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Elections de mi-mandat : New York, la ''forteresse démocrate'', est-elle imprenable? – Par Karim Aouifia
Les démocrates sentant le danger ont fait appel aux services de la vice-présidente Kamala Harris et de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton
Par Karim AOUIFIA (Bureau de la MAP à New York)
New York - New York a toujours été un État éminemment démocrate où prévalent les valeurs capitalistes et progressistes avec un accent gauchiste qui a pris de l'ampleur ces dernières années.
Pour certains observateurs, la “forteresse démocrate” risque de vaciller à l’occasion des élections de mi-mandat qui se déroulent ce mardi, un rendez-vous durant lequel les électeurs américains, y compris les New-yorkais sont appelés à départager démocrates et républicains et décider du sort de la majorité au sein de la Chambre des représentants et du Sénat.
Cette année, le doute et l’incertitude gangrènent les démocrates qui redoutent une “vague républicaine” surtout que les New-yorkais sont de plus en plus exaspérés par un contexte économique difficile, aggravé par une inflation galopante, au moment où les politiques de l’administration Biden et de son parti démocrate ne parviennent toujours pas à inverser la tendance et à éclaircir les perspectives dans un État des plus chers au pays de l’Oncle Sam.
Dans l’Assemblée de l’Etat (la chambre basse de la législature new-yorkaise) où les démocrates jouissent d’une super-majorité avec 107 sièges sur 150, la partie sera rude et très disputée, écrit le grand tirage américain “Washington Post”, relevant que cette majorité qui dure depuis près d’un demi-siècle risque de s’évaporer si les démocrates perdent huit siège.
Pour plusieurs experts au fait de la vie politique dans l'État-Empire, il s’agit d’une mission difficile pour les républicains dans une chambre basse où les démocrates sont solidement établis. Or, cette mission s’adoucit et devient à portée de main lorsqu’il s’agit de la course aux 63 sièges du Sénat de l’Etat.
“Alors que l'Assemblée est sous l’emprise solide des démocrates, les républicains semblent bien placés pour faire des percées au Sénat, où des courses très serrée se déroulent dans une douzaine de districts (circonscriptions), de l'ouest et du centre de New York jusqu’au Long Island”, fait observer le Post.
Bien que les républicains du Sénat soient confrontés à un défi très difficile pour regagner la majorité qu'ils ont perdue au profit des démocrates en 2018, ils auraient besoin de rafler 12 sièges, tandis que les démocrates ne sont qu'à un siège de perdre leur super-majorité des deux tiers dans cette chambre composée de 63 sièges.
Une marée républicaine n’est pas à écarter dans cette chambre d’autant plus que la plupart des représentants démocrates sont engagés dans des courses très serrées en raison d’un climat politique favorable aux républicains, relèvent des experts cités par des médias.
Les candidats du Grand Old Party ont axé leur campagne sur les préoccupations des électeurs concernant l’inflation, la hausse des prix des produits alimentaires et des logements et la sécurité publique, tout en pointant du doigt la responsabilité des démocrates dans la cherté de vie et la recrudescence de la criminalité.
Afin de se prémunir contre une “vague républicaine apocalyptique” au Sénat, les démocrates ont besoin de mobiliser leurs électeurs qui sont de loin plus nombreux que les républicains, estime le Washington Post.
Pour d’autres candidats à New York et dans d’autres Etats du pays, il y a lieu de prendre ses distances avec la ligne actuelle du parti démocrate pour pouvoir séduire les électeurs modérés et indépendants dont ils ont besoin pour gagner les élections, préserver la majorité dans les deux chambres du Congrès et, partant, sauver l’agenda législatif de l’administration Biden.
Une autre bataille aussi décisive qui suscite les craintes du leadership démocrate est celle engagée pour le poste important de gouverneur. Désormais occupé par la démocrate Kathy Hochul qui s’est retrouvée au devant de la scène après la démission d’Andrew Cuomo en 2020, suite à des accusations d’harcèlement sexuel, ce poste s’est transformé au cours des deux dernières décennies en “chasse gardée” des démocrates.
Dans le cadre de ses efforts pour devenir la première femme élue au poste de gouverneur, Hochul a entamé sa campagne sous de bonnes auspices, avec un avantage significatif sur son rival républicain, Lee Zeldin, en essayant de remettre en question les liens "étroits" de ce dernier avec l’ancien président Donald Trump, outre ses positions sur le droit d’accès à l’avortement.
Or, cette avance s’est rétrécie à 4 points de pourcentage seulement au lieu de 17 il y a un mois, en faveur du candidat républicain qui a réalisé des gains importants en “surfant” sur les inquiétudes des électeurs potentiels au sujet de la sécurité publique, l’inflation et l'augmentation des crimes. Sur ce dernier point, Zeldin a fait savoir qu’il compte déclarer “l’urgence criminelle”, s’il remporte la course au poste de gouverneur.
“Zeldin voit dans sa campagne une croisade contre le parti unique dans l’Etat de New York, en cherchant à drainer le soutien des électeurs modérés et indépendants qui sont avides de changement”, écrit Politico.
Pour Seth Barron, rédacteur en chef de l’American Mind et auteur du livre "The Last Days of New York" (Les derniers jours de New York), Mme Hochul est au bord d’une "défaite historique", soulignant que le “modèle bleu de New York”, fait d’une épaisse infrastructure de services sociaux financée par des impôts élevés et encouragée par un syndicat du secteur public hautement politisé, semble en danger d’être rejeté par un électorat qui s’interroge de plus en plus sur l’utilité d’un gouvernement aussi coûteux.
Ressentant le danger d’une surprise au goût amère, le leadership démocrate a fait appel aux services de la vice-présidente Kamala Harris et de l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton qui s'étaient rendues à la capitale new-yorkaise, Albany, la semaine dernière afin de porter secours au gouverneur sortant et prévenir une victoire républicaine qui risque de brouiller les cartes pour un parti qui se considère invincible à New York, la “citadelle” du libéralisme aux Etats Unis.