International
Attaque du plus grand hôpital de Gaza, le ''port américain'', destiné à sortir les Palestiniens du territoire ?
La bande de Gaza, l'endroit le plus dangereux au monde pour les enfants (UNICEF)
L'armée israélienne a lancé lundi une véritable agression contre le plus grand hôpital de la bande de Gaza, où sont réfugiés des milliers de civils, pendant que les pays médiateurs tentent toujours aussi vainement de négocier une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas.
Après des semaines d'efforts infructueux, le chef des services de renseignement israéliens, le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens devraient se rencontrer lundi à Doha pour de nouvelles discussions sur une trêve, a indiqué à l'AFP une source proche des négociations.
A se demander si ce temps de négociation n’est pas un gain pour Netanyahu déterminé à aller au massacre des Palestiniens et laisser la famine éroder la détermination des Palestiniens à ne pas laisser une nouvelle Nakba, en référence à celle de 1948 qui a vu vu le départ de centaines de milliers de Palestiniens, se répêter. Et au train où vont les choses, il est légitime de se demander à quoi servira réellement le « port américain ». Ne sont-ils pas, sous prétexte de livraisons humanitaires, en train de construire un port pour sortir les Palestiniens de Gaza par voie maritime, vu que l'Egypte a refusé d'ouvrir les portes de Rafah pour les accueillir, et permettre ainsi à Tsahal d'exécuter la détermination de Netanyahu à envahir la ville, réduire au minimum la présence palestinienne à Gaza et occuper la totalité du territoire gazoui ?
M. Netanyahu a assuré que l’invasion de Rafah ne se ferait pas "en laissant la population enfermée sur place" et c’est à ce niveau que les doutes émergent sur l’objectif ultime du port américain.
Sur le terrain, Israël poursuit ses préparatifs en vue d'une opération terrestre sur la ville surpeuplée de Rafah, dernier objectif de sa guerre d’extermination des Palestiniens.
La catastrophe humanitaire majeure provoquée par la guerre et la famine qui se précise dans le nord du territoire assiégé suscitent des inquiétudes grandissantes.
La bande de Gaza est devenue un "cimetière à ciel ouvert", a affirmé lundi le chef de la diplomatie de l'Union européenne, Josep Borrell, ajoutant que "la famine (était) utilisée comme arme de guerre".
Les combats qui se sont étendus jusqu'aux portes de Rafah, à l'extrême sud du territoire palestinien, font rage aussi dans le nord où l'armée a lancé lundi une opération sur le complexe de l'hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza.
Des combats accompagnés de bombardements ont commencé peu avant l'aube autour et dans l'enceinte de cet hôpital, que l'armée avait pris d'assaut le 15 novembre avant de s'en retirer.
Selon des habitants, "plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens" sont entrés dans al-Rimal, le quartier de l'hôpital.
Depuis le début de la guerre, les hôpitaux de Gaza sont souvent pris pour cible par l'armée qui prétend toujours que le Hamas utilise les civils comme des boucliers humains. L'Organisation mondiale de la santé s'est dite lundi "terriblement préoccupée" par les combats près de l'hôpital al-Chifa.
L'offensive à Rafah "aura lieu" -
Dans le sud du territoire, la ville de Rafah qui abrite près d'un million et demi de Palestiniens, selon l'ONU, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte, vit toujours sous la menace d'une offensive terrestre israélienne.
"Aucune pression internationale ne nous empêchera d'atteindre tous les objectifs de notre guerre (...). Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines mais cela aura lieu", a répété dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Situation alimentaire "catastrophique" -
Face à l'intransigeance des deux camps, les trois pays médiateurs, Etats-Unis, Qatar et Egypte, ne sont toujours pas parvenus à imposer une trêve.
Le Hamas, qui réclamait jusque-là un cessez-le-feu total avant tout accord, avait semblé la semaine dernière infléchir sa position en se disant prêt à une trêve de six semaines pendant laquelle 42 otages seraient libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens détenus par Israël.
"Nous avons accepté qu'il y ait un retrait partiel de la bande de Gaza avant tout échange, et après la première étape, un retrait total", a affirmé lundi un responsable du Hamas, Oussama Hamdan.
M. Netanyahu, qui se dit déterminé à poursuivre l'offensive jusqu'à l'élimination du Hamas, a indiqué qu'il n'accepterait pas un accord "qui rend Israël faible et incapable de se défendre".
Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle l'entrée de l'aide humanitaire.
Cette aide arrive principalement depuis l'Egypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses de la population et parvient très difficilement jusque dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes selon l'ONU.
Un habitant sur deux dans la bande de Gaza, soit plus d'1,1 million de personnes, connaît une situation alimentaire "catastrophique", en particulier dans le nord où la famine sévira d'ici le mois de mai en l'absence de mesures "urgentes", ont prévenu lundi les agences spécialisées de l'ONU.
Face à l'urgence humanitaire, plusieurs pays ont organisé des parachutages, devenus quotidiens, et ouvert un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d'approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres. (Quid avec AFP)