Algérie: élection présidentielle ''anticipée'' le 7 septembre 2024

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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et Saïd Chengriha « son » chef d’état-major

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L'Algérie a annoncé jeudi la tenue d'une élection présidentielle "anticipée" le 7 septembre 2024, soit trois mois avant la date initialement prévue.

"Il a été décidé d'organiser une élection présidentielle anticipée le 7 septembre 2024", a indiqué la présidence de la république dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion présidée par le chef de l'Etat Abdelamadjid Tebboune, en présence notamment de son Premier ministre, des chefs des deux Chambres du Parlement, du chef d'état-major de l'armée et du président de la Cour constitutionnelle.

"Le corps électoral sera convoqué le 8 juin 2024", a ajouté le communiqué.

La dernière élection présidentielle, remportée par M. Tebboune avec 58% des voix et marquée par une forte abstention, avait eu lieu le 12 décembre 2019. Il avait succédé à Abdelaziz Bouteflika, poussé à la démission en 2019 sous la pression de l'armée et du Hirak, un mouvement de contestation populaire. Il est décédé en septembre 2021.

Très affaibli par un AVC à partir de 2013, Abdelaziz Bouteflika avait quand même brigué un 4e mandat en 2014, et tenté d'en obtenir un cinquième en 2019, provoquant la vague de protestations qui l'a poussé à la démission.

Outre l'opposition à un nouveau mandat d'Abdelaziz Bouteflika, le Hirak s'était élargi à des revendications de réformes politiques et de libertés accrues, revendiquant un Etat civil et le cantonnement des militaires dans les casernes.

Le quinquennat de M. Tebboune devait expirer en décembre prochain. Aucune raison n'a été avancée pour expliquer la tenue anticipée du prochain scrutin.

M. Tebboune, 78 ans, n'a pas encore annoncé s'il briguerait un second mandat. Il avait été hospitalisé pendant plusieurs mois en Allemagne après avoir contracté le Covid fin 2020.

Annonce surprise 

Dans un rapport publié en février,  l'ONG Amnesty International avait affirmé que les autorités algériennes continuaient de "réprimer les droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique", en "ciblant les voix critiques de la dissidence", cinq ans après les manifestations pro-démocratie du Hirak.

La décision du pouvoir algérien d'avancer la date du scrutin semble avoir surpris les observateurs.

Réagissant à des spéculations dans des médias français sur un possible report du scrutin, l'agence officielle algérienne APS avait ainsi affirmé le 24 février que "les élections auront lieu en temps tel que prévu par la Constitution et ce par respect pour la Constitution et pour le peuple algérien seul détenteur de la souveraineté".

La présidence algérienne a même annoncé le 11 mars que M. Tebboune effectuerait "fin septembre-début octobre" une visite d'Etat en France.

Cette visite a été plusieurs fois reportée sur fond de chauds et froids récurrents entre les deux pays.

La visite, programmée d'abord début mai 2023, avait été repoussée à juin de la même année, les Algériens craignant officiellement alors qu'elle ne soit gâchée par les manifestations du 1er mai contre la très contestée réforme des retraites en France, selon des sources concordantes.

Mais M. Tebboune n'a ensuite jamais confirmé sa venue, qui devait consacrer l'embellie entre les deux pays après nombre de crises diplomatiques. Il s'était en revanche rendu au même moment en visite d'Etat en Russie, ce qui avait été perçu comme un désaveu envers Paris.

En décembre, Alger assurait encore que les conditions d'une visite n'étaient "pas idoines", évoquant alors cinq dossiers à régler au préalable, dont ceux de la mémoire, la mobilité, la coopération économique et des essais nucléaires français dans le Sahara algérien. La question du Sahara marocain pèse tantôt explicitement tantôt implicitement dans les relations entre les deux pays.