chroniques
Législatives : Ils ont repris leurs esprits
Dans quarante-huit heures nous aurons les résultats définitifs. C’est probablement un remake. Mais le plus important c’est qu’on aura évité une crise aux risques incalculables et que l’on pourra entamer un combat politique sain
L’hystérisation de la précampagne faisait craindre le pire. Entre les rumeurs sur le refus de l’Etat profond de « revoir Benkirane » et le discours de celui-ci sur son acceptation du martyr, sa référence à Ibn Taymiyya, on pouvait esquisser de sombres scénarios. Finalement, le Maroc est beaucoup plus résilié, plus solide que ne le pensent les concepteurs des deux côtés.
La campagne a prouvé que la société dégage d’autres préoccupations et surtout qu’elle est de moins en moins sensible à la propagande idiote où à l’usage massif d’argent surtout en milieu urbain. En attendant les résultats définitifs, sachons quels sont les indicateurs à prendre en compte :
- Le taux de participation est le plus important, il définit l’adhésion aux institutions. Dans le contexte actuel il peut valider ou non le clivage présupposé qu’on a voulu nous imposer et qui a déjà volé en éclats.
- La différenciation ville – campagne. Peu d’analystes ont mis en exergue que lors des élections communales et régionales du 4 septembre, les villes ont massivement porté les conservateurs aux commandes et que les modernistes ont puisé dans le terroir. C’est important parce que la perception politique n’a de sens que quand elle colle à une réalité sociale.
- Les différences entre le vote national et le vote local. En 2011, le PJD a recueilli 20 000 votes de plus pour les listes nationales par rapport à l’ensemble de ses listes locales. Ce qui veut dire que des citoyens qui ont voté, pour différentes raisons en faveur d’autres partis ont voté nationalement pour lui, c’est un début de vote politique. Nous risquons d’avoir le même phénomène peut-être plus accentué avec la FGD.
- Justement le score de la FGD est intéressant à suivre, cette alliance n’a pas d’appareil, peu de moyens. L’histoire des trois partis la constituant, très honorable, est méconnue. Mais elle suscite, en tout cas en virtuel, un intérêt certain. Cela prouve qu’il y a une demande pour une alternative de gauche, un autre choix que celui qui nous était imposé il y a deux mois. Le score est important parce qu’il révélera l’étendu de ce potentiel.
Dans quarante-huit heures nous aurons les résultats définitifs. C’est probablement un remake. Mais le plus important c’est qu’on aura évité une crise aux risques incalculables et que l’on pourra entamer un combat politique sain, où conservateurs, libéraux et sociaux-démocrates se batteront à armes égales, le peuple étant souverain. C’est l’unique moyen de construire une démocratie. Tous les acteurs de la vie politique doivent le comprendre.