Dans la bande de Gaza, construire un abri sur les ruines de sa maison

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Des Palestiniennes devant des abris érigés à l'extérieur d'un bâtiment endommagé à la suite d'un bombardement israélien dans le camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 mars 2024, dans le cadre du conflit en cours dans le territoire palestinien entre Israël et le groupe militant du Hamas. (Photo par SAID KHATIB / AFP)

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L'abri illusoire surmonte ce qui reste de sa maison en ruines. Mais "où aller ?", interroge Oum Nael al-Kahlout, dans une bande de Gaza ravagée par plus de cinq mois de guerre d’extermination des Palestiniens par Israël.

Cette maison de cinq étages, à Jabaliya, la sexagénaire dit avoir mis trente ans à l'achever avec son mari.

Revenue dans cette ville du nord du territoire palestinien après "le départ des Israéliens" de la zone, elle a été "choquée" de la voir à terre. Oum Nael et son mari, Saed Ismail, ont alors décidé de construire un abri sur les ruines.

"Nous avons découvert que toute la maison s'était effondrée, les cinq étages. L'un des étages était un studio équipé de caméras, de matériel et d'ordinateurs, tout est sous les décombres", dit-elle, assise sur un canapé dans cet abri ouvert aux quatre vents.

"Nous avons alors installé un abri sur les décombres. Ce sont nos souvenirs, notre maison, nous avons travaillé dur pour la construire. Nous restons ici car où aller ? Il n'y a pas d'abri. Toutes les maisons sont détruites, même si vous voulez aller chez vos proches, leurs maisons sont également détruites", lance-t-elle.

Quelques parpaings font office d'escalier.

Une pendule toute cabossée accrochée sur un pilier encore debout. Quelques plantes vertes dérisoires dans une jardinière de béton. Et une guirlande de fanions rouges, pour tenter d'apporter un peu de gaieté face au paysage de désolation environnant l'abri.

Tout n'y est que ruines, conséquence des bombardements incessants de l'armée israélienne depuis le début des bombardements massif de Gaza. 

"Des années" pour venir à bout des décombres

Le génocide israélien lancée a fait jusqu'à présent 31.819 morts dans la bande de Gaza, dont 13.000 enfants dans un bilan de l’Unicef et autant de femmes, en tout, valeur d’il y a un mois, plus de 25.000 reconnus par le Pentagone américain. Les Palestiniens font état de près de 80.000 blessés de différents degrés de gravité

Selon l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, l'Unrwa, "les destructions dans la bande de Gaza ont entraîné 23 millions de tonnes de décombres" dans l'étroit territoire côtier.

"Il faudra des années pour se défaire des décombres", a-t-elle estimé, dans un message publié sur X vendredi.

Dans leur abri extrêmement précaire, l'urgence pour Oum Nael et son mari est de trouver à manger.

"Nous allons dans les associations caritatives et nous faisons la queue, avec l'espoir de recevoir de la mauve", une herbe sauvage avec laquelle le couple fait de la soupe. "C'est toujours de la mauve, nous ne mangeons rien", dit Saed Ismail.

La situation humanitaire est particulièrement catastrophique dans le nord de la bande de Gaza, où vivaient le couple et environ 300.000 Gazaouis sur une population totale de 2,4 millions de personnes.

Les agences spécialisées de l'ONU ont mis en garde lundi contre une famine générale, qui a déjà touché des milliers de personnes, dans cette région d'ici le mois de mai en l'absence de mesures "urgentes". (Quid avec AFP)