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EN MARS, A DAKHLA : UN SOMMET POUR ''L'ESPRIT DU NEGUEV'' - Par Mustapha SEHIMI
Photo archives - Six ministres des Affaires étrangères, dont quatre arabes aux côtés de leur homologue américain et israélien, s'étaient retrouvés à Néguev en mars 2022
Le prochain sommet du "Forum du Néguev" se prépare. Le comité directeur de ce mécanisme s'est ainsi réuni, à Abou Dhabi, hier et doit poursuivre ses travaux durant deux jours. Six délégations des pays membres sont présentes (Etats-Unis, Israël, Egypte, Bahreïn, Emirats arabes unis et Maroc). Le niveau de représentation n'est pas ministériel mais avec des responsables des administrations des départements des participants.
Cette réunion est la troisième du comité directeur, après celle tenue à Bahreïn en juillet puis, via zoom, en octobre. Six groupes de travail créés voici six mois couvrent respectivement les domaines suivants : sécurité régionale, éducation et tolérance, eau et sécurité alimentaire- coprésidé par le Maroc et Israël-tourisme et énergie.
Une nouvelle alliance régionale
Le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a annoncé le lundi 2 janvier que le futur hôte du Sommet du Néguev est le Maroc à Dakhla. Cette information n'a pas été encore commentée ni confirmée officiellement par Rabat. Mais il faut rappeler qu'à l'occasion de la première édition de ce Forum, à la fin mars dernier, en Israël, Nasser Bourita avait déclaré dans sa conférence de presse à ses homologues : "J'espère qu'on se reverra dans un autre désert... "...
Ce sommet du Néguev, à la fin de mars 2022, a été un évènement géopolitique. Six ministres des Affaires étrangères, dont quatre arabes aux côtés de leur homologue américain et israélien, s'étaient alors retrouvés - un moment historique. L'on y a vu une nouvelle alliance régionale avec l'appui de la Maison Blanche grâce à la présence du secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken. Les participants ont ouvertement parlé de la "promotion d'une architecture de sécurité régionale" pour contrer les menaces. Lesquelles ? L'Iran et ses mandataires... Il s'agissait de montrer que la région change de manière spectaculaire ; les six pays partagent les mêmes intérêts et ils veulent œuvrer pour relever les mêmes défis et faire face aux mêmes menaces. L'alliance entre Israël et plusieurs pays arabes ne peut que se renforcer dans une telle réarticulation. Exceptionnelle, cette rencontre israélo-arabe l'a été aussi par son ordre du jour excluant au départ le conflit israélo-palestinien. Mais, paradoxalement pourrait-on dire, le chef de la diplomatie américaine avait affirmé que "les gains aux accords d'Abraham, ne sont pas un substitut à des progrès entre Palestiniens et Israéliens". Il avait d'ailleurs rencontré le lendemain même le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et réaffirmé à cette occasion le soutien des Etats- Unis à la solution de deux Etats.
Dans cette même ligne, il faut rappeler la position du Royaume tant à propos de sa participation à ce sommet du Néguev que sur la question palestinienne. Nasser Bourita avait précisé que " Nous sommes ici dans le Néguev pour être une force œuvrant pour la paix et dire qu'une solution arabo - israélienne est possible, rappelant les déclarations Royales continues sur deux Etats, Israël et 1'Etat Palestinien vivant côte à côte, sur la base des frontières de 1967 avec Al Qods- Est comme capitale". Il avait aussi ajouté que" le dynamisme régional est très important, tout comme la stabilité régionale afin de renforcer le processus de paix au Moyen-Orient".
Maroc: soutien à la Palestine
Cet esprit de départ du sommet du Néguev vient cependant d'être entaché par deux faits liés à la politique intérieure israélienne. Le premier est le nouveau cabinet marqué par le retour de Netanyahu qui s'est vu investi à sa tête, voici une dizaine de jours, le 29 décembre 2022. C'est l'exécutif le plus à droite dans l'histoire de ce pays : il est formé du Likoud (droite), de deux formations ultra-orthodoxes et de trois d'extrême droite. Que peut-on alors attendre d'une telle majorité à propos du processus de paix avec les Palestiniens ? Le second fait regarde l’acte, il y a quelques jours seule- -ment, du nouveau ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, qui a effectué une visite à l'esplanade de la mosquée Al Aqsa. Une provocation : elle n'augure rien d'encourageant et rappelle celle d'Ariel Sharon en 2.000 qui avait conduit à la deuxième intifada... Le Maroc n'a pas manqué de réagir avec indignation : Il a ainsi appelé à "la préservation du statu quo juridique et historique existant dans la ville d'Al Qods et la mosquée Al Aqsa et à limiter les escalades et les actes unilatéraux et provocateurs".
Benyamin Netanyahu s'est empressé de rassurer les pays arabes signataires des Accords d'Abraham quant à son attachement à la politique de normalisation mise en œuvre avec eux. Il restera à apprécier dans les semaines et les mois à venir cette disposition d'esprit. D'un côté, y aura-t-il des avancées dans le processus de paix israélo-palestinien ? D'un autre côté, dans la perspective sommet de Néguev II, prévu dans deux mois, à Dakhla, y aura-t-il une représentation palestinienne ? Ce peut être un signe crédible et positif à cet égard.