Culture
Marrakech : Signature de l’ouvrage collectif ''Boujemaa Lakhdar, le goéland de l’art contemporain au Maroc''
Le goéland Boujemaa Lakhder ‘’est entre deux rivages (l'art et l'artisanat). Ses œuvres nous apprennent à communiquer avec son monde féerique. Il a développé un code ésotérique qui figure l’âme ancestrale d’Essaouira celle de l'autre monde". (Hassan Laghdache)
Marrakech - La cérémonie de présentation et de signature de l'ouvrage collectif "Boujemaa Lakhdar, le goéland de l’art contemporain au Maroc" a eu lieu, mercredi à l’espace "Dar Chrifia" à Marrakech, en présence d’une pléiade de critiques d’art, d’artistes plasticiens et d’intellectuels.
Coordonné par le critique d’art Hassan Laghdache et édité par l’association Passionnés des arts, cet opus de 158 pages retrace l’expérience riche et variée de cet artiste incomparable, à travers des témoignages d’une pléthore de critiques d’art et d’artistes plasticiens marocains et étrangers, ainsi que des lectures ciblées de certaines œuvres collectionnées par le Maître Abdessalam Rais.
Plusieurs critiques d’art et d’artistes plasticiens ont contribué à cet ouvrage pour rendre un hommage posthume à Boujemaa Lakhdar, le seul artiste maghrébin à avoir participer à la célèbre exposition "Les Magiciens de la Terre" au centre Beaubourg à Paris en 1989, a souligné M. Laghdache dans une déclaration à M24, la chaine télévisée de l'information en continu de la MAP.
"Il mérite le nom de goéland de l'art contemporain au Maroc. Symboliquement, le goéland est un oiseau de rivage qui s’aventure rarement loin de la terre. Les rivages sont des lieux de grands mystères et de magie. Il est entre les deux (l'art et l'artisanat)", a-t-il relevé, faisant savoir que ses œuvres "nous apprennent à communiquer avec son monde féerique. Il a développé un code ésotérique qui figure l’âme ancestrale d’Essaouira celle de l'autre monde".
Dans la première partie de cet ouvrage, des ténors de l’art plastique (critiques d’art et artistes plasticiens), Daniel Couturier, Roman Lazarev, Abdelkader Manna, Abdallah Bensmain, Abderrzak Bebchâabane, se succèdent pour apporter leurs témoignages et retracer l’ouvre de cet artiste souiri, qui a révolutionné la scène artistique marocaine, par la diversité des supports sur lesquels il a travaillé, ainsi que par la conception esthétique qu’il a adopté tout au long de son parcours, notamment cette hybridation des formes à partir d'un référentiel ethnographique qui puise ses sources dans le patrimoine matériel et immatériel de la culture marocaine.
Hassan Laghdache, Abderrahman Benhamza, Jean François Clément, Hassan Elassad et Abdelkader Manna ont décortiqué, eux, l’expérience artistique singulière de ce grand homme et artiste chevronné, qui a su marquer la scène artistique marocaine contemporaine de son sceau, durant sa courte vie, à travers une lecture interprétative de 18 objets considérés comme des emblèmes de l'art contemporain au Maroc et en même temps une passerelle artistique pour les futures générations.
Originaire d’Essaouira, Boujemaa Lakhdar (1941-1989), l’homme modeste et réservé consacra sa trop brève existence aux arts. Sculpteur, il s'adonne aussi à la marqueterie, et dans une moindre mesure à la peinture, composant des toiles marquées par ses penchants mystiques inspirées par les signes et les symboles ancestraux ; un univers magique issu de la culture arabo-berbère-judaïque et africaine.
On lui doit notamment des bois incrustés et peints, des objets où se marient le cuivre, l'argent, le toile, le papier et le bois. Son expression plastique, très personnelle et originale, témoigne de son attachement à la culture et à la poésie rurale.
Le couronnement de sa carrière artistique riche fut en 1989, date de son décès, avec la sélection de quelques-unes de ses compositions pour l'exposition universelle "les magiciens de la terre" au centre Beaubourg de Paris.
Boujemaa Lakhdar a expliqué le sens de son œuvre tout en laissant planer le mystère, créant ainsi le désir de le découvrir davantage : "Derrière chaque œuvre, il faut dire qu’il y a une longue histoire, l’histoire de mon discours mimé qui me dérange et celle d’un grand rêve qui n’a ni début ni fin. C’est donc l’histoire d’un thème que j’ai incrusté, peinte, marquetée, brodée, sculptée…chaque fois que je suis en transe".