Droits Humains : L’heure de l’embellie

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Maroc n’étant jamais aussi fort à l’extérieure que quand intérieurement il est apaisé et homogène, l’épanouissement de l’expression démocratique ne peut que conforter son soft power.

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Trois considérations fondamentales font de la réconciliation, de l’approfondissement de l’orientation démocratique et d’une embellie en matière des droits de l’homme, une nécessité pressante pour le Maroc.  

La première est que le Maroc a produit au cours des dernières années une politique extérieure nouvelle fondée sur la négociation à partir de positions fortifiées. Sur fond de pénétration en Afrique, il a pu ainsi faire face à une forte tension dans ses relations avec la France et en sortir sans dégâts. Aujourd’hui il est confronté à la gestion de ses rapports avec l’Espagne dans le cadre d’une équation délicate qui recèle plusieurs enjeux. 

La deuxième considération se rapporte au dossier du Sahara qui négocie un tournant décisif suite à la reconnaissance américaine de sa souveraineté sur ses provinces. De ce fait, le Maroc affronte actuellement des défis sans précédents avec l’Algérie. En témoignent les déclarations et les diatribes sans retenue dans la presse algérienne, l’officielle comme l’officieuse, ainsi que les prises de position belliqueuses des généraux algériens.

Complétement déboussolé, Alger n’a plus de tête que pour les manœuvres susceptibles de troubler la politique marocaine et l’empêcher d’atteindre ses objectifs. Eperdument lancé dans cette péripétie, il mobilise des lobbys auprès de membres du congrès pour pousser l’Administration Biden à renier la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara et n’a pas hésité à engager son propre parlement dans ces vaines tentatives.  

L’arrivée des démocrates à la Maison Blanche constitue la troisième de ces considérations. Dès son entré en fonction, le nouveau secrétaire d’Etat américain a décliné les fondamentaux de la politique étrangère de la nouvelle administration pour se réapproprier le leadership mondial des Etats Unis. A la tête de ces fondamentaux, Antony Blinken a placé la démocratie et les droits humains. 

Il n’y a certainement pas de réponse globale à ces trois fronts si ce n’est la consolidation du front intérieur pour immuniser le Maroc contre toute velléité d’exploitation de ses divergences internes ou d’utilisation des indicateurs de la régression démocratique contre ses intérêts nationaux. 

Certes, les décideurs espagnols sont entre deux feux : D’une part le besoin d’entente avec le Royaume pour soutenir dans leurs enjeux économiques et sécuritaires qui s’exacerberaient s’ils empruntaient la voie de la tension avec le Maroc. D’autre part, les pressions qu’exercent sur eux des lobbys disséminés dans la société politique et civile que n’arrange pas la neutralité, même relative, de Madrid dans l’affaire du Sahara. 

Sans doute aussi que sur la façade Ets du Maroc, l’Algérie fait face à une situation autrement plus critique.  Non seulement elle pressent que sa diplomatie a beaucoup perdu de son punch et n’est plus en mesure de coller au tempo que lui impose avec beaucoup d’habileté et d’intelligence son homologue marocaine,  mais sa triple crise interne – économique, politique et sécuritaire – l’empêche de réfléchir sereinement aux moyens de contrecarrer le Maroc. 

En dépit de ce contexte qui peut paraitre avantageux, il ne faut pas sous évaluer les capacités de nuisance de l’Algérie et de l’Espagne, ni par ailleurs trop se fier aux relations avec la nouvelle administration américaine. Le Maroc, qui a eu à se confronter plus d’une fois aux politiques des démocrates, ne peut trouver meilleur manière de neutraliser leur aile gauche que d’anticiper leurs éventuelles demandes en matière de démocratie et des droits humains. 

Au moment où des Etats autoritaristes ou semi-autoritaristes essayent de s’adapter à la politique des démocrates en annonçant des mesures proactive dans ces deux domaines, le Maroc, qui a une longueur d’avance , ne peut constituer l’exception et demeurer en reste. 

Aussi est-il temps de sortir de l’hésitation est de trancher la question du quotient électoral dans le sens du renforcement de de ce que l’opération électorale a de constitutif de la démocratie dont elle est l’outil. 

Le moment est venu également de programmer des mesures audacieuses traduisant un saut qualitatif dans l’exercice de la démocratie. Il s’agit particulièrement de l’intégration des Marocains du Monde dans le processus politique et de la modification des textes régressifs en vue de leur substituer des lois qui cimentent le lien des électeurs avec les partis et leurs programmes et dissolvent les relations notabilaires et tribales qui lestent tant la démocratie. 

Enfin, une embellie dans le domaine des Droits humains serait d’une grande signification dans cette dynamique vertueuse. Une grâce royale magnanime et globale au profit des détenus de la contestation au Rif et des journalistes condamnés ne pourrait qu’être bénéfique à l’équilibre entre son parcours intérieur et ses réalisations à l’international. L’expérience ayant montré que le Maroc n’est jamais aussi fort à l’extérieure que quand intérieurement il est apaisé et homogène, l’épanouissement de l’expression démocratique ne peut que conforter son soft power.   

 

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