Un BRICS+ se dessine à Riyad - Par Samir Belahsen

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Arrivée de Xi Jinping à Riyad le 7 décembre 2022

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« Ce n'est qu'au prix d'une ardente patience que nous pourrons conquérir la cité splendide qui donnera la lumière, la justice et la dignité à tous les hommes. Ainsi la poésie n'aura pas chanté en vain. »

Arthur Rimbaud

« Vous êtes trop jeunes, trop naïfs. »

Jiang Zemin

La mort physique de Jiang Zemin, le 30 novembre 2022, ancien secrétaire général du Parti communiste chinois entre 1989 et 2002 et président de la république populaire de Chine entre 1993 et 2003 est passée inaperçue. Cet ancien maire de Shanghai était l’artisan du retour de la Chine sur la scène mondiale et du rétablissement des relations diplomatiques avec les USA. (Son successeur Hu Jintao avait été raccompagné d’une manière théâtrale à la sortie pas les hommes du Xi …)

L’homme était déjà mort politiquement. Il était arrivé au pouvoir au lendemain des manifestations de la   place Tiananmen de Pékin et il a accompagné la transformation de la Chine en une puissance mondiale.

« Nous aimons et nous nous souvenons du camarade Jiang Zemin, parce qu’il a consacré sa vie et son énergie au peuple chinois, luttant pour l’indépendance nationale et conduisant à la prospérité du pays. » a déclaré Xi Jinping avant de se préparer pour son déplacement à Riyad ou il assiste à trois sommets : Le premier Sino-Saoudien, le second Sino-CCG et enfin un sommet Sino-Arabe.

Le sommet sino-arabe qui se réunit à Riyad est, à mon sens, stratégique par son timing dans l’évolution de la dynamique du pouvoir dans le Golfe surtout après l’échec de la visite du Président Biden qui voulait ouvrir un chapitre plus prometteur de l’engagement américain dans la région.

Peu bavard, le ministère chinois des Affaires étrangères s’est limité à passer en revue l’amitié séculaire du pays avec les États arabes, détaillé les différentes réalisations des relations économiques et commerciales et des échanges entre les peuples.  

 Que cherche la Chine ? Que veulent les arabes du CCG ? 

D’abord au niveau CCG on voulait un accord de libre-échange, on y travaille depuis vingt ans, là les conditions sont peut être réunies pour avancer.  

Le pétro-yuan :

Avec l’accord de libre-échange Chine-CCG le volume actuel des échanges, 160 milliards de dollars, pourrait connaître une véritable croissance mais la question stratégique serait de libeller ces échanges en une ou plusieurs monnaies autres que le dollar. Pour les Chinois, le Renminbi devrait être la monnaie de référence pour ses achats de pétrole. Ils achètent plus du quart des exportations de pétrole du royaume Saoudien. 

Techniquement, ce ne serait qu’un début prometteur.

Politiquement, cela signifierait que les normes établies sous domination américaine sont sujets non seulement à des critiques mais aussi à des alternatives et de démarches. Internationaliser le yuan, quitte à en payer le prix, est une opportunité dans l’état actuel des relations entre l’Arabie et les USA. 

BRICS +

L’intention d’ouvrir l’organisation à de nouveaux membres serait un objectif Chinois. Il s’agit pour Pékin de redynamiser les différents cercles d’influence pour engranger le maximum d’alliances. C’est une politique Chinoise déclarée. 

Pour les pays du CCG, la fin proche du pétrole a insufflé une volonté de diversification des économies des six monarchies. Elles ont élaboré chacune séparément des visions qui peuvent s’aligner avec l’initiative chinoise de nouvelle route de la soie. 

Le sommet sino-arabe est aussi un message aux Américains, le CCG devient plus autonome. Les 6 pays arabes ont compris qu’ils ne peuvent plus s’appuyer sur les cercles traditionnels de leur politique étrangère, américains et européens, mais se tournent plutôt, et le doivent de plus en plus, vers d’autres cercles asiatiques et Africains. Il faut bien se trouver une place parmi les grands, sinon pas très loin…