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Ukraine : Zelensky sous pression pour accepter la fin de la guerre voulue par Trump et céder des minerais à Washington
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) s'entretient avec l'envoyé spécial des États-Unis pour l'Ukraine M. Kellogdans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Cible d'invectives de la part de Donald Trump, le président ukrainien Volodymyr Zelensky est sous pression vendredi afin de coopérer avec les Etats-Unis, notamment sur l'exploitation des minerais stratégiques ukrainiens par Washington.
Début février, le président américain avait annoncé vouloir négocier un accord avec l'Ukraine pour obtenir un accès à 50% de ses minerais stratégiques en échange de l'aide américaine déjà livrée.
Le président Zelensky a rejeté la première proposition américaine sur les minerais, qualifiée de "colonisation" par certains médias occidentaux, et argué qu'elle ne prévoyait pas de garanties de sécurité pour son pays en guerre contre la Russie.
Il a cependant ouvert la porte à des "investissements" américains en échange de telles garanties.
Depuis, les tensions entre Kiev et Washington se sont fortement accrues, Donald Trump accusant M. Zelensky d'être un "dictateur" tout en amorçant un brusque rapprochement avec le Kremlin, tournant très dangereux pour l'Ukraine dont les Etats-Unis étaient un pourvoyeur vital d'aide militaire et financière.
Un haut responsable ukrainien a cependant indiqué vendredi à l'AFP que l'Ukraine et les Etats-Unis "poursuivent" les négociations sur un accord concernant l'exploitation des minerais stratégiques ukrainiens.
"Cette conversation se poursuit", a indiqué ce responsable s'exprimant sous le couvert de l'anonymat. "Il y a un échange constant de projets de documents, nous en avons envoyé un autre hier" et "nous attendons une réponse" américaine, a ajouté cette source, informée du déroulement de ces pourparlers.
Objectifs russes et américains
Jeudi, le conseiller américain à la sécurité nationale, Mike Waltz, a multiplié les appels à M. Zelensky.
"Le président Trump est manifestement très frustré par le président Zelensky, par le fait qu'il ne soit pas venu à la table des négociations, qu'il n'ait pas voulu saisir l'occasion que nous lui avons offerte", a-t-il déclaré.
"Je pense qu'il en viendra là au bout du compte, et j'espère très rapidement", a-t-il insisté. Plus tôt, dans une interview, il avait invité Kiev à "examiner de près la situation" et à "signer l'accord" sur les minerais stratégiques.
M. Trump et Zelensky ont échangé des attaques personnelles inédites après les discussions russo-américaines de mardi en Arabie saoudite, les premières au niveau des chefs des diplomaties depuis le début de la guerre.
Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a justifié jeudi ces pourparlers, en précisant cependant que l'objectif principal de Washington était de vérifier si Moscou était "sérieux".
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui réaffirmé vendredi que le président Vladimir Poutine était "ouvert" à des pourparlers de paix.
"Nous avons nos objectifs liés à notre sécurité nationale et nos intérêts nationaux, et nous sommes prêts à les atteindre à travers des négociations de paix", a déclaré M. Peskov.
La Russie exige notamment que Kiev lui cède quatre régions ukrainiennes dont elle revendique l'annexion, ainsi que sa péninsule de Crimée et que l'Ukraine n'adhère jamais à l'Otan.
Des conditions inacceptables pour les autorités ukrainiennes qui demandent à ses alliés des garanties de sécurités solides.
Le 12 février, Donald Trump avait, lui, jugé qu'une adhésion de l'Ukraine à l'Otan ne serait "pas réaliste".
La Chine a, elle aussi, estimé "qu'une fenêtre sur la paix s'ouvre", selon des propos rapportés vendredi de son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, à la réunion des chefs de la diplomatie du G20 à Johannesburg.
Pékin, qui n'a jamais condamné la Russie pour son invasion de l'Ukraine en 2022, souhaite une "solution viable et durable qui réponde aux inquiétudes" de chaque partie, a assuré le ministère chinois.
Avancées russes sur le front
M. Zelensky a reçu jeudi à Kiev l'émissaire américain Keith Kellogg, avec qui il a dit avoir eu des échanges "productifs" sur "la situation sur le champ de bataille" et "les garanties de sécurité efficaces".
Toutefois, la rencontre n'a donné lieu à aucune conférence de presse en commun.
A deux jours du troisième anniversaire du début de la guerre, le 24 février 2022, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes, moins nombreuses et moins bien équipées.
Vendredi, l'armée russe a encore revendiqué la prise de deux localités situées dans la région orientale de Donetsk (est), non loin de la démarcation avec celle de Dnipropetrovsk, où les troupes du Kremlin n'ont jusqu'à présent pas pénétré.
Face à ces périls, l'Union européenne et plusieurs dirigeants européens tentent de se mobiliser pour soutenir Kiev. Certains d'entre eux sont attendus à Kiev pour l'anniversaire de l'invasion lundi.
Le président français Emmanuel Macron doit se rendre à Washington lundi. A cette occasion, il dira à Donald Trump qu'il ne peut "pas être faible" face au chef de l'Etat russe, a-t-il assuré jeudi sur ses réseaux sociaux.
Le Premier ministre britannique Keir Starmer est lui attendu à Washington jeudi. (Quid avec AFP)