chroniques
L’inconnue d’Intissar Haddiya - Par Samir Belahsen
L'auteure a un style singulier et délicat pour décrire les évènements, les personnages et leurs luttes dans une société, créant une atmosphère humaine, profonde et presque chaleureuse.
« On ne peut bien voir qu’avec le cœur …l’essentiel est invisible pour les yeux. »
Antoine de Saint-Exupéry (1900 -1944)
« …il est de de ses rencontres qui changent une vie et font naitre des passions et découvrir des chemins insoupçonnés .»
Intissar Haddiya
L’inconnue est le quatrième roman d’Intissar Haddiya, publié en 2019 qui raconte le mystère d’une rencontre inattendue…
Intissar Haddiya, née en 1981, est une jeune médecin marocaine, professeur de Néphrologie. Elle est singulière aussi par ses premiers essais littéraires publiés en langue anglaise.
Dans L'inconnue, Intissar Haddiya explore les thèmes de la condition féminine au Maroc, de la fragilité de la vie, des pressions sociales subies par les femmes et le thème de l’amitié et des liens humains qui transcendent les différences.
L’histoire
Le récit suit Layla, une femme qui perd son mari et doit affronter la solitude forcée du veuvage.
Elle rencontre un bébé et l’adopte, Farah, et leur relation devient un symbole de l'amour et de la maternité.
Layla, personnage principal du roman, a perdu son mari et doit affronter une solitude sociale et un déclassement matériel. Elle est décrite comme une femme accomplie mais blessée par la perte de son époux.
Yvonne, est une amie voyante qui avait prédit l'arrivée d'un enfant dans la vie de Layla. Elle joue un rôle important dans l'intrigue du roman.
Farah ( Joie), le bébé trouvé sur le pas de la porte de Layla,
évolue significativement le long du roman.
Sa découverte marque un tournant dans la vie de Layla.
Layla adopte Farah et la chérit, cette adoption est une source de joie et de réconfort pour Layla, une source de sens…
Farah grandit et suit des études de médecine. Cette spécialité reflète l'intérêt de l'auteure pour la pratique médicale et la place des femmes dans la société.
Au fil du roman, Farah devient une jeune femme mature et déterminée, prête à affronter les défis de la vie. Cette maturité est un reflet de l'impact positif que Layla, Yvonne et Khaddouj ont eu sur son développement.
Le roman se termine sur une note positive, avec Farah optant pour des études de médecine et Layla retrouvant une nouvelle forme de joie et de sens dans sa vie. La vie peut être pleine de surprises et de changements, mais que la famille et l'amour peuvent toujours aider à traverser les moments difficiles.
Le roman explore ces thèmes de manière réaliste et sensible, en suivant le parcours de Layla et de l'enfant qu'elle adopte, Farah.
L'auteure a un style singulier et délicat pour décrire les évènements, les personnages et leurs luttes dans une société, créant une atmosphère humaine, profonde et presque chaleureuse.
L'histoire est marquée par des intrigues et des surprises, notamment la découverte de la vérité sur l'origine de Farah.
Le roman aborde également les thèmes de la bureaucratie, de l'héritage, de la kafala et de la place des femmes dans la famille et la société.
Une histoire émaillée d’une affection singulière entre des protagonistes d’horizons divers, rappelant, une fois de plus, que les liens les plus forts sont bien au-delà du sang, de la confession et du statut social; les liens les plus forts sont ceux de l’humanité qui nous unit.
La kafala
Dans L'inconnue, la procédure de "kafala" est représentée comme un élément central de l'intrigue . C’est ce qui remplace l’adoption dans le droit Marocain, sauf que la kafala ne crée pas de lien de filiation alors que l’adoption fait de l’adopté l’enfant de l’adoptant.
L'auteure explique les démarches nécessaires à cette longue procédure d'adoption.
Le roman revient sur les défis et les incertitudes liés à l'adoption dans la société marocaine conservatrice, où la "kafala" est perçue avec méfiance .
Et au-delà de la "kafala", le roman explore plus largement les thèmes de la maternité, des relations familiales, de l’héritage et de la condition féminine au Maroc .
Dans la littérature arabe, le nom Layla incarne souvent l'objet de l'amour, que ce soit de manière terrestre ou spirituelle.
L'histoire de Majnoun Leïla, qui raconte la tragique histoire d'amour entre le poète Qays ibn al-Moullawwah et sa cousine Layla, est l'une des plus célèbres histoires d'amour dans la culture arabe.
Dans la poésie soufie, Layla est souvent utilisée comme un symbole de l'amour divin, représentant la beauté et la perfection de Dieu.
Intissar Haddiya nous invite, à travers sa Layla, à une réflexion plus large sur la place des femmes dans la société et sur la réglementation en cours.
Ne dit-on pas chacun chante sa Layla...