Culture
Mostra de Venise: le mythe Marilyn débarque sur le Lido
Ana de Armas joue le rôle de Marilyn Monroe dans «Blonde»
Soixante ans après sa mort, Marilyn Monroe reprend vie à la Mostra de Venise, sous les traits de l'actrice cubaine Ana de Armas, dans l'un des films les plus attendus de la compétition.
Le contenu du film produit par Netflix, et projeté en matinée à la presse, reste confidentiel jusqu'à la projection officielle jeudi soir en séance de gala.
"Blonde" entend retracer à la fois la carrière de l'icône du cinéma, et la personnalité de Norma Jeane, la jeune femme fragile qui se cachait derrière elle.
"Si l'on met de côté la star, elle était une femme comme moi, du même âge", a déclaré en conférence de presse Ana de Armas, qui tient probablement à 34 ans le rôle le plus important de sa jeune carrière.
Le film "honore les moments où elle était Marilyn, mais j'avais aussi beaucoup de liberté pour recréer les moments où elle était la vraie femme derrière le personnage", a poursuivi l'actrice cubaine.
La rencontre avec Ana de Armas a été "un coup de foudre" artistique, a précisé de son côté le réalisateur Andrew Dominik, expliquant qu'en dix ans de développement du projet, le plus difficile en avait été "le financement".
Le film est une relecture féministe et romancée du parcours de Norma Jeane Mortenson, le vrai nom de Marilyn, morte en 1962 à l'âge de 36 ans après être devenue une icône de la culture populaire.
Son destin, broyé par la machine hollywoodienne, a déjà inspiré une pléthore de créateurs, d'Andy Warhol et ses portraits au film "My week with Marilyn" avec Michelle Williams, il y a dix ans, en passant par des écrivains comme Norman Mailer.
"Blonde", lui, promet de jeter une lumière crue sur le système patriarcal d'Hollywood, sans prétendre éclaircir le mystère qui continue d'entourer sa mort.
Pas en salle
Il est fondé sur le roman-fleuve de l'Américaine Joyce Carol Oates, biographie fictive mais documentée de la star, parue en 2000.
A travers la trajectoire cauchemardesque de Marilyn, abusée par les hommes et l'industrie et qui chercha toute sa vie un impossible amour, elle dresse un portrait au vitriol de l'Amérique des années 1950/60.
Reconstituer, parfois à l'aide de photos d'archives, des séquences légendaires du 7e art, comme l'interprétation par Marilyn de "Diamond's are a Girl Best Friend", chanté dans la comédie "Les Hommes préfèrent les blondes", n'est pas le moindre des défis auquel se mesure ce biopic.
Au-delà du glamour, le réalisateur de "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" (2007) avec Brad Pitt, promet de plonger les spectateurs dans la psyché de Marilyn, depuis son enfance cabossée.
Le film, dont l'interdiction aux moins de 17 ans aux États-Unis a été qualifiée de "connerie monumentale" par le réalisateur, explore sa tumultueuse vie sentimentale, enchaînement de déceptions pour une artiste érigée par l'industrie et la presse en sex-symbol.
Bobby Cannavale et Adrien Brody interprètent respectivement deux anciens maris de Marilyn Monroe, la star du base-ball Joe DiMaggio et le dramaturge Arthur Miller.
La bande originale est confiée aux rockeurs Warren Ellis et Nick Cave, des proches du réalisateur auxquels il a déjà consacré des documentaires.
Le film sera mis en ligne pour les 220 millions d'abonnés Netflix le 28 septembre, et ne sortira donc pas au cinéma pour le grand public.
Sa réception constitue un test pour la plateforme, et pour la Mostra, qui contrairement à Cannes, ouvre grand ses portes à des films qui ne sortiront pas dans les salles traditionnelles. (AFP)