui donnent du sens, et une accessibilité notable, à toutes les grandes infrastructures du pays.
Le positionnement du Maroc dans les métiers de l’avenir : l’automobile et son écosystème, l’aéronautique, l’offshoring, l’électronique, l’industrie pharmaceutique, etc. a permis au pays d’élargir sa palette d’activités industrielles génératrices d’emploi et de soutenir des activités plus traditionnelles, et toujours pourvoyeuses de devises, comme le tourisme, les phosphates ou les transferts des MRE.
Le système de protection sociale lui-même tend actuellement, grâce à une décision royale très forte, vers l’universalité. Un revenu minimum de dignité est en construction, plus une prise en charge médicale de toutes les catégories de la population quel que soit leur statut d’actif ou d’inactif. La culture dominante du pays est pacifique, tolérante et respectueuse des différences. De nombreux affluents l’irriguent. Qu’il soit amazigh, arabe, africain, hassani ou juif, l’unité de la culture marocaine se nourrit avantageusement de tous ces affluents sans exception. Cela donne un bloc socioculturel vivant et créatif, dont les racines plongent dans un substratum d’Islam du juste milieu sunnite de rite malékite.
La monarchie marocaine est la clé de voûte de ce système. La Constitution lui confère un rôle d’arbitrage et d’équilibre tout en marquant une séparation des pouvoirs nette. Il reste que l’expression politique de cette monarchie bénéficie d’une légitimité historique dense et exceptionnelle qui fait que le peuple est en phase directement, en résonance et en interaction, avec elle sans forcément passer par une intermédiation.
La stabilité du régime marocain se mesure exclusivement à cette aune. Et celui qui n’a pas compris cela, comme, notamment, le président algérien, A. Tebboune, ne comprendra jamais rien de sa vie.
*Bab Magazine n°35