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Le Pdt de la BM à l'offensive pour ses premières AG annuelles et veut atteindre 150 milliards de capacité de financement supplémentaire
Le président du Groupe de la Banque mondiale (GBM), Ajay Banga, participe à une conférence de presse lors du troisième jour des réunions annuelles du GBM et du Fonds monétaire international (FMI) dans la ville marocaine de Marrakech, le 11 octobre 2023. La Banque mondiale pourrait augmenter sa capacité de prêt de 150 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie, mais elle devra devenir "plus grande" pour répondre aux défis mondiaux, a déclaré son président. (Photo FADEL SENNA / AFP)
Pour sa première conférence de presse à l'occasion des réunions annuelles de son institution et du Fonds monétaire international (FMI), le président de la Banque mondiale (BM) Ajay Banga a de nouveau plaidé en faveur d'une augmentation de ses moyens afin d'être en capacité de répondre aux défis tels que le changement climatique, les pandémies et la lutte contre la pauvreté.
Certes, le nouveau dirigeant, qui a pris ses fonctions début juin, a souligné l'importance d'améliorer le fonctionnement même de l'institution, l'un des dossiers sur lequel il est le plus attendu, soulignant que cette étape était primordiale avant d'en arriver à plus de financements.
Mais faire évoluer le mode de fonctionnement de la banque "n'est pas facile. Cela fait partie de changements culturels profonds dans une institution dotée d'une fière histoire et qui a fait un travail incroyable durant ces 78 dernières années", a-t-il reconnu.
S'il lui reste à construire une "banque meilleure", Ajay Banga répète également la nécessité d'une "banque plus grosse", disposant de plus de fonds afin de répondre aux demandes grandissantes, alors que les institutions financières internationales sont régulièrement accusées de ne pas en faire suffisamment, en particulier dans le financement de la lutte contre le réchauffement climatique.
"Nous pourrions atteindre quelque 150 milliards de capacité de financement supplémentaire au cours de cette décennie", un "chiffre substantiel, mais qui ne sera pas suffisant pour le genre de défis auxquels le monde est confronté", a lancé Ajay Banga à l'occasion de l'ouverture officielle des assemblées générales de la BM et du FMI à Marrakech.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) évalue à plus de 2.000 milliards de dollars par an d'ici à 2030 les besoins nécessaires pour l'objectif de neutralité carbone en 2050, alors que seuls 400 milliards annuels sont prévus sur la période, selon le Fonds monétaire international (FMI).
Les financements supplémentaires espérés par M. Banga permettraient donc à la BM d'investir 15 milliards de dollars supplémentaires par an.
Arrivé à son poste en juin, il souhaite faire pivoter l'institution pour mieux faire face au réchauffement climatique ou aux pandémies. Il a répété mercredi sa vision de la mission de la Banque pour l'avenir: "éradiquer la pauvreté sur une planète vivable".
Un transformation pas assez rapide au goût de certains. "La Banque mondiale et le FMI sont trop lents à rattraper leur retard: ils reconnaissent que des milliers de milliards sont nécessaires pour être au niveau des défis, mais maintenant ils doivent nous montrer comment y arriver", a dit à l'AFP Oscar Soria, de l'ONG Avaaz.
"On nous promet des changements mais ils sont trop graduels, timides et lents", selon lui.
Convaincre les actionnaires
Les États-Unis, principal actionnaire de la Banque mondiale et qui choisit, historiquement, son dirigeant, a annoncé soutenir son changement de mission, par la voix de la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen.
Ajay Banga s'est référé mercredi au rapport des experts Larry Summers et N.K. Singh pour le compte de la présidence indienne du G20, qui suggérait un triplement des financements des banques multilatérales d'ici 2030.
"Il n'y a aucun doute sur le fait que nous avons besoin d'une banque plus grosse", a-t-il insisté.
"Je vais sans aucun doute revenir devant nos actionnaires pour chercher à faire grossir la Banque parce que je crois que c'est ce dont nous avons besoin pour les décennies qui viennent", a-t-il annoncé.
En attendant, la promesse du président américain Joe Biden d'apporter 25 milliards supplémentaires à la BM doit encore se matérialiser en obtenant le feu vert du Congrès.
Mardi, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen a souligné que le montant pourrait finalement s'élever à 27 milliards de dollars de plus.
Mais une telle augmentation du soutien de Washington est pour l'heure suspendue à la désignation d'un nouveau dirigeant de la Chambre des Représentants, après que son speaker républicain, Kevin McCarthy, en a été chassé par une motion déposée par un membre de son propre parti. Ajay Banga s'est dit cependant "optimiste".