Par Ali Bouabid – Délégué général de la Fondation Abderrahim Bouabid*

Dans le débat que nous avons eu [mercrdi] à Rabat avec les deux auteurs, en présence de Leila Shahid et André Azoulay, un moment de silence et d’intense émotion est venu glacer l’atmosphère quand Nazmi El Jubeh professeur palestinien à l’université de Bir Zeit qui a habité ce quartier, a déclaré : « en tant que membre de la délégation palestinienne chargée de la négociation des accords d’Oslo, j’ai beaucoup cru et investi dans l’espoir de voir la solution à deux états advenir dans les faits. Aujourd’hui, la poursuite de la colonisation m’a ôté tout espoir » !
Depuis sa création au XIIe siècle, jusqu’en 1967, date de sa destruction « Le quartier maghrébin de Jérusalem » n’a pas fini de nous parler. Il est une partie de notre patrimoine immatériel encore largement méconnu. Vincent Lemire et Nadmi Jubeh, ont accompli à force d’érudition un travail admirable d’exhumation des premières strates de l’histoire de ce quartier. C’est dire l’ampleur du travail qu’il reste à faire. Leurs livres sont passionnants et foisonnants, le Maroc y est omniprésent. On y apprend notamment que contrairement au récit israélien, et jusqu’à la veille de sa destruction ce quartier était encore bien vivant et abritait moults activités humaines, administratives, marchandes, religieuses même puisqu’on y trouvait des zaouias !

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Jérusalem n’est bien sûr pas une ville comme les autres. ville -monde comme l’appelle Lemire elle est l’incarnation proprement dite de cette part d’universalité que piétine Israel. Et si le défunt « quartier maghrébin » a certes une valeur heuristique et mémorielle il n’en cristallise pas moins et à lui seul les enjeux politiques qui ont scandé son histoire et celle de toute la ville.

Aujourd’hui, fait rare nous dit Vincent Lemire, dans la vieille ville de Jérusalem les autorités israéliennes laissent flotter le drapeau marocain ! (voir photo de vinent Lemire). Je pense immédiatement aux scènes de joie que l’on a vu en Israël après l’épopée de l’équipe du Maroc à la coupe du monde. Mais depuis la première provocation du nouveau ministre israélien sur l’esplanade des mosquées, je ne puis m’empêcher de penser que nous marocains, de toutes confessions, avons un rôle à jouer dans cette affaire en nous distinguant autrement que par la seule déploration.

*Ali Bouabid – 5 janvier 2023 sur sa page Facebook