COP27: les Etats-Unis promettent de rester engagés, les pays du Sud s'impatientent

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Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, et la présidente du Groupe d'experts de haut niveau du Secrétaire général des Nations Unies sur les engagements nets zéro, Catherine McKenna, lors d'un panel d'experts de l'ONU à la conférence sur le climat COP27 au Centre international de convention de Sharm el-Sheikh, station balnéaire égyptienne du même nom sur la mer Rouge, le 8 novembre 2022. (Photo par JOSEPH EID / AFP)

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Le président américain Joe Biden restera "déterminé" dans la lutte contre le changement climatique quel que soit le résultat des élections aux Etats-Unis, a promis son émissaire mardi à la COP27, où les pays du Sud réclament des financements qui pourraient devenir astronomiques.

"La crise climatique ne menace pas seulement nos infrastructures, nos économies ou notre sécurité - elle menace chaque aspect de notre vie au quotidien", a mis en garde l'émissaire américain pour le climat John Kerry, au troisième jour de la grande conférence de l'ONU sur le climat, qui se tient à Charm el-Cheikh en Egypte.

"Le président Biden est plus déterminé que jamais à continuer ce que nous faisons", quel que soit le résultat des élections, et reconnaît la "responsabilité particulière" de son pays envers les nations en développement, a-t-il assuré.

Le président américain n'est pas présent en Egypte en même temps que les autres dirigeants, attendant ce mardi le résultat d'élections de mi-mandat cruciales pour son avenir politique. Il viendra toutefois vendredi à Charm el-Cheikh.

Les dirigeants ont continué de défiler mardi à la COP27, qui a inscrit officiellement à son agenda la question des pertes et dommages subis par les pays du Sud.

"Pollueur-payeur" 

"Ce n'est qu'une étape", a prévenu mardi à la tribune le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne, au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), menacés par la montée des eaux.

"Nous devons sans équivoque établir un fonds pour les pertes et dommages à cette COP" et il ne sera "qu'un modeste gage alors que nos membres perdent jusqu'à 2% de leur PIB en un jour à cause d'un seul événement climatique", a-t-il jugé.

"Il faut respecter le principe du pollueur-payeur, dans la solidarité", a dit à l'AFP le président du Sénégal et de l'Union africaine Macky Sall.

Ces discussions se tiennent dans un contexte toujours plus pressant de catastrophes, avec cette année des inondations historiques au Pakistan, une sécheresse qui menace de famine la Corne de l'Afrique et des records de chaleur en Europe cet été.

Le secrétaire général de l'ONU avait lundi exhorté les dirigeants à "coopérer ou périr". "C'est soit un Pacte de solidarité climatique soit un Pacte de suicide collectif", a tonné Antonio Guterres.

Cette solidarité doit se traduire en engagements financiers, notamment à destination des pays pauvres, et la question de l'argent est la plus âprement discutée à l'occasion de la COP27.

Les pays du Sud auront besoin de plus de 2.000 milliards de dollars par an d'ici 2030 pour financer leur action climatique, dont près de la moitié venant d'investisseurs extérieurs, selon un rapport commandé par la présidence de la COP publié mardi.

"Tâche gigantesque"

"Les pays riches devraient reconnaître que c'est dans leur propre intérêt vital, ainsi qu'une question de justice, compte tenu des graves effets causés par leurs émissions élevées hier et aujourd'hui, d'investir dans l'action climatique" dans ces pays, a souligné Nicholas Stern, économiste de renom qui a cosigné le rapport.

Mais si les acteurs privés sont appelés à la rescousse, ils doivent respecter des règles, ont aussi prévenu des experts de l'ONU, mettant en garde contre les fausses promesses de "neutralité carbone": pas d'investissements nouveaux dans les énergies fossiles, pas de "compensation" bon marché des émissions, pas de déforestation.

Face aux immenses besoins, des voix de plus en plus nombreuses appellent à une réforme du système financier international conçu à la fin de la Seconde guerre mondiale, pour mieux aider des pays comme le Pakistan, où des inondations ont submergé un tiers du territoire et affecté quelque 33 millions de personnes, causant plus de 30 milliards de dollars de dégâts et pertes économiques.

Le pays doit se préparer désormais à passer l'hiver, avec des millions de personnes à reloger. "Comment peut-on attendre de nous qu'on entreprenne cette tâche gigantesque seuls?", a demandé le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif à la tribune.

Le président d'Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, a aussi regretté une aide multilatérale "hors de portée de la majorité de la population mondiale en raison de politiques de prêts peu enclines à prendre des risques, assorties de coûts et de conditions onéreux".

Pour l'immédiat, Gaston Browne a réclamé que les géants du pétrole et du gaz, qui réalisent des bénéfices stratosphériques cette année, passent à la caisse. "Il est temps que ces entreprises paient une taxe carbone mondiale sur ces profits pour financer les pertes et préjudices", a-t-il exigé. (AFP)

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