International
En Tunisie, la non fixation d’une date pour la prochaine présidentielle inquiète
L’alerte a été donnée par le parti du Courant populaire qui a appelé, lundi, à accélérer la fixation d’une date pour la prochaine élection présidentielle, jugeant "indispensable" de respecter le calendrier politique dans la réinstallation des institutions de l’Etat
Tunis - Des mois après l’annonce par l’instance électorale tunisienne d’une date provisoire des prochaines élections présidentielles, la scène politique en Tunisie demeure toujours suspendue à la publication d’un calendrier définitif de cette importante échéance pour le pays.
Soucieuses de garantir un scrutin libre et transparent, plusieurs voix se sont élevées au sein des partis politiques et de la société civile en Tunisie pour réclamer une date précise de la prochaine élection présidentielle, afin de mettre fin à la polémique autour de cette importante formalité dans tout processus électoral.
L’Instance électorale indépendante (Isie) avait indiqué que l’élection présidentielle tunisienne se tiendra dans les délais soit entre septembre et octobre prochains, après la publication du règlement relatif aux conditions de candidature à la Présidentielle conformément à la constitution de 2022.
L’alerte a été donnée par le parti du Courant populaire qui a appelé, lundi, à accélérer la fixation d’une date pour la prochaine élection présidentielle, estimant que la publication du décret réglementant ce rendez-vous électoral permettra, si besoin est, de mettre fin à cette polémique.
La formation politique a jugé "indispensable" de respecter le calendrier politique dans la réinstallation des institutions de l’Etat.
Un avis partagé par le réseau “Mourakiboun” qui a réclamé pour sa part la fixation d’une date pour la prochaine élection présidentielle, de manière à garantir la transparence de ce scrutin.
Face à cette confusion, une centaine de personnalités publiques et politiques tunisiennes ont mis en garde contre toute atteinte à l’intégrité et la transparence du processus électoral en Tunisie notamment l’élection présidentielle prévue fin 2024.
Dans une déclaration conjointe, ces personnalités issues du monde politique et de la société civile ont appelé à la préservation du processus électoral en respectant les conditions préétablies de candidature et les droits des candidats qui seront en lice pour ces échéances électorales.
Les signataires de la pétition considèrent que l’introduction des modifications à la loi électorale et aux conditions de candidature à la prochaine présidentielle à l’exception des conditions de l’âge et de la nationalité risque de porter atteinte à la crédibilité de ces échéances.
Selon la Constitution du 25 juillet 2022, la présidentielle se tient au cours des trois derniers mois du mandat présidentiel. La dernière élection présidentielle a eu lieu en octobre 2019.
Le Président de la République est élu pour un mandat de cinq ans au suffrage universel, libre, direct et secret, à la majorité absolue des voix exprimées, selon le texte de la Constitution.
Alors que le boycott est devenu la norme dans les principales échéances électorales post juillet 2021, date où le président tunisien s’est emparé des pleins pouvoirs, la prochaine présidentielle fait déjà l’objet de plusieurs menaces de boycott par les formations d’opposition, faute de conditions garantissant des élections libres et transparentes.
Le Front de salut national, principale coalition d’opposition en Tunisie, a annoncé qu’il ne présentera pas de candidat à la prochaine élection présidentielle, regrettant l’absence des conditions nécessaires pour une "compétition libre et transparente".
Le Président du FSN Ahmed Nejib Chebbi a conditionné la participation de sa formation par l’évolution de la situation politique et la libération des détenus politiques incarcérés à l’issue d’un large coup de filet sécuritaire l’année dernière.
Plusieurs questions préoccupent également les observateurs de la scène locale, notamment le rôle de l’instance électorale l’ISIE, chargée de contrôler le bon déroulement de l’élection et dont les membres sont nommés par le président de la République, ce qui soulève des interrogations quant à sa neutralité, selon plusieurs analyses.
D’autres observateurs s’inquiètent aussi de l’absence de la Cour constitutionnelle, un pilier dans l’architecture institutionnelle, ce qui laisse un important vide sur le plan constitutionnel, à l’approche des échéances tant cruciales pour dessiner le paysage politique du pays.
La Tunisie a connu ces deux dernières années des échéances électorales instaurant un mode de gouvernance par la base, dont les plus marquantes sont les élections législatives de fin 2022 et les élections locales de décembre et février derniers, largement boudées par les Tunisiens. (MAP)