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Amnesty accuse Israël de génocide à Gaza
Un père tenant le corps de son fils de deux ans tué par des éclats d'obus à la suite d'une frappe israélienne dans la ville de Gaza, à l'hôpital Al-Ahli Arab, également connu sous le nom d'hôpital baptiste, le 5 décembre 2024. (Photo Omar AL-QATTAA / Afp)
Amnesty International accuse jeudi dans un rapport Israël de commettre un génocide contre les Palestiniens dans la bande de Gaza, appelant la communauté internationale à ne pas en être complice.
"Mois après mois, Israël a traité les Palestiniens de Gaza comme un groupe de sous-humains, indigne du respect des droits humains et de la dignité, démontrant son intention de les détruire physiquement", a affirmé la secrétaire générale de l'ONG, Agnès Callamard.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a, sans vergogne, dénoncé dans un communiqué le rapport en osant prétendre qu'Israël "se défend (...) en agissant en pleine conformité avec le droit international".
Ce document de 300 pages met en avant "suffisamment d'éléments pour conclure qu'Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens de la bande de Gaza".
L'organisation explique s'être appuyée sur des "déclarations génocidaires et déshumanisantes du gouvernement israélien", des images qui documentent la dévastation du territoire palestinien et des recherches sur le terrain entre le 7 octobre 2023 et juillet 2024.
Elle affirme se fonder sur des critères de la Convention des Nations unies sur le génocide.
Conclusions accablantes
"Nos conclusions accablantes doivent servir de signal d'alarme à la communauté internationale: il s'agit d'un génocide. Cela doit cesser maintenant", a ajouté Agnès Callamard.
Amnesty pointe des "attaques délibérées sur les civils et les infrastructures civiles (...), l'usage d'armes hautement explosives dans des zones abondamment peuplées", les entraves à délivrer l'aide humanitaire et le déplacement forcé de 90% de sa population.
Israël met en avant son droit de se défendre face au mouvement islamiste palestinien, qu'il a juré d'éradiquer.
Depuis le début de la guerre d’extermination programmée des Palestiniens Israël a tué plus de 44.580 personnes à Gaza, en majorité des civils, dont les deux tiers sont des enfants et des femmes. Ce bilan ne recense pas les blessés et les disparus sous les décombres qui se comptent par centaines de milliers.
Effacement de Gaza
Le siège complet imposé au territoire de 2,4 millions d'habitants par Israël dès octobre 2023 et les restrictions sévères à l'acheminement de l'aide exposent les habitants "à une mort lente, calculée", affirme Amnesty.
Le rapport d'Amnesty cite l'exemple de 15 frappes aériennes menées entre le 7 octobre 2023 et le 20 avril 2024, qui ont tué 334 civils dont 141 enfants, et pour lesquelles l'organisation "n'a trouvé aucune preuve qu'elles étaient dirigées vers des cibles militaires".
Le document évoque aussi des appels de la part de responsables et soldat israéliens à "l'anéantissement, la destruction, l'incendie ou +l'effacement+ de Gaza".
"Les États qui envoient des armes vers Israël violent leurs obligations d'empêcher un génocide, et risquent d'en devenir complices", a prévenu Agnès Callamard, lors d'une conférence de presse à La Haye.
‘’Crimes du Hamas’’
L'ONG a également annoncé qu'elle publierait un rapport sur les ‘’crimes’’ commis par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre 2023.
Des experts indépendants de l'ONU ont accusé Israël à plusieurs reprises de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza. En décembre 2023, une procédure a été intentée devant la Cour internationale de justice (CIJ) par l'Afrique du Sud qui a accusé Israël de commettre un "génocide".
La Cour pénale internationale a émis le 21 novembre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre à Gaza. (Quid avec AFP)