Cinéma, mon amour de Driss Chouika : LE CINEMA NATIONAL DE LA ''RICHESSE'' A UNE ''PAUVRETE '' THEMATIQUE ET ESTHETIQUE

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Photo prise le 16 septembre 2022 lors de la cérémonie d’hommage au réalisateur et producteur Abderrahmane Tazi, ici avec Mehdi Bensaid ministre de de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication

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Cinéma, mon amour ! '' de Driss Chouika - LA NOSTALGIE DES PREMIERS  TELEFILMS

« Le cinéma marocain a réussi à imposer sa présence ainsique ses techniques remarquables sur le plan international. Il dispose de tous les atouts artistiques et créatifs nécessaires, notamment à travers ses acteurs et ses réalisateurs, pour participer aux plus grandes compétitions internationales ». Jilali Ferhati. Décembre 2018

« Le cinéma marocain se porte bien aujourd’hui, après avoir parcouru plusieurs étapes ayant mené à cette production riche et diversifiée qui caractérise le septième art national de nos jours. Quand j’ai commencé ma carrière artistique, le cinéma n’existait pas au Maroc. On faisait des films tous les trois ou quatre ans, alors qu’aujourd’hui plus de 25 longs-métrages sont réalisés annuellement, ce qui témoigne d’une grande évolution ». Younes Megri. Mars 2019. 

Le cinéma marocain a connu certainement son âge d’or il y a quelques années. Les citations de Jilali Ferhati et Younes Megri en sont témoins. Mais, où en sommes nous aujourd’hui? Cette évolution semble de plus en plus compromise et l’état actuel de notre cinématographie augure d’une régression bien sensible et réelle. Et, au vu des qualités thématiques et esthétiques des films présentés par la 22ème édition du Festival National du Film, cette régression se confirme.

LES ANNEES RICHES

Depuis 2003/2004, la production cinématographique nationale a été en constante progression, quantitativement et qualitativement, passant de quelques films à plus de 20 films par an en 2013/2014. La cagnotte allouée au Fonds de Soutien à la production nationale a augmenté progressivement pour se stabiliser à 75 millions de dhs par an. Au niveau administratif, le secteur a connu une participation active des professionnels, à travers les organisations professionnelles,à la gestion du secteur. Ce changement notable dans la gestion administrative du secteur, initié par feu Noureddine Sail, a contribué à la création d’un climat sain qui a été bien profitable au développement du cinéma national sur tous les plans.

Ainsi, le cinéma national a pu acquérir une notoriété internationale confortable. Les films marocains ont assuré une présence très honorable dans plus de 75 festivals internationaux, dont une bonne partie ont été régulièrement courronnés par des dizaines de prix. Au niveau national, les films sont arrivés à attirer un public important et plusieurs festivals cinématographiques ont acquis une stature internationale importante leur permettant de jouer un rôle décisif dans le développement de la culture cinématographique. Cet ensemble d’éléments positifs ont contribué à donner une grande impulsion au cinéma marocain faisant de lui l’une des cinématographies les plus en vue en Afrique et dans le monde Arabe.

Oui, le cinéma marocain, bien riche et diversifié, s’est imposé auprès du public cinéphile national dans les salles de cinéma, et international à travers les festivals et certaines salles art essais en europe. La richesse du cinéma natinal a été assurée surtout grâce à sa diversité thématique et esthétique, ainsi que la qualité et la maîtrise techniques acquises par les cinéastes. Sans avoir besoin de citer des noms, un nombre important de cinéastes ont acquis une notoriété honorable, et chacun d’eux a pu imposer un style cinématographique bien défini.

UN DEBUT D’ANNEES MAIGRES ?

Malheureusement, au cours des dernières années, la mauvaise gestion instaurée par l’ex-directeur du CCM, le plus négatif dans l’histoire du Centre Cinématographique Marocain depuis sa création en 1944, la marginalisation des organisations professionnelles et l’adoption d’une politique de deux poids deux mesures“, basée sur la corruption, le clientélisme et le favoritisme, ont créé un climat malsain. Ainsi, on a commencé à voir des films sans qualités, dont beaucoups sont plus des téléfilms que des films cinéma, qui ne respectent même pas le “minimum syndical“ requis pour faire partie du genre cinématographique internationalement reconnu. Autrement dit, des films n’assurant nullement les qualités thématiques, esthétiques et techniques requises.

Cette regression, entamée il y a quelques années pendant lesquelles les commissions du Fonds d’Aide, mal constituées, ne retiennent plus les projets de films selon les critères définis par le règlement, mais pour des raisons autres. On a même affirmé que certains membres influents de ces commissions ont institué un tarif pour octroyer une Aide à certains projets. Ce qui a fait augmenter, progressivement, le nombre de films sans qualité.

Aujourd’hui, cette tendance est bien confirmée par une bonne partie des films présentés dans le cadre de la 22ème édition du Festival National du Film. La régression est bien notable, avec une nette prépondérance de films sans thèmes précis, sans “odeur ni couleur“ si on peut dire, des sortes de “comédies forcées“ qui, en cherchant à forcer le rire du spectateur oublient le respect des règles élémentaires de cet art, ou bien des films imitant ls style hollywoodien, avec une violence gratuite débridée où le sang, les balles, les coups, la poussière et la fumée coulent à flots, ou encore des films tournés dans un style et une économie très proches de celui des téléfilms ! Cet état de fait explique également mieux pourquoi le public continue à déserter les salles de cinéma.

Heureusement qu’il y a encore des exceptions. Certains cinéastes réussissent toujours à réaliser des films bien honorables et respectueux des règles de l’art.

Et cela n’est pas uniquement une opinion personnelle. C’est un constat qui se généralise de plus en plus. Et c’est de très mauvais augure pour l’avenir du cinéma national.

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