Enseignement : la méthode n’est pas la bonne - Par Ahmed Charaï

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25 mai 2021, Palis royal d Fès, le Roi Mohammed VI recevait M. Chakib Benmoussa venu lui présenter le rapport de la Commission spéciale pour le Niveau Modèle de Développement

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Ce que l'on attend des politiques

Monsieur Chakib Benmoussa est un serviteur de l’État chevronné, qui a occupé plusieurs fonctions, souvent avec efficacité. C’est lui qui a dirigé la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement. Durant cette mission, il a fait preuve d’une grande capacité d’écoute, à la fois vis-à-vis des partis politiques, des organisations syndicales, mais aussi de la société civile et de certaines personnalités indépendantes. Ceci a permis à son rapport de synthèse d’avoir de l’épaisseur et surtout d’attirer un large consensus.

Ce rapport désigne clairement l’éducation comme la priorité des priorités. Et justement c’est Monsieur Chakib Benmoussa qui a été nommé à la tête de ce département.

L’une de ses premières décisions a été de fixer un âge limite pour le concours d’accès au métier d’enseignant à 30 ans. Nonobstant la pertinence de cette mesure, voire sa légalité, la méthode n’est pas bonne. Les syndicats sont vent debout, parce que le ministre n’a jamais évoqué cette disposition lors des réunions qu’ils ont eues avec lui. Les menaces de grève s’amoncellent.

Le gouvernement veut montrer sa cohésion en se montrant solidaire du ministre de l’Éducation nationale, qui fait de cet appui un encouragement à l’entêtement. Ce soutien est naturel en démocratie. Mais il faut écouter les partenaires sociaux, dialoguer avec eux, avant de prendre des mesures qui risquent de mettre le feu aux poudres. Le secteur de la santé s’embrase déjà et le pays n’a pas besoin de tensions sociales à répétition.

Nous n’appelons pas à l’inaction de l’exécutif par peur des contestations. Le dialogue social est d’abord un outil de mobilisation, par la voie de la clarification et non pas nécessairement par des reculs de l’exécutif.

Monsieur Benmoussa sait que les différents projets de réforme de l’école ont échoué parce qu’ils n’avaient pas l’adhésion du corps enseignant. Le programme d’urgence, très ambitieux, doté de moyens exceptionnels a fait « plouf » parce que combattu par le corps enseignant. Il faut garder à l’esprit que l’unité de production c’est la classe et que la pièce essentielle c’est l’enseignant.

Le Maroc est face à d’énormes défis à la fois stratégiques, sécuritaires, socio-économiques. La pandémie est toujours aussi prégnante. A-t-on besoin d’une crispation sociale faute de dialogue ? Certes non !

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