Environnement
COP22, une chance pour l'Afrique
On ne peut pas demander aux Africains d’abdiquer toute ambition au nom de la survie de la planète
A Marrakech, l’objectif ne sera pas de réitérer des principes, mais de décliner des engagements précis, de mettre en place des procédures contraignantes. L’Afrique, dans ce contexte, doit être un acteur important. Tout simplement parce que c’est le Continent qui subit le plus les conséquences du réchauffement climatique, alors qu’il produit le moins de gaz carbone. Cette situation a un coût humain. L’OCDE chiffre le nombre de décès en Afrique, dus à la pollution de l’air en Afrique, à 450.000 sur une décennie. Mais les plus graves, ce sont les impacts prévus à moyen terme. Ils sont catastrophiques. De nouvelles périodes de sécheresse sont prévues, initiant des migrations forcées de près de 50 Millions de personnes, ce qui ne peut que créer des situations d’instabilité dans un Continent, qui se bat justement pour assurer la stabilité, condition de tout développement. L’Afrique a des impératifs économiques, sa population est la plus jeune de la planète. La création d’emplois est le premier critère de bonne gouvernance. L’énergie est donc au centre des préoccupations, puisqu’elle est la clé de tout développement. Mais le coût de ce choix, souvent forcé, est à terme suicidaire.
Il y a dix ans, les gros pollueurs, l’Union Européenne, les USA, la Chine et l’Inde, ont proposé de racheter les droits à polluer de l’Afrique. Proposition humiliante parce qu’elle condamne tout un Continent au sous-développement, et le maintient dans une situation d’assisté en permanence. Heureusement, les pays africains ont fait d’autres choix. Les pays non producteurs de pétrole se sont engagés sur la voie des énergies renouvelables. Le développement durable, l’écologie, sont des concepts prégnants dans les politiques publiques de nombreux pays que ce soit en Afrique du Nord, en Afrique de l’Est, ou en Afrique de l’Ouest.
Lors de la COP 22, l’Afrique a une carte à jouer. La question du financement est posée depuis le sommet de Copenhague. A Paris, elle a reçu des réponses de principe. Il ne s’agit ni de charité, ni d’aide, mais d’une compensation. Le Continent subissait les conséquences des économies développées et d’une assurance pour l’avenir, car on ne peut demander aux Africains d’abdiquer toute ambition de développement, d’amélioration de conditions de vie des populations, au nom de la survie de la planète. Le changement climatique a un coût, l’économie verte aussi et les ressources financières de l’Afrique, sont réduites.
La COP 22 est une chance pour les pays africains. Ils pourront poser à la face du monde cette difficulté. Les modèles de développement non-polluants, nécessitent des investissements très lourds, même s’ils sont à terme, plus rentables. Les gros pollueurs doivent s’engager sur des chiffres, des procédures, un projet.
La COP 22, c’est aussi une chance pour l’Afrique, parce qu’elle peut s’inscrire rapidement dans des processus vertueux, en densifiant les rapports Sud-Sud, en échangeant les expériences, en rationalisant les dépenses, les efforts, par une coopération plus importante, cela peut commencer par un accord des délégations africaines pour parler d’une même voix à Marrakech.