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ONU/SAHARA MAROCAIN : RAPPORT D'ÉTAPE - Par Mustapha SEHIMI
Staffan de Mistura fera à cette occasion un exposé semestriel. Quoi de neuf ? Quelles avancées éventuelles ? Presque rien et Il faut bien faire ce constat : ce dossier est en "stand-by
C'est ce mercredi avril que le Conseil de sécurité tient à huis clos une réunion sur la question du Sahara marocain. Pour ce mois d'avril, la présidence mensuelle tournante est assurée par l'ambassadeur de la Fédération de Russie, Vassily Nebenzia; elle avait fait l'objet de vives critiques dans des pays occidentaux à cause la guerre de son pays avec 1'Ukraine. Pour le Maroc, aucune réaction n'a été enregistrée, Moscou observant depuis des années une abstention - même critique -sur la question nationale.
A l'ordre du jour, un compte rendu de l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Staffan de Mistura, qui fera ainsi à cette occasion un exposé semestriel. Quoi de neuf ? Quelles avancées éventuelles ? Il faut bien faire ce constat : ce dossier est en "stand-by". Plus encore : les recommandations et les pistes proposées dans la précédente résolution 2654 du Conseil de sécurité en date du 27 octobre 2022 sont restées pratiquement lettre morte.
Un dialogue en panne
Le diplomate onusien n'a pas réussi en effet à renouer le dialogue entre les quatre parties. Il était prévu une visite dans la région, mais son agenda n'a pas pu être calé par suite du refus d'Alger de le recevoir. Si bien que son travail s'est limité à New York à des consultations auprès de certaines puissances (Etats Unis, Royaume-Uni, France, Russie), avec l'Espagne aussi et en Allemagne à l'occasion de la Conférence de Munich sur la sécurité, tenue dans la capitale bavaroise à la mi-février dernier. Le représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU au Sahara marocain, le Russe Alexander Ivanko, fera de son côté un exposé sur le respect du cessez-le- feu par les parties, le mouvement séparatiste étant largement mis en cause à cet égard dans le rapport au Secrétaire général de l'ONU en octobre dernier. Le seul élément nouveau aujourd'hui est le premier convoi terrestre vers certains sites de la MINURSO, entre le 5 et le 7 avril courant. Il s'agit en particulier de deux positions, à l'est du mur de sable, à Tifariti et Mehaires. Leur approvisionnement - assuré depuis deux ans et demi par voie aérienne- a pu être assuré "avec le soutien du Front Polisario et du Maroc", comme l'a déclaré Stéphane Dujarric, porte-parole du Secrétaire général de l'ONU. Ces sites vont désormais pouvoir assurer leur mission en redevenant opérationnels. Il faut noter qu'aucun convoi terrestre n'avait été autorisé depuis le 13 novembre 2020, au lendemain des mesures prises par le Maroc pour la normalisation du trafic civil et commercial au poste frontière de Guerguerat avec la Mauritanie.
La proximité de la réunion du Conseil de sécurité ce mois-ci a pesé dans ce sens. Le mouvement séparatiste est dans une position intenable: il a dénoncé le cessez-le feu à cette même date de 2020, institué depuis 1991; il rejette le processus négociatoire consacré par le Conseil de sécurité sur des bases de paramètres ; il s'oppose à la reprise de ce processus, après deux tables rondes réunissant les quatre parties (Maroc, Algérie, Mauritanie et "Polisario") tenues en décembre 2018 et en mars 2019 à Genève; enfin, ses soutiens se réduisent avec la dynamique des nouvelles avancées de la diplomatie marocaine.
Isolement de l'Algérie
La communauté internationale est aujourd'hui largement informée des tenants et aboutissants des termes de référence de la question nationale. La Résolution 2654 a de nouveau consacré les constantes d'une solution politique sur la base du réalisme, du pragmatisme et de la négociation. Le rapport du Secrétaire général et cette résolution insistent tous deux instamment sur le nécessaire engagement de l'Algérie à toutes les étapes du processus de règlement (paragraphe 4). Le texte du Conseil de sécurité s'est également prononcé sur les modalités de relance des négociations en précisant qu'il fallait tenir compte "des progrès accomplis par l'ancien Envoyé personnel et conformément aux précédents pertinents", tout en se félicitant de "l'élan impulsé" par les deux tables rondes. Des ajustements avaient été aussi apportés : l'enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf avec le HCR du fait que 1'Algérie, pays hôte, s'y oppose ; le détournement des aides alimentaires alors que la malnutrition s'aggrave et que le PAM a réduit son aide; la dénonciation des entraves des séparatistes à la mission de la MINURSO.
Que faut-il, dans ces conditions, attendre de cette réunion du Conseil de sécurité ? La réaffirmation des recommandations de la Résolution 2654, bien entendu. Mais encore ? Un soutien plus accentué à Staffan de Mistura pour la relance du processus de règlement. Ce qui ne peut que peser sur Alger dont l'isolement diplomatique enregistre bien des points : la totale marginalisation pour la préparation du sommet arabe à Riyad, alors que le président Tebboune est le président sortant ; l'agrément de la diplomate marocaine, Amina Selmane, comme représentante permanente de 1'UMA auprès de 1'UA et d'autres actes de la même veine...