Israël : la fin d’une ère ?

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Le nouveau gouvernement à la résidence présidentielle pour la photo de famille le 14 juin 2021

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Prétextant la nécessité d’éviter des élections, une alliance disparate allant du centre gauche à l’extrême droite, avec le soutien de la liste arabe de Mansour, a mis fin à 12 ans de règne de Netanyahu. C’est un événement qui s’inscrit parfaitement dans la politique intérieure d’Israël, où la proportionnelle intégrale impose des alliances inimaginables dans les autres démocraties.

Dans son discours devant la Knesset, Netanyahu a vanté son bilan. Sur le plan économique, c’est un fait. Le chômage a reculé, le niveau de vie a augmenté, le secteur des technologies de pointe s’est développé. Mais les tensions au sein de la société sont très vives.

Sur le plan diplomatique, l’arrivée de Biden met à mal le refus affiché du Likoud de « la terre contre la paix ». C’est d’ailleurs sur ce point que le bilan de Netanyahu est peu reluisant. Il a profité des divisions pour fermer toutes les portes et empêcher toute perspective de négociations. C’est une erreur, parce qu’il vaut mieux négocier en position de force. Mais il n’est pas sûr que l’alliance qui lui succède fasse beaucoup mieux.

D’abord parce qu’elle a la faiblesse de son hétérogénéité. Seule l’envie de se débarrasser de Netanyahu a réuni tous ses membres. Elle aura à faire face au retour des USA dans l’accord nucléaire iranien, considéré comme vital par l’ensemble des Israéliens, et également à la question des implantations de colonies qui divisent droite et gauche, surtout que les différentes communautés à l’intérieur d’Israël ont chacune des revendications sociales, économiques et politiques très particulières.

Cette coalition a aussi une opportunité. Pour la première fois de l’histoire, elle intègre un parti arabe.

Les arabes israéliens ont, eux aussi, des revendications propres, sur la sécurité, l’éducation, l’industrialisation de leurs régions, la propriété de leurs terres. Ils sont surtout l’intermédiaire rêvé pour parler aux Palestiniens, à leurs familles dans les territoires. Si le gouvernement Bennett sait se saisir de cette carte, il pourra ouvrir des perspectives d’apaisement réel.

La situation, globalement, n’est pas d’une stabilité extraordinaire. Rien ne prédit que cette nouvelle majorité tiendra 4 ans. Netanyahu est un expert dans l’art de défaire les coalitions. Sa faiblesse, ce sont les affaires judiciaires. S’il est condamné, sa carrière est finie, sinon il restera l’homme fort du Likoud, qui demeure le premier parti israélien.

Cette instabilité politique, si elle devait se confirmer, poserait un vrai problème régional, mais aussi au niveau méditerranéen. Même si, sur les questions stratégiques et sécuritaires, il y a de vrais consensus à l’intérieur de la société israélienne.

Il est indéniable que la ou les directions palestiniennes devraient nuancer leurs positions, pour s’engouffrer dans les rares brèches qui s’ouvrent, en perspective de petits pas vers la paix. Souhaitons-le !