La nomination de Mohamed Ben Nayef, par le nouveau roi Salman, comme vice-prince h?ritier, marque un tournant, car il est le premier petit-fils du fondateur ? ?tre plac? dans l'ordre de succession.
Apr?s la disparition du roi Abdellah, l'Arabie Saoudite se trouve ? la veille de ?transitions multiples et simultan?es comportant plusieurs risques.
Le nouveau roi Salman et son demi-fr?re Mogren, nomm? prince h?ritier par le roi Abdellah, sont les derniers descendants du roi fondateur ?Abdelaziz Al Saoud dans l'ordre de succession. Les deux ?tant ?g?s. Le roi Salman est ?g? de 80 ans et Mogren de 70. ?Le roi Salman est malade et le prince h?ritier, fils d'une y?m?nite, se trouve coinc? entre deux S?diris, le nom de la femme pr?f?r?e du fondateur ?et m?re du roi Selman, du roi Fahd et des ex-princes h?ritiers Soltane et Nayef.
La nomination de Mohamed Ben Nayef, par le nouveau roi Salman, comme vice-prince h?ritier, poste cr?? par le roi Abdellah, marque un tournant, car il est le premier petit-fils du fondateur ? ?tre plac? dans l'ordre de succession.
Le choix de Mohamed Ben Nayef, fils de l'ex-prince h?ritier Nayef, a ??t? une surprise de derni?re minute selon ?des observateurs, car ils s'attendaient ? ce que ce poste revienne ? Motaab, fils du roi Abdellah et chef des forces d'?lite saoudiennes pr?sid?es autrefois par son p?re. ?Les mauvaises langues vont jusqu'? parler d'un coup de force intervenu pour couper l'herbe sous les pieds de Motaab et son soutien Touijri, chef de cabinet d'Abdellah d?mis de ses fonctions, qu'il a h?rit? lui-m?me de son p?re, et remplac? par le fils du roi Salman, ministre de la d?fense.
Le nouvel ordre de succession, qui passe des fils d'Abdelaziz Al Saoud ? ses petits-fils, risque de cr?er des jalousies et m?me des alliances entre les petits fils du fondateur du troisi?me royaume saoudien. Un message du prince Walid Ben Talal sur twitter, dans lequel il annonce avoir fait all?geance ? ses deux oncles et f?licit? le fils de son autre oncle, a ?t? compris comme une non-all?geance au troisi?me. Le nouveau conseil de l'all?geance cr?? par le roi Abdellah, form? des membres de la famille royale, risque de ne pas pouvoir ?jouer un r?le d'arbitre en cas de conflits majeurs. Ces conflits existent d?j?. Des princes sont accus?s d'aider les terroristes et d'autres ont exprim? leur soutien aux fr?res musulmans, alors que d'autres s'expriment pour des r?formes modernistes et d?mocratiques.
La d?signation de Mohamed Ben Nayef comme vice-prince h?ritier a ?t? consid?r? par le Washington Post ?comme un bon signe, car il est le prince saoudien qui ?jouit de la confiance des Am?ricains plus que n'importe quel autre selon le journal de la capitale am?ricaine. L'article de Wachington Post a ?t? interpr?t? comme un message ? la famille saoudienne, li?e aux am?ricains par le pacte de Quincy depuis 1945 (p?trole contre protection)
La transition g?n?rationnelle en Arabie Saoudite n'est pas la seule transition en cours dans ce pays.
Les r?formes timides initi?s par le roi Abdellah, malgr? les r?sistances des wahabites ferm?s, sont appel?es ? ?tre renforc?es. La soci?t? saoudienne, contrairement aux clich?s, est aujourd'hui demandeuse de modernit? et de progr?s. Le wahabisme, fondateur du premier Etat cr?? par ?Mohamed ben Saoud en 1744 et disparu en 1891, puis ressuscit? par Abdelaziz en 1932, est contest? par une grande partie de la soci?t?. Le blogueur Badaoui n'est pas seul. D'ailleurs, plusieurs princes financent des m?dias soutenant la modernit?, en premier lieu les cha?nes MBC.... mais sans pour autant aller jusqu'? exiger une d?mocratisation d'un syst?me domin? par la famille Al Saoud, sans partage. Une ?autre partie de la soci?t? est toujours attach?e au dogme wahabite et produit des milliers de jihadistes pr?sents sur tous les fronts, avec Daech, Al Qaeda ou les autres organisations salafistes au Y?men ou ailleurs, ou apportant des aides ? ses organisations. Le retour de ces jihadistes au pays constitue un grand danger dans un pays o? le tribalisme et les traditions des b?douins sont toujours r?sistants. Le choix de Mohamed Ben Naif comme vice-prince h?ritier, tout en continuant ? la t?te de la police, et du fils du roi Salman comme chef du cabinet du roi, tout en ?contr?lant l'arm?e, n'est seulement dict? par la volont? de cr?er un rapport de force au sein de la famille r?gnante, mais ?galement par les craintes s?curitaires.
L'Arabie ?Saoudite se trouve ?galement confront?e ?aux risques des changements et des perturbations inh?rents ? son environnement r?gional, avec des ?Etats d?faillants au Y?men, ?en Irak et en Syrie, tout pr?s de ses fronti?res. La contagion risque de rattraper d'autres pays si jamais l?intervention internationale ?choue. Le d?fi majeur, qui comporte un danger sans pr?c?dent, vient surtout d'un Iran cherchant ? r?cup?rer son r?le de gendarme r?gional et d'un calife turque, chef de l'internationale des fr?res musulmans, qui r?ve de ressusciter l'empire ottoman en Turquie. Les vis?es de ces deux forces r?gionales montantes, et oppos?es, peuvent d?stabiliser la r?gion toute enti?re.
L'Arabie Saoudite continuerait ? influencer le march? p?trolier international pour longtemps, mais la production du p?trole et du gaz non conventionnels, surtout aux Etats Unis, risque de limiter son influence en limitant ses parts de march? et ses recettes. La baisse actuelle des prix sur le march? international peut dissuader les investisseurs dans les schistes et lui conserver sa capacit? d'influer ? moyen terme, mais ?un prix ?bas du baril du p?trole ? long terme ne l'arrangera pas. La transition vers ?une ?conomie productive, et une diversification des investissements ? l'international, est en cours, mais la d?pendance ?de l'Arabie Saoudite aux recettes des exportations du p?trole demeurera grande pour longtemps. Cette d?pendance touche ?galement les fortunes des Al Saoud, toutes les g?n?rations confondues.