??Soumission?? c?est ce qu?on pourrait appeler en litt?rature un non ?v?nement, un roman de rien. D?s lors le microcosme litt?raire s?emballa fr?n?tiquement parce que tout simplement, ?c?est Houellebecq qui revient. ?Ali Baddou a eu raison de s?indigner. ???Soumission?? est un mauvais roman parce que cet ?crivain est un mauvais ?crivain. ?Il me fallait pourtant le lire. ?C?est fait, et au lieu de m?indigner comme Ali Baddou, c?est un immense ?clat de rire qui s?est empar? de moi ? la fin de cette p?nible lecture. ?On ?voque ? propos de cet ?crivain, une ?criture puissante, je n?ai trouv? qu?un fatras de platitudes et de conversations banales, de d?veloppements et d?analyses dignes des plus d?sesp?rants articles de presse. ?Je ne peux pr?tendre ??corriger?? comme ferait un professeur ou un critique concitoyen de l?auteur les fautes qui surprennent chez un ?crivain consid?r? comme important. ?Ce serait par les temps qui courent, de la part d?un critique ?tranger et de surcroit musulman quelque peu suspect. Comme le montre si bien mon ami Abdelfattah Kilito dans son article?Poirot contre Nothomb?!?: ??L?une de mes hypoth?ses est que nous n?aimons pas vraiment qu?un ?tranger parle notre langue?: nous n?aimons pas qu?il la parle mal, et nous n?aimons surtout pas qu?il la parle parfaitement bien??. ???Corriger?? donc un auteur comme Houellebecq ce serait de ma part de l?impertinence. ?Je laisserais donc ? Christophe Barbier, directeur de la revue ??L?express?? le soin de le faire. ?Si ?je le faisais on ne tol?rerait pas que je connaisse un peu les subtilit?s de cette si belle langue que Houellebecq malm?ne pourtant impun?ment et all?grement parce que c?est Houellebecq. ?Voil? ce qu??crit C. Barbier dans un ?ditorial intitul? ??Contre Houellebecq???: ??Houellebecq n?est pas un bon ?crivain?; un bon ?crivain ne saurait utiliser ??baser sur??? au lieu de ??fonder sur??, ??par contre?? ? la place de ??en revanche?? et ??cru?? quand il veut signifier ??mill?sime??. ?Ce genre d?erreurs, ??Soumission?? en contient beaucoup. Il en est ainsi parce qu?il importe peu selon Houellebecq ??qu?un ?crivain ?crive tr?s bien ou tr?s mal??. ?Tout le monde en cons?quence si l?on conc?de cette affirmation ? cet ?crivain?serait auteur et ?crivain. La litt?rature ? laquelle nous ont initi?s nos ma?tres, celle des Hugo, des Zola, et plus pr?s de nous des Le Cl?zio et des Modiano se diluerait dans un flot de publications de tous genres et de tous niveaux d?esth?tique ou d?absence d?esth?tique. Tout un chacun pourrait donc ?tre Prix Nobel, ou Prix Goncourt. ?Ce ne serait qu?affaire de marketing et Houellebecq n?est que cela une immense imposture marchande. Ce n?est donc pas de la litt?rature. ?C?est du commerce. ?Nos ma?tres nous ont appris aussi qu?il fallait remettre vingt fois sur le m?tier notre ouvrage. Houellebecq ?crit comme il parle. ?Le vocabulaire est pauvre, la phrase sans attrait, le style d?pourvu de charme et de beaut?. ?On nous dit que cet auteur d?crit le monde d?cadent d?aujourd?hui. ?Que ne l?a-t-il pas fait comme Proust a d?crit dans sa fabuleuse recherche du temps perdu son univers ? lui. La richesse de son style, son ?l?gance, sa phrase sinueuse qui vous enlace et vous enivre, o? est-elle chez Houellebecq?? O? sont les filles en fleur d?aujourd?hui?? Et les Verdurin du temps de Houellebecq?? Pour ne prendre comme exemple que ces personnages. ?On nous dit que l??uvre de Houellebecq s?duit parce qu?il d?crit magistralement l?homme d?aujourd?hui, cet anti h?ros. Mais Meursault dans ??L?Etranger?? d?Albert Camus n?est-il pas d?j? cet anti h?ros des temps modernes?? Beaucoup de politique, un peu moins ?de religion et l?in?vitable zeste de sexe et le tour est jou?, les jeux faits, et le futur best seller est n?. ?Voyez-vous, je n?ai pas parl? du contenu de l?intrigue du r?cit et de sa th?matique, de l?islam triomphant en Europe, du retour gr?ce ? cette religion du m?le dominant et du fait que l?auteur la r?duise aux d?lices d?une sexualit? masculine, ?soumettant la femme au pouvoir de l?homme qui dans l?Europe d?cadente est en train de perdre tout pouvoir. ?Je l?ai fait expr?s pour ?viter que l?on ne m?accus?t de prendre cela comme pr?texte pour d?nier ? toute l??uvre de Houellebecq une quelconque valeur litt?raire et esth?tique. ?Je n?ai voulu user que d?arguments litt?raires pour montrer qu?avec Houellebecq nous n??tions plus dans le domaine de la litt?rature et de l?esth?tique mais bien dans le seul domaine du politique et du Marketing. Avec ce bien mauvais ?crivain, tout commence avec le sexe et la religion et finit en exotisme politique et m?diatique. ??Soumission?? c?est ce qu?on pourrait appeler en litt?rature un non ?v?nement, un roman de rien.