Par Abdelghani AOUIFIA Bureau de MAP à Pékin)

Beijing - Après une année 2023, marquée par une reprise économique timide, la Chine s’apprête à fêter, en février, l’avènement de l’année du Dragon, une aubaine pour donner un coup de fouet à la consommation, moteur majeur de croissance dans cette deuxième économie mondiale.

Des marques de luxe à la production culturelle, en passant par le voyage, le divertissement et les divers produits et services bon marché, tout est mis en œuvre pour attirer les consommateurs durant ce festival du printemps (10 au 17 février), de loin la plus importante période de vacances dans le pays.

Les Chinois, qui accordent une grande importance aux signes du zodiaque, envisagent cette année du Dragon sous de bons auspices. Selon la tradition de cet immense pays ancestral, la nouvelle année sera porteuse de « bonne fortune et de prospérité ».

Et c’est précisément de bonne fortune que la Chine a besoin en cette année 2024 pour persévérer sur la trajectoire tracée pour atteindre ce que le discours officiel qualifie de « développement de haute qualité ».

Après avoir mis fin, au début de 2023, à certaines des mesures anti-Covid19 les plus strictes au monde, la Chine s’attendait à une reprise économique solide. Mais cet espoir s’est heurté à une crise immobilière en spirale, une baisse de la confiance des consommateurs et un recul des investissements étrangers.

Au terme de cette année, durant laquelle l’incertitude s’est exacerbée dans le monde, la Chine a réalisé une croissance de 5,2% de son Produit intérieur brut, selon les chiffres officiels. Cette croissance est supérieure aux 5% fixés comme cible par le gouvernement central au début de 2023.

Pour 2024, le Fonds monétaire international s’attend à un recul de cette croissance à 4,6%. Un taux que la Chine tentera de dépasser. Le gouvernement chinois devrait publier prochainement ces objectifs de croissance pour 2024.

Le festival du printemps devrait marquer, selon les analystes, un « bon début » pour la Chine pour redynamiser la consommation. La semaine dernière, le ministère du Commerce du pays a proclamé 2024 « année de la consommation ». C’est pour dire combien ce vecteur est crucial pour le pays.

La machine est mise en branle. A l’approche de l’année du Dragon, les ventes de produits contenant des éléments de dragon ont connu une croissance explosive sur les principales plateformes de e-commerce du pays.

Selon les experts, cela indique non seulement la forte résonance de la culture traditionnelle chinoise parmi les consommateurs, mais aussi la vitalité du marché de consommation du pays.

La frénésie d’achat à l’approche des vacances devrait renforcer davantage la confiance des consommateurs et soutenir la reprise de la consommation, ont ajouté les experts cités par les médias.

Les données de la plateforme de e-commerce JD montrent, dans ce contexte, que les recherches de marchandises liées aux dragons ont dépassé les 23 millions de dollars depuis le début de janvier, les pièces commémoratives et les vêtements sur le thème des dragons se plaçant en tête de cette tendance.

Le marché des voyages extérieurs ne reste pas à l’écart de la frénésie en cette période de vacances, les réservations se multipliant par 15 pour certaines destinations.

Avec les mesures d’ouverture de la Chine et les accords d’exemption de visa conclus avec certains pays en Asie et en Europe, un grand nombre de touristes chinois prévoient de voyager à l’étranger pour les vacances de la fête du printemps, faisant de la Chine une force importante dans la promotion du développement du tourisme mondial, expliquent les analystes.

La contribution du tourisme extérieur chinois à la reprise économique mondiale devrait se poursuivre cette année, estiment les analystes, qui voient en ce secteur un moyen à même de permettre à la Chine d’atténuer les effets du découplage et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

D’après l’Académie chinoise du tourisme, la reprise du marché du tourisme de la Chine devrait s’accélérer en 2024, avec un nombre total de visites dépassant les 264 millions et des revenus se chiffrant à plus de 107 milliards de dollars.

Le paquet est, ainsi, mis par cette usine du monde pour, in fine, asseoir la reprise fragile réalisée en 2023 sur de solides fondements et l’inscrire dans la durabilité conformément aux objectifs économiques et géostratégiques à long terme du pays.