Le Roi, la Chloroquine et l’imposteur

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''Le Roi du Maroc a pris tout le stock (de Chloroquine) pour lui. ''. Vous trouverez cette phrase, que dis-je, cette sentence à l’emporte-pièce, dans l’émission « Face à l’info » du lundi 22 mars, exactement, à la 38 minutes du replay d’une émission qui dure une heure. C’est Pascal Praud qui en est l’auteur. Célèbre et stakhanoviste journaliste du paysage audiovisuel français, Praud anime quotidiennement une émission sur RTL, première radio de France et il, tout aussi quotidiennement, trône désormais sur trois émissions chez CNEW, la chaine info de Canal plus. En effet, depuis lundi, la chaine lui a proposé d’animer l’émission phare, son navire amiral où officie Éric Zemmour, pièce maitresse de Vincent Bolloré. 

Cette phrase faisait allusion à la décision de l’Etat marocain, avisée par ailleurs, de réserver la production de Chloroquine de Sanofi Maroc. Elle devient incongrue lorsque on prétend que le Roi aurait pris le « stock pour lui ». D’autant que le propos allait clôturer un échange, entre 4 journalistes de la chaine, sur la grave question « Comment l’Afrique peut enrayer la crise sanitaire ?». Outre que le sujet eut droit à un laconisme, moins de 5 minutes, qui n’a d’égal que la vacuité des échanges, nous eûmes droit, en guise d’expertise, à des bavardages où la condescendance le disputait à l’ignorance. Nul ne doute que CNEW chercher à se « foxnewsiser », mais n’est pas Rupert Murdoch qui veut.

On sait, par ailleurs, que les chaines d’info sont souvent plus préoccupées du continu que du contenu. Mais là, pardon de le dire, on est dans l’incontinence.

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Pascal Praud et Éric Zemmour :  des bavardages où la condescendance le disputait à l’ignorance

Pascal Praud, qu’on dit agréable dans la vie, est un ancien journaliste sportif. Grand amateur du football, il semble avoir retenu de ce sport quelques techniques. Amoureux des mots, ce qui l’honore, il n’hésite pas à faire usage des dribles sémantiques et de la fiente verbale. Pour marquer le but, il parle cash. Il sait, par avance, que ce qui est recherché, notamment par ses employeurs, c’est le clash qui fait de l’audience. 

Éric Zemmour, lui, est un xénophobe qui s’assume. « Hélas, c’est un écrivain » pour reprendre le mot qu’avait dit Bernard Henry Lévy pour déplorer les dérives de Renaud Camus. Éric Zemmour, qu’on dit tout aussi charmant dans la vie, fait clairement de la métapolitique. Il n’ignore pas qu’il est l’idéologue organique des identitaires et des racistes de tout poil. En leur nom, il mène, en toute impunité, un invariable, itératif et révulsant combat. C’en est à se demander comment un corps aussi frêle peut supporter le poids d’une armure de croisé.

Praud et Zemmour sont la descendance bâtarde d’un pionnier qui s’appelait Michel Polac, Il est leur ancêtre. Lui faisait honneur à l’intelligence, au goût du débat et à l’esprit français, sans pour autant, s’interdire la frivolité et le joyeux bordel. Depuis qu’avec les chaines d’info continu, les émissions s’intitulent « ça se dispute » ou « Punchline », la recherche du dérapage contrôlé est devenue la marque de fabrique de ces médias dont ces deux-là, Zemmour et Praud, sont aujourd’hui les figures les plus  emblématiques. Ils peuvent dire ce qu’ils veulent sur les quartiers, l’Islam, les noirs, les jeunes…de la France, c’est leur problème. Mais quand ils parlent de l’Afrique, il ne faut qu’ils oublient que le salaire qu’ils touchent chez CNEW à une arrière odeur de l’huile de palme.