Gaza : l'aide humanitaire attend désespérément en territoire égyptien à cause des bombardements israéliens

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L’aide humanitaire est presque un leurre puisqu’il s’agit tout au plus de 20 camions qui seront autorisés à entrer en territoire gazaoui.

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Les Palestiniens assiégés et sous blocus total à Gaza attendent désespérément jeudi les camions d'aide humanitaire promis par le président américain, Joe Biden, et l'Egypte, au 13e jour d'une guerre meurtrière qui se poursuit, en dépit d'une intense activité diplomatique. Presque un leurre puisqu’il s’agit tout au plus de 20 camions qui seront autorisés à entrer en territoire gazaoui.

Israël a continué jeudi de pilonner la bande de Gaza, tandis que les convois d'aide humanitaire qui doivent se rendre sur cette langue de terre exiguë où vivent 2,4 millions de Palestiniens sont bloqués depuis des jours à la frontière avec l'Egypte, au point de passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par Israël, mais rendu impraticable par les bombardements israéliens.

"C'est dur depuis trois nuits, mais la nuit dernière a été la plus dure", a déclaré jeudi à l'AFP une habitante de la ville de Gaza, Umm Mohamed Abu Ziada.

Près de 3.500 personnes, pratiquement tous des civils, enfants et femmes, ont été tuées à Gaza, selon le ministère palestinien de la Santé contrôlé par le Hamas.

Des quartiers entiers ont été rasés et se retrouvent sans eau, sans nourriture ni électricité, et plus d'un million de personnes ont été déplacées après le siège imposé par Israël le 9 octobre à Gaza, déjà soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

En Israël, plus de 1.400 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes, et le nombre d'otages du Hamas a été revu à la hausse à 203 personnes jeudi.

"On est prêts 

Au terminal de Rafah entre l'Egypte et Gaza, des Egyptiens réparaient jeudi les dégâts des bombardements israéliens en vue du passage des camions d'aide, rapportent des témoins à l'AFP. Et des dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi matin dans l'espoir d'une réouverture du point de passage.

"On est prêts avec nos sacs", assure Mohammed, 40 ans, qui travaille pour une institution italienne et attend depuiis trois jours avec sa famille de pouvoir passer la frontière.

"Nous voulons faire passer autant de camions que possible. Il y en a, je crois 150 environ", a déclaré mercredi soir le président américain. Mais "si le Hamas (s'en) saisit ou ne les laisse pas passer (..) alors ce sera fini", a-t-il averti.

Jeudi soir, le président américain doit s'adresser aux Américains depuis la Maison Blanche pour tenter de les souder derrière Israël et l'Ukraine, pays en guerre contre la Russie qui a envahi son territoire début 2022.

La veille, il avait tenté de mettre Israël hors de cause pour la frappe meurtrière contre l'hôpital de Gaza.

Cette frappe a fait au moins 471 morts parmi des déplacés du conflit qui s'abritaient dans l'enceinte de l'hôpital, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas. Européens et Israéliens essayent de minimiser le nombre des victimes, ce qui sonne comme un aveu de la responsabilité israélienne dans cette attaque. Probablement beaucoup moins, a osé affirmer un haut responsable européen du renseignement anonyme, interrogé par l'AFP et qui évalue à "quelques dizaines" le nombre de morts de cette frappe mardi soir, sans fournir aucun élément qui lui permettent de telles assertions. Sur la meme longueur d’onde, un porte-parole de l'armée israélienne, Jonathan Conricus, a également contesté le nombre de 471 morts avancé par le Hamas, se contentant de se demander "Où sont tous les corps?" dans un territoire fermé, coupé d’Internet, d’électricité et d’eau.

Les photos et vidéos de l'AFP montrent des dizaines de corps dans des draps, des sacs mortuaires noirs ou sous des couvertures.

-"Preuves" 

Israël a affirmé avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique, un autre mouvement palestinien, dans la frappe sur l'hôpital.

Photos à l’appui, comme l’ancien secrétaire d’Etat américain, Colin Powell, au Conseil de sécurité de l’Onu pour les armes de destruction massive irakiennes, un mensonge avéré, un porte-parole de l’armée israélienne, Jonathan Conricus, a répété que ce n’était "pas une bombe israélienne car il n’y a pas de cratère sur les photos" lors d’un point de presse dans la nuit de mercredi à jeudi.

Selon le Jihad islamique, un groupe allié du Hamas, c'est une bombe larguée par un avion de l'armée israélienne qui a causé la tragédie.

Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à travers le monde arabe exprimant leur indignation après ce drame, qu'ils imputent à Israël, malgré son démenti.

D'importants rassemblements ont eu lieu notamment à Amman, Tunis, Beyrouth et Damas après cette frappe qui a suscité des appels à une "journée de colère" dans le monde arabe.

Sur le plan diplomatique, plusieurs pays s'activent pour éviter un embrasement régional. Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, est arrivé jeudi en Israël, première étape d'une tournée régionale, pour appeler à éviter une escalade de la guerre.

Le président égyptien et le roi Abdallah II de Jordanie ont lancé un appel jeudi réclamant l'"arrêt immédiat" du conflit à Gaza et accusé Israël d'infliger à ce territoire une "punition collective" visant à "affamer" les Palestiniens et à les "forcer au déplacement", selon Amman.

Ces deux pays, qui ont souvent joué les médiateurs entre Israéliens et Palestiniens, mettent en garde depuis plusieurs jours contre un "déplacement forcé" de Palestiniens sur leur sol.

A Pékin, le président chinois, Xi Jinping, a déclaré au Premier ministre égyptien que son pays souhaitait "travailler avec l'Egypte, afin d'apporter plus de stabilité à la région et au monde".

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a entamé de son côté jeudi une nouvelle tournée au Proche-Orient, qui doit le mener jusqu'à samedi en Jordanie, en Israël et au Liban.

La tension reste forte aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah libanais, ainsi qu'en Cisjordanie où 64 Palestiniens incluant 18 enfants ont été tués depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan de l'ONU. Washington et Londres ont appelé jeudi leurs ressortissants à quitter le Liban. (Quid avec AFP)