Le maure est toujours vivant - Par Dr Samir Belahsen

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A la découverte un autre Marx, un Marx dépoussiéré, Apatride, citoyen du monde

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Le visiteur … Par Samir Belahsen

“Le marxisme est l’ensemble des contresens qui ont été faits sur Marx. ”

 Michel Henry 

“ Le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux. ”

Karl Marx

Le capitalisme s’enfonçant de plus en plus dans une crise globale, ses critiques reviennent à l’ordre du jour.

La critique la plus construite et la plus globale était celle de l’auteur du Capital.

Durant les derniers mois,  plusieurs livres qui entreprennent de redécouvrir Marx ont été publiés ou réédités. Certains sont débarrassés des lectures habituelles.

Dans la biographie des deux dernières années de la vie du philosophe allemand décédé le 14 mars 1883, Marcello Musto nous raconte l’homme que Karl Marx fut.

On y apprend que ses proches l’appelaient « le Maure » en raison de son teint bruni.

Marcello Musto est professeur de sociologie et directeur fondateur du Laboratoire des théories alternatives de l'Université York au Canada. 

Pour Musto, il n’est pas besoin d’ assigner à Marx un prénom,  pour l’identifier partout sur la planète terre. Ses œuvres intellectuelles ont tellement bouleversé le monde…  

Dans ses dernières années, objet du livre de Musto, Karl Marx s’intéresse aux découvertes anthropologiques et soutient le mouvement « populiste » en Russie . Il critique l'oppression coloniale en Inde, en Irlande et  en Algérie. On est dans les années 1881-1883. 

C’est là qu’il parle pour la première fois de la possibilité d'une révolution dans les pays non capitalistes et qu’il développe  sa critique du colonialisme européen.

On découvre quasiment un autre Marx, un Marx dépoussiéré, Apatride, citoyen du monde, du moins on en sort avec une perception nouvelle et différente. 

Marx n’a jamais cessé de retravailler, de penser, voire de réorienter ses analyses au point de déclarer qu’il n’était pas marxiste.

Cette perception me parait intéressante pour la gauche et surtout celle des pays du Sud, 140 ans après, qui reste en quête de renouveau dans un environnement pollué par différents populismes avec un nouveau mode de production.   

Marx disait qu’en acquérant de nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et en changeant le mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain; le moulin à vapeur, la société avec le capitalisme industriel. Quid alors de l’intelligence artificielle ? Quels nouveaux rapports sociaux ?

Marx avait même abandonné l’idée que le capitalisme était une étape historique incontournable en travaillant sur les sociétés non occidentales. Il en a déduit la théorie peu connue d’une histoire non linéaire… 

La biographie de Muscot nous invite à explorer à nouveau les  œuvres de  Marx, leur fécondité surprendra toujours. On y découvre que Marx était d’abord un savant travailleur, qu’il était un grand obstiné de la preuve,  un passionné de mathématiques, obsédé par les luttes sociales mais il était intéressé par la physique, l’anthropologie, l’ethnologie, l’économie et l’histoire évidement et par la littérature et l’écologie.

Son œuvre regorge d’outils pour comprendre le capitalisme et appréhender le monde. Mais il n’est ni le repère ni la boussole et encore moins le guide.

Comprendre le capitalisme et ses mécanismes et ouvrir des perspectives de changement radical de la société, c’est déjà une œuvre immense.

La révolte contre les injustices, contre l’oppression, l’exploitation et le colonialisme sous toutes ses formes on ne peut qu’y adhérer. De même, une certaine idée de l’internationalisme est liée aux droits de l’homme. Pas celui de Marx mais un internationalisme quand même.

Le Maure, pour moi, est toujours vivant.