Dans le village de son grand-père indien, les prêtres prient pour le succès de Kamala Harris

5437685854_d630fceaff_b-

Une affiche de la vice-présidente américaine Kamala Harris dans son village ancestral de Thulasendrapuram, dans l'État du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde, le 23 juillet 2024, après qu'elle a été soutenue pour l'élection présidentielle de l'automne. (Photo Idrees MOHAMMED / AFP)

1
Partager :

Le dieu de la vérité et de la justice est du côté de Kamala Harris, assurent des prêtres hindous du village des ancêtres indiens de la vice-présidente des Etats-Unis, qui prient pour son élection à la présidentielle de novembre.

Une unique et étroite route bordée de cocotiers mène à Thulasendrapuram, un village entouré de rizières de l'Etat méridional du Tamil Nadu, où a habité le grand-père maternel de Mme Harris, propulsée dans la course à la Maison-Blanche après le retrait de Joe Biden dimanche.

En cas de nomination par le parti démocrate, elle deviendra la première femme noire et originaire d'Asie du Sud à briguer la présidence des Etats-Unis.

Un grand portrait d'elle, tout sourire, trône déjà à l'entrée du village près du principal temple.

Des prières communautaires ont commencé ici le lendemain de l'annonce de Joe Biden, qui a aussitôt affiché son soutien à sa vice-présidente, et elles devraient se poursuivre jusqu'au jour du scrutin.

Quelques heures après le lever du soleil, le prêtre en chef, M. Natrajan, vêtu d'un sarong, a rendu hommage avec des offrandes de douceurs et de pudding au riz à Dharmasastha, le dieu hindou de la justice et de la vérité, auquel le temple séculaire est dédié.

"Nous avons prié pour elle et elle est devenue vice-présidente" lors de la précédente élection américaine de 2020, affirme-t-il à l'AFP.

"Avec la bénédiction de notre divinité toute-puissante, nous sommes confiants dans le fait qu'elle deviendra désormais aussi présidente", ajoute cet homme de 61 ans.

Un autre grande portrait de Mme Harris se dresse à l'extérieur du temple, décoré de motifs complexes, et des dizaines de villageois s'y pressent.

Les prières vont s'amplifier à mesure que les élections approcheront, explique M. Natrajan, qui est également vétérinaire à la clinique voisine.

Le nom de Mme Harris figure sur une liste de donateurs sur un des murs du temple, mais elle n'a pas visité le village depuis qu'elle est devenue vice-présidente.

"Cette fois si elle gagne encore, les célébrations seront plus grandioses que tout ce que le village a jamais vu", prédit le prêtre. "Après être devenue présidente, elle devra nous rendre visite".

Les offrandes ont été "faites par les habitants du village", dit J Sudhakar, 50 ans, un influent dirigeant local. "C'est un effort collectif de tout le monde au village pour l'une des nôtres".

Grandes attentes 

Le grand-père maternel de Mme Harris, PV Gopalan, a quitté le village des décennies auparavant, mais les habitants assurent que la famille a gardé des liens étroits et a régulièrement fait des dons pour l'entretien du temple.

Kamala Harris, 59 ans, est née en Californie, mais elle a régulièrement accompagné en Inde sa mère, la spécialiste du cancer du sein Shyamala Gopalan, et a souvent parlé de l'influence de son grand-père maternel.

Vijay Kumar, un employé du gouvernement, souligne que le village a bénéficié de la notoriété de Mme Harris. Une banque commerciale locale a ainsi donné 10 millions de roupies (120.000 dollars) pour rénover un réservoir longtemps abandonné dans le secteur.

"Ils ont fait cela uniquement à cause de l'association de Kamala Harris avec notre village", estime le fonctionnaire de 59 ans.

Et avant même qu'elle ne brigue la présidence du pays le plus puissant du monde, les attentes sont grandes dans cette région du sud de l'Inde.

"Seuls les très brillants peuvent aller en Amérique, mais si elle peut faire venir des entreprises dans notre région, nos enfants pourront y travailler", espère M. Sudhakar.

"Elle était vice-présidente et va maintenant devenir présidente, mais elle devrait faire quelque chose pour nous aussi. Quel est l'intérêt sinon ?", juge T Selvi, une agricultrice de 53 ans. (AFP)