Israël suspend l'aide humanitaire pour Gaza, le Hamas dénonce une violation de l'accord de trêve

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Des parents pleurent deux Palestiniens tués lors d'une frappe israélienne à Beit Hanun, dans le nord de la bande de Gaza, le 2 mars 2025. (Photo BASHAR TALEB / AFP)

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Israël a annoncé dimanche suspendre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, où le ministère de la Santé a fait état de frappes israéliennes meurtrières, une décision dénoncée par le Hamas comme une violation de l'accord de cessez-le-feu, désormais dans l'impasse.

A l'expiration de la première phase de la trêve, négociée par l'entremise du Qatar, Egypte et Etats-Unis et entrée en vigueur le 19 janvier, Israël et le mouvement palestinien apparaissent en profond désaccord sur la forme à donner à la suite du processus.

Israël a indiqué dans la nuit avoir accepté une proposition mise sur la table par l'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et prévoyant une extension de la trêve pendant la période du ramadan et de la Pâque juive, soit jusqu'à la mi-avril.

Selon Israël, la proposition prévoit aussi la libération sur cette période de tous les détenus israéliens encore à Gaza en deux fois, la deuxième étant conditionnée à un accord sur un cessez-le-feu permanent à négocier.

Le Hamas a rejeté cette proposition et exigé de passer à la phase deux prévue par l'accord initial, estimant que le compromis américain revient à permettre à Israël de "se soustraire aux accords qu'il a signés".

"Face au refus du Hamas d'accepter le cadre (proposé par M. Witkoff) pour la poursuite des négociations", le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu "a décidé que, dès ce matin, toute entrée de marchandises et d'approvisionnements dans la bande de Gaza serait suspendue", a annoncé son bureau.

"Bouée de sauvetage" 

"Israël n'acceptera pas de cessez-le-feu sans libération de nos otages", ajoute le texte, et "si le Hamas persiste dans son refus, il y aura d'autres conséquences".

Le Hamas a immédiatement dénoncé comme "un crime de guerre et une violation flagrante de l'accord" de trêve cette décision revenant à couper l'aide humanitaire vitale au regard de la situation catastrophique dans le territoire assiégé.

Au pouvoir à Gaza depuis 2007, le mouvement palestinien a appelé "les médiateurs et la communauté internationale (à) faire pression" sur Israël pour "mettre un terme à ses mesures punitives".

La suspension de l'entrée de marchandises équivaut à "fermer la seule bouée de sauvetage de Gaza", déplore Mohamed Al-Jaroucha, un habitant de Gaza-ville.

"Ça suffit avec les guerres (...) En tant que peuple, nous avons le droit à la vie", commente Abou Mohamed Al-Basyouni, également de Gaza.

Arraché après des mois de négociations ardues, l'accord a fait taire les armes après quinze mois d'une guerre dévastatrice qualifiée de génocide par Amnesty International et de crimes de guerre par la Cour Pénale Internationale.

Quatre morts à Gaza 

L'accord initial comprend trois phases de 42 jours chacune. Durant la première, le Hamas a libéré 25 otages et rendu les corps de huit autres à Israël, qui en échange a libéré environ 1.800 détenus palestiniens.

La deuxième, hypothétique pour l'heure, prévoit la libération des derniers détenus de Hamas et de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, tandis qu'une troisième phase devrait être consacrée à la reconstruction de Gaza, un chantier titanesque.

L'accord comporte une clause prolongeant automatiquement la première phase tant que les négociations pour la deuxième sont en cours.

Jusque-là, le Hamas a campé sur son refus de discuter d'autre chose que d'une application de la deuxième phase, censée garantir le retrait des troupes israéliennes de Gaza.

Outre son refus de s'y engager, Israël exige que Gaza soit complètement démilitarisée et le Hamas éliminé. Or, celui-ci insiste pour y rester.

Ce blocage fait craindre une reprise des hostilités, ce qui "serait catastrophique" selon l'ONU.

Dans la foulée, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a annoncé avoir accéléré l'envoi d'une aide militaire d'environ quatre milliards de dollars à Israël.

Dimanche, le ministère de la Santé palestinien à Gaza a annoncé la mort de quatre personnes "à la suite d'attaques israéliennes en divers endroits du territoire".

Auparavant, la Défense civile gazaouie avait signalé des "bombardements d'artillerie et tirs à partir de chars israéliens visant des zones en bordure de la ville d'Abassan al-Kabira, à l'est de Khan Younès" (sud).

La Croix-Rouge a demandé "que tous les efforts soient faits pour maintenir le cessez-le-feu".

Territoire pauvre et exigu, la bande de Gaza a été ravagée par la guerre israélienne, qui a plongé ses 2,4 millions d'habitants, pour la plupart déplacés, dans une crise humanitaire majeure.

Elle a fait israélienne au moins 48.388 morts, essentiellement des civils, dont les deux tiers sont des enfants et des femmes. (Quid avec AFP)

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