International
Israël met fin à son opération militaire en Cisjordanie
Les funérailles d'un Palestinien tué lors des affrontements de la veille dans le cadre de l'agression militaire israélienne à Jénine, en Cisjordanie occupée, le 5 juillet 2023. L'armée israélienne a lancé un raid sur le camp de réfugiés de Jénine tôt le 3 juillet, au cours duquel 12 Palestiniens et un soldat israélien ont été tués. (Photo ZAIN JAAFAR / AFP)
L'armée israélienne a annoncé mercredi la fin de son opération (agression) militaire en Cisjordanie occupée, dans laquelle 12 Palestiniens et un soldat israélien ont été tués, après avoir mené des frappes aériennes sur Gaza.
Cette agression lancée lundi, la plus importante depuis plusieurs années en Cisjordanie, a mobilisé des centaines de soldats ainsi que des drones et des bulldozers de l'armée dans la ville de Jénine et le camp de réfugiés adjacent, sous prétexte que c’est un bastion de la résistance palestinienne.
"L'opération est officiellement terminée et les soldats ont quitté la région de Jénine", dans le nord de la Cisjordanie, a déclaré à l'AFP une porte-parole de l'armée. Des colonnes de blindés ont été vues quittant la ville.
Douze Palestiniens et un soldat israélien ont été tués au cours de l'agression. Cent Palestiniens ont été blessés, selon le ministère palestinien de la Santé.
Mercredi, des milliers de Palestiniens ont participé à Jénine aux funérailles de leurs proches tués. Certains ont tiré en l'air au passage des corps, dans les rues marquées par les stigmates des violences.
"Dans notre âme et notre sang, nous nous sacrifierons pour toi, martyr", criait la foule.
Les habitants inspectaient les destructions laissées dans le camp, les trous béants dans les maisons, les voitures écrasées, le sol recouvert de douilles et de verre brisé. Environ 3.000 occupants de ce camp, sur un total de 18.000, ont fui à l'arrivée des soldats israéliens.
Dans la nuit de mardi à mercredi, cinq roquettes ont été tirées sur Israël depuis la bande de Gaza, autre territoire palestinien contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, et interceptées, a indiqué l'armée israélienne.
Des avions de combat ont frappé ce que Tel Aviv prétend être "une usine souterraine de fabrication d'armes utilisée par l'organisation […] Hamas, ainsi qu'une usine de fabrication de matières premières pour les roquettes".
"Éradiquer le terrorisme" -
La veille, un attentat à la voiture bélier a fait sept blessés à Tel-Aviv, attribué par la police à un "terroriste" habitant la Cisjordanie, qui a été abattu par un passant.
Le Hamas a salué cette attaque, parlant "d'une première réponse aux crimes contre notre peuple dans le camp de Jénine".
Mercredi, le Jihad islamique palestinien a salué une bataille "héroïque" à Jénine. "Jénine et son camp resteront une terreur qui vous hante", a déclaré le mouvement, s'adressant à Israël.
La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a qualifié mardi soir l'opération israélienne "d'agression qui défie les lois internationales".
Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien connaît un net regain de tensions après l'entrée en fonctions, fin décembre, d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le nord de la Cisjordanie a connu une récente vague d'attaques contre des Israéliens ainsi que des violences anti-palestiniennes de la part de colons juifs. Jénine et le camp de réfugiés ont été visés à plusieurs reprises par des opérations israéliennes.
Près de trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967. Environ 490.000 colons juifs y habitent aussi dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.
"Nous agirons aussi longtemps que nécessaire pour éradiquer le terrorisme", a affirmé Benjamin Netanyahu mardi. "Nous ne permettrons pas à Jénine de redevenir un refuge pour le terrorisme", a-t-il ajouté.
L'armée a indiqué mercredi avoir arrêté 30 suspects au cours de l'opération et confisqué des armes et de l'argent destinés à des activités terroristes.
Au moins 190 Palestiniens ont été tués depuis le début de l'année dans les violences liées au conflit israélo-palestinien, ainsi que 26 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien, selon un décompte de l'AFP établi à partir de sources officielles (Quid avec AFP).