Culture
La note bleue de Abdeljlil Lahjomri au 10è anniversaire du Musée Mohammed VI de l’Art moderne et contemporain
Un violoniste à « la virtuosité et la technique, universellement reconnue et affirmée », Gauthier Capuçon, et « une jeune pianiste au talent prometteur et à l’énergie passionnée », qui puise ses racines de ce côté-ci de la Méditerranée, Noor Ayadi.
Le Musée Mohammed VI de l’Art moderne et contemporain a fêté ses dix ans. Dix ans de construction, de mise en place et d’affinement en voie de doter le Maroc d’un réseau de musées qui font du règne de Mohammed VI le règne aussi de la culture. Pour célébrer l’événement, Mehdi Qotbi, président de la Fondation des Musées du Royaume du Maroc, a opté pour une exposition d’une artiste portugaise de renommée mondiale, Joana Vasconcelos, et un concert dans une ambiance intimiste pour un public trié sur le volet : Un violoniste à « la virtuosité et la technique, universellement reconnue et affirmée », Gauthier Capuçon, et « une jeune pianiste au talent prometteur et à l’énergie passionnée », qui puise ses racines de ce côté-ci de la Méditerranée, Noor Ayadi. Pour introduire ce duo d’exception formant une « Rencontre complice de deux artistes, unis par une quête inlassable de la précellence », Mehdi Qotbi a invité Abdeljlil Lahjomri, secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume, à mettre son talent d’auteur, lui aussi connu et confirmé, pour mettre le public par sa verve exquise dans les sens et les nuances de l’enchantement qui allait suivre.
Mon ami, Mehdi QOTBI, me soumet, souvent, lors des manifestations qu’il organise, comme celle-ci qui fête aujourd’hui le 10ème anniversaire de ce Musée Prestigieux, à un exercice périlleux : présenter des artistes de renom. Et à chaque fois, il me faut pour ne pas décevoir un public, pressé de voir le concert débuter, être concis, et surtout trouver le mot juste, comme le jazzman cherche à faire surgir la note bleue.
Le premier mot qui me vient à l’esprit, est le mot exceptionnel. Ce concert est exceptionnel parce qu’il réunit deux artistes d’exception : une star internationale, violoncelliste confirmé, et une jeune pianiste au talent prometteur et à l’énergie passionnée.
Exceptionnel aussi, parce qu’il a lieu au Maroc, à Rabat, après leurs concerts de Menton, Genève, et Aubonne, dans un univers où la musique classique est un art nouveau, empreint d’une modernité aux sonorités aussi nouvelles, mais, qui, parce qu’elle est universelle, transcende les cultures identitaires récalcitrantes. Pour faire, que bien que les deux artistes viennent de mondes culturels différents, j’allais dire, éloignés, les notes et les rythmes qu’ils offrent au public, provoquent des émotions qui connectent l’écoute au-delà des frontières linguistiques, esthétiques et artistiques.
Exceptionnel, surtout parce que la virtuosité et la technique, universellement reconnue et affirmée de Gauthier Capuçon accompagne, guide la sensibilité musicale de la jeune pianiste, Noor Ayadi lauréate de sa fondation pour qu’elle incarne une nouvelle génération de musiciens, issus de pays différents, et dont la créativité, visant l’excellence, renouvellera l’intensité émotionnelle.
Sans abuser de votre attention, l’autre mot qui s’est imposé à moi est complicité. Rencontre complice de deux artistes, unis par une quête inlassable de la précellence. Rencontre et complicité pouvant dans la rigueur et la maîtrise, l’un du violoncelle, l’autre du piano, interpréter ensemble un large répertoire, allant de Beethoven à Rachmaninov en passant par Piazzolla, rencontre qui allie l’expérience impressionnante de Gauthier Capuçon à la fraîcheur de la fougue de Noor Ayadi : en quelque sorte, l’alliance de deux âmes qui font que leur partenariat unique, propose au-delà d’un simple concert une élévation dans le sens baudelairien du terme, qui dans un instant unique, invite à une fusion inattendue, surprenante qui nous fait oublier dans un moment de magie, l’actualité d’un monde calciné.
Permettez-moi, pour clore cette brève présentation de vous confier que le troisième mot qui m’est venu à l’esprit est le mot synergie.
Une performance que cette complémentarité de leurs personnalités, de leurs styles, de leurs univers rares, mais harmonieux, de cette harmonie qui irrigue la scène d’un charisme singulier propre à ce duo, où la maturité de l’un, fait vibrer et s’enrichir la jeunesse enthousiaste de l’autre.
Un dernier mot, pour vraiment conclure :
J’ai cru comprendre que l’instrument de prédilection de Gauthier Capuçon est un violoncelle Mattéo Goffriller de 1701, surnommé « l’Ambassadeur » réputé pour sa sonorité profonde et expressive. Surnom qui me parait prémonitoire et qui nous dit que le concert d’aujourd’hui, dans ce Royaume Bienheureux, contient dans chacune de ses phases musicales un message de paix et de tolérance à une humanité, de nos jours, souffrante, un message que seul la musique peut la faire accéder à la concorde et à l’entente universelles.