Les 7 voies du PJD

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Abdalilah Benkirane, alors chef du gouvernement, et Mustapha Ramid, ministre de la Justice, à l’Institut Supérieur de la Justice en 2016 : Déjà la légalisation de la culture du cannabis à des fins thérapeutiques était à l’ordre du jour.

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Pourquoi le PJD n’implose-t-il pas ? Voilà une bonne question ! Les raisons de cette implosion probable sont nombreuses. Commençons par les énumérer pour, si possible, voir plus clair dans l’islamisme au pouvoir.

L’histoire du quotient électoral — le calcul des postes de députés à pouvoir se ferait sur la base des inscrits et non plus des voix exprimés — est une vraie couleuvre «clivante» que le parti avalera même si, selon les experts du PJD, le parti y perdrait 30 à 40 députés.

La reprise des relations du Maroc avec Israël, signée par Saad Dine El Otmani lui-même a été, quant à elle, un vrai traumatisme pour un parti islamiste gouvernemental qui a juré tous ses Dieux de ne jamais normaliser avec l’entité sioniste honnie. Et pourtant il a fallu que Abdalilah Benkirane intervienne, de l’extérieur du parti, en qualité de gourou extra-organisationnel, pour calmer les choses et les ardeurs suicidaires de certains.

« Chers frères, nous avalerons aussi ce chapeau, certes énorme, au nom de la raison d’Etat et des intérêts supérieurs de la nation. Mastiquez bien pour éviter l’indigestion, Dieu, et le parti un jour, vous rétribueront pour ces sacrifices organisationnels.» Ce travail d’utilité publique a payé. Un calme fragile est revenu dans les rangs mais les rancœurs, les haines épaisses et les amertumes sont restées. Ça mijote toujours.

La francisation des matières scientifiques dans l’éducation nationale, Abdalilah Benkirane était contre. Elle est passée comme une lettre à la poste. A quoi sert un PJD s’il avale ça aussi. La question de sa capacité de digestion se pose ! Celle de son métabolisme partisan aussi. A-t-il l’estomac assez solide pour tout cela ? Mais l’appétit vient en mangeant.

Maintenant, il y a l’affaire de la légalisation de cannabis qui sème le désordre dans les rangs du PJD. Sortie sabre au clair de Abdalilah Benkirane contre cette hérésie nationale sans avancer aucun argument recevable, ni sur le plan agricole, social ou médical. Le statut quo actuel géré par les mafias qui exploitent des paysans pauvres, souvent sans terre, semblent lui agréer. Etonnant. Pour une fois que nous avons un atout pour sortir une région entière de l’informel criminel vers le formel créateur de richesse, il dit non ! Mais sans doute la loi passera.

Sur ces divergences épaisses pourquoi ce parti n’implose-t-il pas encore ? Il faut reconnaitre qu’il y a matière à au moins deux ou trois scissions légitimes. Qu’est ce qui fait que ça tient encore entre une vraie-fausse démission de Mustapha Ramid malade — que Dieu le guérisse —, et une foucade de Driss Azami Idrissi du Conseil national du PJD en criant un retentissant « Retenez-moi ou je reste » susceptible de renforcer la position de notre « Dibchkhi » national sur l’appareil complexe d’un secrétariat national du parti retors, insolent et réfractaire.

Comme dirait l’autre : « Et pourtant ça tourne ! » Le PJD 2021 c’est l’USFP 2002. Y aller ou pas ? Nos amis socialistes ont trouvé toutes les bonnes raisons du monde pour y aller et pour y rester sous la férule d’un gentilhomme, M. Driss Jettou. Mais le résultat organisationnel fut catastrophique, les derniers castings de ministre l’ont été également. Le parti fut lessivé, à ce jour il ne s’en est pas remis. Trop d’honneurs tuent les honneurs. Trop de ministérialité tue la ministérialité. Trop de garde-à-vous devant une limousine noire flambant neuve créent forcément de l’addiction aux ors de la monarchie. A la fin, c’est loin de tout patriotisme, de toute analyse politique sérieuse, de tout engagement, c’est la devise olympique qui prévaut : « L’essentiel est de participer (au gouvernement). Tout est mieux que la sandale !

Tous les avenirs sont possibles, y compris les plus régressifs, pour le PJD. Il est dans le fameux carrefour casablancais aux sept voies, l’ex-rond-point Albert d’Amade, du nom d’un général colonialiste qui était en charge de la pacification difficile de la Chaouia. Que va-t-il choisir ? La voie de la rédemption, celle de la mortification, celle de la résurrection ou celle de la banalisation ?