Alors que Donald Trump annonce une hausse spectaculaire des droits de douane contre la Chine, Pékin prévient qu’elle prendra des contre-mesures immédiates. Cette nouvelle flambée des tensions commerciales entre les deux plus grandes puissances mondiales fait de plus en plus tanguer les marchés internationaux. Assia Makhlouf en fait le round up.

Les relations commerciales sino-américaines se tendent à nouveau. En début de semaine, le président américain Donald Trump a lancé une menace explicite : une surtaxe de 50 % sur les produits chinois à compter du 9 avril 2025 si Pékin ne retire pas ses nouvelles mesures tarifaires. Cette annonce, faite via sa plateforme Truth Social, intervient dans un contexte de guerre commerciale déjà ravivée par une surtaxe de 34 % décidée quelques jours plus tôt par l’administration américaine, à laquelle la Chine avait immédiatement répondu en imposant une taxe équivalente sur les importations américaines.

Dans un communiqué publié mardi, le ministère chinois du Commerce a dénoncé une « escalade injustifiée » de la part de Washington et promis une réponse « résolue » si les États-Unis persistaient. « Si les États-Unis poursuivent leur surenchère, la Chine répondra jusqu’au bout », a averti un porte-parole, tout en réaffirmant l’opposition ferme de Pékin à toute augmentation des droits de douane.

Pékin mobilise don appareil économique

Pour faire face à cette intensification des tensions, la Chine a commencé à mobiliser son appareil économique. La Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC) a convoqué à Pékin une réunion avec plusieurs grandes entreprises privées, dont Trina Solar, Didi et Goertek, afin de recueillir leurs suggestions sur les moyens de réagir à l’agression commerciale américaine. Le président de la NDRC, Zheng Shanjie, a souligné l’importance d’unir les efforts pour faire face aux « risques extérieurs » et rassuré sur la stabilité du développement économique national.

Sur le front monétaire et financier, la Banque populaire de Chine s’est engagée à fournir un soutien de refinancement si nécessaire, dans le but de stabiliser les marchés de capitaux. Une intervention bienvenue alors que les places boursières asiatiques ont été fortement secouées par l’annonce des nouvelles taxes américaines.

Lundi, la bourse de Hong Kong a subi sa plus forte chute depuis la crise asiatique de 1997, avec une perte de 13,22 %, effaçant les gains enregistrés au premier trimestre. À Shenzhen, les pertes ont atteint 9,66 %, tandis que Shanghai reculait de 7,34 %. Pour contenir cette spirale baissière, Central Huijin, bras financier du fonds souverain chinois, est intervenu dès lundi après-midi et a promis de continuer à injecter des liquidités en achetant des fonds négociés en bourse.

Mardi, les marchés montraient une légère reprise. Le Hang Seng regagnait 1,7 % à l’ouverture, tandis que l’indice CSI 300 progressait de 0,24 %. L’indice des valeurs technologiques de Shenzhen (ChiNext) enregistrait une hausse de 1,68 %, malgré une légère baisse de l’indice de référence de Shanghai.

Trump suspend les pourparler

En parallèle, les tensions diplomatiques se cristallisent. Donald Trump a suspendu tous les pourparlers commerciaux avec la Chine jusqu’à nouvel ordre. Il a également réaffirmé son engagement à défendre l’économie américaine, appelant sur Truth Social les Américains à « être forts, courageux et patients » pour retrouver la « grandeur ».

Les nouvelles taxes douanières, dont un plancher universel de 10 %, sont désormais en vigueur depuis le 5 avril. Elles seront suivies d’un relèvement drastique, notamment de 54 % pour la Chine et de 20 % pour l’Union européenne. En réponse, la Chine maintient sa position offensive, préparant une riposte proportionnée qui pourrait inclure de nouveaux droits de douane, mais aussi des restrictions ciblées sur certaines entreprises américaines implantées en Chine.

La guerre commerciale relancée par Washington intervient dans un contexte de fragilité de l’économie mondiale et suscite l’inquiétude des milieux économiques. L’instabilité des marchés financiers, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et le ralentissement potentiel de la croissance mondiale sont autant de conséquences redoutées si ce bras de fer se poursuit.

Loin de s'apaiser, la confrontation entre les deux géants économiques semble au contraire entrer dans une nouvelle phase, plus imprévisible et plus brutale, avec pour enjeu la redéfinition des équilibres du commerce international.