Deux ouvrages à la mémoire d'un établissement d’enseignement, une première au Maroc - Par Mustapha JMAHRI

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Plusieurs personnalités ont fréquenté le lycée Imam Malik, parmi lesquels : Aziz Akhannouch (chef du gouvernement marocain), Aziz Hasbi (universitaire et ancien ministre), Noubir Amaoui (leader syndical), Khenata Bennouna (écrivaine), Mohamed-Khammar Guennouni (poète), Mustapha Derkaoui réalisateur), Mohamed Benabid (ancien rédacteur en chef de L’Economiste) et bien d’autres.

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Un groupe d’amis à la retraite, anciens du lycée Imam Malik à Casablanca (ancienne école de la Gare pendant le Protectorat) coordonnés par Ahmed Laayouni et Mustapha Jmahri ont publié et financé collectivement et successivement deux ouvrages de témoignages d’anciens élèves des années 1970. Le premier ouvrage paru en 2021 est intitulé « Le lycée Imam Malik à Casablanca : Les métamorphoses d’une génération », le deuxième paru en 2024 est intitulé « Le lycée Imam Malik à Casablanca : Les défis d’une génération ». Les deux ouvrages regroupent ensemble une trentaine de témoignages d’anciens élèves dont deux témoignages d’anciens professeurs de l’établissement : Kamal Abdellatif et Mohamed Ballaji.

Depuis leur parution, les deux ouvrages ont fait l’objet de quelques présentations à Casablanca et ont suscité nombre d’écrits dans la presse en arabe et en français. Car, en effet, c’est très rare, sinon la première fois au Maroc que d’anciens élèves rendent hommage à leur établissement scolaire par deux publications. D’autant plus qu’au Maroc en général, très rares sont les écrits de ce genre : souvenirs d’anciens élèves et récits de jeunesse. Le groupe qui a mené ce travail espère modestement contribuer à l’histoire de l’école marocaine publique et des apprentissages.

Comment peut-on expliquer cet acte d'écriture, de coordination, et de publication ? un attachement d’anciens élèves à leur ancien lycée ? à la culture de la génération des années 70 ? ou y a-t-il d'autres raisons ?

L’universitaire Pierre Caspard, spécialiste de l’histoire de l’éducation, a accepté de répondre à ces interrogations : « Écrire ses souvenirs de scolarité et, plus particulièrement, d'internat, est une propension relativement fréquente chez les anciens élèves, surtout parvenus à la retraite et ayant le temps de faire le bilan de telle ou telle période de leur vie. Mais il faut en général un élément déclencheur, qui est le plus souvent la demande des enfants ou petits-enfants, parfois d'un chercheur, sociologue, historien ou pédagogue, curieux. La sollicitation d'un ancien camarade pour une écriture collective de ces souvenirs est plus rare et c'est le cas ici. La question du financement est plus secondaire, les retraités ayant (pas toujours mais souvent) des revenus supérieurs à leurs besoins vitaux et peuvent donc volontiers cofinancer un ouvrage collectif ».

Quant à Lucette Heller-Goldenberg, professeur émérite de l’Université de Cologne (native de Marrakech), elle précise : « Je pense qu’il s’agit d’un attachement à la culture et un hommage à ceux qui nous ont ouvert les portes de cette culture, c’est-à-dire aux enseignants. Au Maroc, cela se double d’une découverte d’une autre culture, à savoir la culture française, différente de la culture familiale marocaine, en arabe ou en berbère, d’où un attrait multiplié par la découverte de valeurs nouvelles. En effet, toute langue véhicule une autre philosophie de vie, et le respect d’autres valeurs ».

Signalons que plusieurs personnalités marocaines sont passées par cet établissement parmi lesquels : Aziz Akhannouch (chef du gouvernement marocain), Aziz Hasbi (universitaire et ancien ministre), Noubir Amaoui (leader syndical), Khenata Bennouna (écrivaine), Mohamed-Khammar Guennouni (poète), Mustapha Derkaoui (réalisateur), Mohamed Benabid (ancien rédacteur en chef de L’Economiste) et bien d’autres.

Le groupe des anciens du lycée qui a mené ce travail de mémoire scolaire est composée de Ahmed Laayouni (historien), Mustapha Jmahri, Hammadi Guerroum (critique de cinéma), Mohammed Sof (romancier), M’barek Bidaki (cadre retraité) et Mohammed Raghi (cinéphile).