''Cinéma, mon amour !'' de Driss Chouika: CE TERRIBLE MANQUE DE RATIONALITE QUI SAIGNE NOTRE PAYS DEPUIS DES LUSTRES !

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« Cinéma, mon amour ! » de Driss Chouika: CE TERRIBLE MANQUE DE RATIONALITE QUI SAIGNE NOTRE PAYS DEPUIS DES LUSTRES !

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Cinéma, mon amour ! de Driss Chouika - QUEL STATUT POUR LA CINEMATHEQUE  NATIONALE ?

« Je suis né en bonne santé dans les bras d'une civilisation mourante‚ et tout au long de mon existence‚ j'ai eu le sentiment de survivre sans mérite ni culpabilité‚ quand tant de choses‚ autour de moi‚ tombaient en ruine ; comme ces personnages de film qui traversent des rues où tous les murs s'écroulent‚ et qui sortent pourtant indemnes‚ en secouant la poussière de leurs habits‚ tandis que derrière eux la ville entière n'est plus qu'un amoncellement de gravats ».

(Amin Maalouf « Le naufrage des civilisations »).

Nous avons créé le Festival International Cinéma et Littérature de Safi en 2018. Ladite création a été justifiée par le fait que « Le cinéma et la littérature sont deux modes d’expression certainement différents, mais bien complémentaires, ou du moins complices. Ainsi, faire rencontrer/confronter des auteurs d’œuvres littéraires (romans, nouvelles, poèmes…) à des auteurs d’œuvres cinématographiques qui en sont tirées, est certainement un moment d’échange privilégié, très productif et générateur d’idées constructives, capable de contribuer à l’évolution enrichissante de ces deux modes d’expression », avait affirmé le premier document de cette création.

Tous les partenaires préssentis avaient trouvé l’idée bien originale et porteuse d’atouts majeurs de réussite. Et effectivement, la première édition, organisée du 25 au 31 octobre 2019 a été une belle réussite. Tous les partenaires étaient satisfaits de l’organisation professionnelle et le parterre de choix des participants nationaux (48) et étrangers (20), ainsi que l’intérêt de la trentaine de films projetés, les débats et les conférences/débats organisés. Malheureusement, la terrible pandémie du Covid 19 a amené les fâcheuses conséquences que tout le monde sait. Bref, après plusieurs reports durant plus de deux ans, et suite à un premier soutien accordé par la Commission de Soutien aux Festivals du CCM, le comité d’organisation avait décidé de lancer la préparation de la deuxième édition. Malheureusement, les partenaires de la ville n’ont pas suivi, y compris le principal et le plus performant de la ville, surtout dans le domaine des activités culturelles et qui dispose de moyens de soutien logistique importants. Les autres partenaires n’en parlons pas, ils ont tous brillé par leur absence ! Ce qui veut bien dire que la Culture est toujours le Parent Pauvre dans notre pays, donc le plus besoin d’aide !

Ainsi, nous avons été obligés de chercher une ville plus accueillante. Et après avoir trouvé de nouveaux partenaires potentiels plus disposés et plus accueillants, nous avons décidé de délocaliser le festival à Kénitra où il n’y plus de festivals de cinéma. 

MANQUE TOTAL DE RATIONALITE

Le problème s’est compliqué quand nous avons avisé la Commission de Soutien aux Festivals, lors de sa dernière session, du fait de la délocalisation de notre festival. La décision de cette commission de diminuer l’aide accordée initialement, au lieu de l’augmenter en compensation de la défection de notre partenaire principal, est tombée comme un couperet. Les Dieux de ce festival nous sont tombés sur la tête ! Pourtant, tout paraissait bien encourageant lors de la rencontre.

Finalement, en y réfléchissant de près, cela parait normal. Cela fait bien partie de notre mentalité faite de ce mélange séculaire d’irrationalité et de manque d’objectivité. C’est un comportement érigé, ou presque, en système de gestion. Comment comprendre alors la décision d’une commission composée de gestionnaires, d’intellectuels, d’hommes et femmes de culture et d’art, puisse agir d’une manière aussi peu argumentée ? 

En effet, cela impose des interrogations encombrantes :

En prenant l’exemple de trois festivals internationaux aux thématiques originales et avérées, sur quels arguments peut-on logiquement se baser pour leur accorder des soutiens aussi différents : 1.500.000 dhs à l’un, 1.155.000 dhs au 2ème et sulement 206.250 dhs à l‘autre ? (Remarquez bien la “précision“ des 250 dhs donnés en complément du soutien !). Les experts en la matière sont priés de venir à notre aide pour éclairer notre lanterne.

Sur quels arguments pouvons-nous nous baser pour accorder une aide publique à 54 festivals, dont une bonne partie sont nominativement présentés comme “internationaux“, organisés dans des villes qui ne disposent d’aucune infrastructure cinématographique, ni salles de cinéma, ni lieux de rencontres, ni lieux d’accueils ! De quel cinéma peut-il s’agir alors, autant en termes logistiques que culturels ?

Tout festival se compose, humainement parlant, de deux ensembles bien complémentaires : les participants (professionnels, critiques, intellectuels...) et le public (cinéphiles et divers intéressés par le cinéma). Or, nous savons tous que même dans les grandes villes, le public manque de plus en plus cruellement aux salles de cinéma. Comment trouver alors un public dans les villes où les habitants, jusqu’à l’àge de 18/20 ans n’ont jamais mis les pieds dans une salle de cinéma et ne savent pas ce à quoi elle ressemble ?!

Malgré cela, gardons espoir - “Un monde sans espoir est irrespirable“ a dit André Malraux – de voir notre pays évoluer vers un état d’esprit et une culture d’ouverture, de rationalité et d’objectivité.

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