ELON MUSK, LA FUSÉE ... Par Mustapha SEHIMI

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Musk a pour obsession le futur, Trump promet de rendre à l'Amérique son passé. Pour l’instant ensemble ils dansent jusqu’à ce que l’un ou l’autre s’en lasse ou s’en lassent, l’un ou l’autre se dit ou se disent, il est mort le grammairien du monde

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Quel profil ! Et quel parcours! Né à Prétoria (Afrique du Sud) en 1971, il est multicartes. À tous égards. Serial entrepreneur, chef d'entreprise, homme politique et milliardaire - le plus riche du monde avec quelque 440 milliards de dollars (trois fois le PIB du Maroc...). En plus de sa nationalité sud-africaine, il est également canadien et américain. Il est cofondateur et président directeur général de la société astronautique Space X, directeur général de la société automobile Tesla.

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Il a apporté son soutien à Donald Trump pour son élection à un second mandat. Son rachat de Twitter pour 44 milliards de dollars et sa nouvelle dénomination X a pesé fortement dans ce sens. Avant même1'investiture officielle de Trump ce 20 juin 2025, il a ouvert la nouvelle année sur une offensive antidémocratique et anti-européenne. Figurent en haut dans ce tableau de chasse, les dirigeants des grands pays européens, pourtant alliés des États-Unis, de préférence sociaux démocrates. Trump s'acharnait contre la chancelière Angela Merkel. Sous Trump II, Elon Musk s'en prend à son successeur, Olaf Scholz, et au président de la République fédérale allemande, Frank-Walter Steinmer, qualifié de "tyran antidémocratique" après avoir traité le premier d'être un "idiot incapable" ou encore d'"imbécile incompétent" après l'attaque mortelle du marché de Noël de Magdebourg, qui a fait cinq morts, dont un enfant de cinq ans. Dans la foulée, il a même exigé la démission du chancelier allemand. 

Qui l'arrêtera?

Le soutien d'Elon Musk au parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne ( AFD) a suscité la controverse dans ce pays, quelques semaines avant les élections fédérales du 23 février prochain. Il a été accusé d'"ingérence" dans la campagne électorale. Ce n'est pas son coup d'essai. Dans une tribune publiée auparavant dans un journal allemand, il a apporté son soutien au même parti d'extrême droite, l'AFD, sur l'énergie, la relance économique et les migrations. Signe qu'il n'entend pas renoncer à sa liberté d'expression, le milliardaire a annoncé une discussion publique à venir avec Alice Weidel, présidente du groupe parlementaire de l'AfD au Bundestag et porte-parole nationale de ce parti.

Mais il y a plus. Ces derniers jours, les tensions montent entre Elon Musk et le gouvernement britannique après ses critiques sur la gestion par ce cabinet d'une vaste affaire d'exploitation de jeunes filles impliquant 1.500 jeunes filles, majoritairement des mineures, sur plusieurs décennies, la plupart des auteurs de ces crimes étaient des hommes d'origine pakistanaise. Le Premier ministre, Keir Starmer, a été dénoncé pour son inaction dans cette affaire, son gouvernement étant accusé de diriger "un État policier britannique..." Il s'en est même pris au passage à la France, invoquant le fait que sans l'intervention des Américains pendant la seconde guerre mondiale, "les Français parleraient aujourd'hui allemand ou russe..." L'homme dérange : il suscite autant l'admiration que la haine, parfois les deux sentiments à la fois. Assurément, il est hors du commun. Il est imprévisible avec des idées par ailleurs extraterrestres. L'on parle d'une "fusée Musk". Qui l'arrêtera ? A partir du 20 janvier 2025, il sera à la tête d'un nouvel organisme dédié à l'efficacité gouvernementale aux États-Unis; il continuera en plus à diriger les entreprises Tesla (véhicules électriques Spacs X (fusées réutilisables), Starlink (satellites), xAI ( intelligence artificielle ), Neuralik ( implants cérébraux) sans oublier le réseau social X. La mission qui lui a été confiée par le président Trump, à ses côtés mais sans être membre de l'exécutif, est de "démanteler la bureaucratie gouvernementale, sabrer les régulations excessives, supprimer les dépenses excessives et restructurer les agences fédérales". Des prévisions de réduction de dépenses de l'ordre de 1.000 milliards de dollars sur un budget fédéral de 6.700 milliards de dollars. 

Changer la planète...

Il veut changer la planète, et même la quitter. Il recherche des solutions au changement climatique; il veut rendre l'humanité multiplanétaire; il se préoccupe de mettre une puce dans le cerveau des hommes. Dans ce dernier registre, sa société Neuralik a mis au point en 2016 un implant neuronal présenté comme une solution thérapeutique : une puce invasive visant "l'augmentation à l'avenir des capacités du cerveau humain". Autre projet : le programme Grok, le générateur de textes et d'images et la création d'une école, Ad Astra (" vers les étoiles" en latin) avec la particularité de l'apprentissage des langues pratique et la résolution de problèmes et ce sans apprentissage des langues. Ses fulgurances sont parfois contestables, telle sa remise en cause de l'utilité des vaccins...

Dans le monde des milliardaires américains, Elon Musk a sans doute des alliés: Jack Dorsey, ancien PDG de Twitter, qui partage avec lui ses vues sur la liberté d'expression; Larry Ellison, cofondateur d'Oracle qui apprécie ses visions de chef d'entreprise; Sergey Brin, cofondateur de Google; Peter Thiel, cofondateur de PayPal; Reid Hoffman, a cocréateur de Linkedn. Mais par ailleurs, les rivaux ne manquent pas : Bill Gates, cofondateur de Microsoft avec lequel il a de nombreux différends sur les vaccins ou le climat; Jeff Bezos, fondateur d'Amazon, en compétition ouverte dans le domaine de la conquête spatile; Mark Zuckerberg, PDG de Meta, en opposition sur l'intelligence artificielle etc.

Reste la relation et le duo Elon Musk - Donald Trump. Il a dépensé plus de 260 millions de dollars pour l'élection de son candidat républicain. Lui, il a pour obsession le futur alors que Trump promet de rendre à l'Amérique son passé. Le premier multiplie les records, le second hait qu'on lui fasse de l'ombre. En plaisantant, en novembre dernier, Trump avait déclaré : "Elon ne veut pas rentrer chez lui. Je n'arrive pas à m'en débarrasser. Du moins jusqu'à ce que je ne l'aime plus... ".

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