El Conquistador et la Guerre Commerciale. 2/3 - Par Samir Belahsen

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Nous sommes Dimanche 6 avril 2025, alors qu’elles ne devaient être qu’une menace pour aboutir à des « deals », les mesures tarifaires sur les droits de douane se sont avérées une arme de destruction massive économique

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Dans cette deuxième partie de El Conquistador et la guerre commerciale, Samir Belahsen analyse l’escalade protectionniste initiée par Donald Trump, aux conséquences dévastatrices pour l’économie mondiale. Droits de douane massifs, marchés en chute libre, réactions en chaîne de la Chine et de l’Europe : la mondialisation vacille. Plus qu’un conflit économique, cette guerre marque une fracture stratégique dans l’ordre mondial et questionne l’avenir d’un Occident de plus en plus divisé.

Deuxième partie : la guerre commerciale

« C'est un nouveau coup dur pour l'économie mondiale. Il n'est pas trop tard pour négocier, mais les Européens travaillent à un nouveau paquet de contre-mesures. » 

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.

« J'espère que Donald Trump pourra revenir sur cette décision. Ce n'est pas une bonne idée économique, ni une bonne idée géopolitique. Il y a une forme de paradoxe à voir les principaux alliés des États-Unis être les premiers taxés. » 

Une déclaration de guerre économique

Nous sommes Dimanche 6 avril 2025, alors qu’elles ne devaient être qu’une menace pour aboutir à des « deals », les mesures tarifaires sur les droits de douane se sont avérées une arme de destruction massive économique. Donald Trump et ses proches acolytes continuent, à ce jour, à les imaginer capables d’enrichir leur pays.

Donald Trump avait annoncé le 2 avril des droits de douane plus protectionnistes encore que ceux qui étaient pratiqués dans les années 1930. Une déclaration de guerre économique. Une guerre au reste du monde.

Pour beaucoup de commentateurs, le “Liberation Day” Jour de la libération” décrété par Trump est économiquement une folie.

Un coup fatal et spectaculaire contre l’ordre économique mondial que les USA ont contribué à ériger et à faire perdurer depuis la seconde guerre mondiale. 

Pour El Conquistador, les USA en sont une victime, lésés par les partenaires. Le justicier a annoncé, dans le décor de la roseraie de la Maison Blanche, des taxes douanières inédites. 

« Notre pays a été pillé, saccagé, violé et dévasté par des nations proches et lointaines, des alliés comme des ennemis »

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Finie est la mondialisation, faire des USA une forteresse permettrait la renaissance de la base industrielle américaine, selon lui.

Les mesures annoncées

Oubliant les accords bilatéraux et multilatéraux, il a décrété 34 % de droits de douane additionnels sur les importations chinoises ; 20 % sur celles en provenance de l’Union européenne (UE), 32 % sur Taïwan et 24 % sur le Japon. Et 10 % pour le reste du monde (dont la Maroc). 

Les politiques ont déploré, regretté, critiqué et appelé à négocier. Certains ont préféré le silence. Certains ont riposté…

Ursula von der Leyen a qualifié les conséquences de "désastreuses" pour l'économie mondiale.

Emmanuel Macron a qualifié la décision de "brutale et infondée".

La Chine a réagi dès le 4 avril, Pékin a décrété des droits de douane supplémentaires de 34 % sur les produits américains, avec une rentrée en vigueur dès le 10 avril.

En plus, la Chine a suspendu certaines importations de volailles et de sorgho. Puis Pékin a déposé une plainte auprès de l'OMC. Pékin a enfin appelé les États-Unis à annuler ces droits de douane et au dialogue.

C’est la douche froide pour les marchés financiers. Les bourses dévissent.

Wall Street a connu une chute significative, avec une baisse de près de 6% à la clôture, et les bourses européennes ont suivi avec des baisses notables pour le DAX, le CAC 40 et le FTSE 100. 

Les experts s'attendent à une instabilité persistante des marchés financiers, avec des risques d'inflation et de réduction des échanges commerciaux mondiaux, exacerbés par les mesures de rétorsion attendues principalement de la Chine et de l’union européenne. On rentre dans une ère où l'incertitude économique pourrait laisser place à l’incertitude politique.

Jean-Paul Sartre disait : « L’économie est une science triste ; mais elle est belle, parce qu'elle est triste. » 

Que devient l’occident ?

Dans cet environnement de tensions et d’incertitudes croissantes, on peut objectivement constater que les implications de la guerre commerciale s'étendraient bien au-delà des simples enjeux économiques. 

Elles toucheraient à la souveraineté nationale, à la gestion et à l'arbitrage des conflits et enfin à la redéfinition des alliances. 

Cette obsession populiste grandissante pour le protectionnisme pourrait conduire à un regain d'interventionnisme, à des rivalités et des clivages non seulement sur le plan commercial, mais aussi, et au moins culturel et technologique. 

La guerre commerciale d’El Conquistador incarnerait non seulement une rupture avec le libre-échange traditionnel, mais également à une inflexion significative des relations économiques entre les puissances occidentales, entre elles, et celles avec leurs rivaux émergents (BRICS+). 

Il est peut-être prématuré de prévoir l’effet de la guerre commerciale sur le dollar américain (qui ne doit pas être sous-estimé) mais on peut y voir une incitation durable à la dédollarisation.

Les répercussions de cette guerre commerciale pourraient redéfinir les relations économiques internationales pour les décennies à venir.

La montée des nationalismes en occident, catalysée par des politiques souverainistes, protectionnistes et un discours anti-globalisation, modifiera encore plus le paysage politique et économique, tant aux États-Unis qu'en Europe.

L'Occident, plus divisé que jamais, est amené à se repenser, à repenser ses stratégies, tant dans son approche des échanges internationaux que dans sa capacité à affronter le retour en force des nationalismes. Seul un équilibre entre protection et ouverture lui permettrait la reconquête de la confiance des citoyens. 

Il en va de sa survie…

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