Politique
Les non-dits dans l’affaire de I’timad Zahidi
I’Timad Zahidi, démissionnaire du conseil national du PJD et pourfendeuse de parti
Une grande ambigüité entoure l’affaire de I’timad Zahidi et les raisons qui sont derrière l’orchestration de sa sortie médiatique pour critiquer son parti [le PJD NDLR] alors même qu’elle ne l’a pas encore quitté.
Ce qui frappe dans la sortie de celle qui est vice-présidente du conseil communal de Témara c’est qu’elle ne s’est pas limitée à critiquer les organismes territoriaux où elle œuvre ni la gestion de la commune dont elle est vice-présidente, ni même une instance spécifique du parti avec laquelle elle aurait eu un quelconque différent. Mais elle a dirigé son feu sur tout ce qui bouge : Le despotisme du parti et ses orientations, les organismes territoriaux, sans épargner dans son élan le Mouvement Unicité et Réforme sous prétexte qu’il exercerait sur le parti sa tutelle idéologique.
En face, on peut distinguer deux attitudes dans la réaction du parti aux reproches d’I’timad Zahidi.
La première, officielle, retient contre elle pêle-mêle : de ne pas avoir pratiqué la critique au sein du parti ni mené aucune bataille contre sa direction ou une de ses instances, d’observer le silence et de de ne pas s’acquitter de ses cotisations, de s’être contenté de démissionner du conseil national et pas du parti, de ne pas avoir quitté par la même occasion la commune territoriale ou du moins ses responsabilités dans la gestion communale qu’elle critique.
La seconde, officieuse, se décline en plusieurs variantes dont la plus sévère met l’accent sur les contradictions de sa position et le doigt sur le fait que pour préserver ses acquis matériels, elle objecte mais ne se démet pas de ses responsabilités communales, préférant démissionner d’une instance partisane où elle n’a aucun problème.
La compréhension de ces évènements n’est pas loisible à travers les échanges de ces griefs. Dans le meilleur des cas, ils émanent de deux parties, chacune tentant de justifier sa position ou/et sa situation.
L’attitude critique d’I’timad Zahidi, habituée à l’ascension rapide, ne peut pas être absoute de calcules. En dépit d’une adhésion récente au parti, elle a pu occuper des positions avancées grâce aux mécanismes de la proximité et du clientélisme. Par cette grâce et dès sa première législature, elle a été catapultée présidente de la commission de l’amitié maroco-française sans que personne ne s’interroge sur les critères de cette promotion à un poste sensible et sans qu’aucune critique publique de cette décision ne soit formulée au sein du groupe parlementaire du PJD. De là à penser qu’elle court derrière un objectif, il n’y a qu’un pas à franchir…
Pas plus que les critiques de la vice-présidente du Conseil communal de Témara, l’argumentaire que lui oppose officiellement le PJD n’est convaincant. Si I’timad Zahdi n’est pas à jour de ses cotisations depuis une année, la première question qui vient à l’esprit est pourquoi avoir fermé les yeux et attendu précisément aujourd’hui pour en faire état ?
La fragilité de la réaction officielle du parti est telle que même le reproche qui est fait à I. Zahidi de ne pas avoir exercé son droit à la critique dans le cadre du conseil national ne tient pas la route. Cela fait un bail que la direction du parti ne prête plus aucune attention aux voix critiques s’obstinant à gérer la crise du parti à l’aveugle sans s’attarder sur ses raisons. Le cas de Témara, pour ne citer que cet exemple, évoqué par sa vice-présidente, en est la démonstration. A aucun moment la direction du parti ne s’est donnée le temps et les moyens d’assumer sa responsabilité pour en cerner les contours, écouter les protagonistes et se faire une idée précise des divergences qui le minent.
Nombre de frères ont présenté leurs démissions dans cette ville, chacun avait son argumentaire, mais la direction n’a rien fait qui montre sa préoccupation de la cohésion du parti, mais s’en est tenue à l’aphorisme bravache qui veut que c’est le parti qui fait la personne et non l’inverse. Si bien qu’il faut craindre qu’il ne reste ni parti ni personne si la mauvaise gestion actuelle persiste.
Il se peut qu’I’timad Zahidi ait la tentation de quitter le PJD pour rejoindre un autre parti, c’est son droit. Peut-être a-t-elle cru que c’est la bonne méthode de le faire en jetant une bombe dont elle n’a pas mesuré les conséquences sur elle-même et sur le parti. Mais le fait est que son acte ne fait que refléter la crise de gestion par une direction qui ne bouge pas, ne réagit pas, ne répond pas et s’étonne de recevoir sur la tête des bombes aléatoires.