Israël: Vers un gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays

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Des partisans du Premier ministre israélien et chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid, réagissent tristement en suivant les résultats des élections au siège de campagne du parti dans la ville côtière de Tel Aviv, le 1er novembre 2022, après la fin du vote pour les élections nationales. (Photo par Gil Cohen-MAGEN / AFP)

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Malgré son inculpation pour corruption dans une série d'affaires, Benjamin Netanyahu se rapproche jeudi de son objectif tant souhaité d'obtenir une majorité avec ses alliés religieux et d'extrême droite pour marcher à nouveau sur les plus hautes marches du pouvoir.

Après les législatives de mardi, les chaînes israéliennes avaient crédité le Likoud de M. Netanyahu et ses alliés des partis ultra-orthodoxes et de la liste d'extrême droite "Sionisme religieux" de 62 sièges, soit un de plus que le seuil de la majorité au Parlement de 120 députés.

Puis, la Commission électorale a commencé à distiller ses premiers résultats confirmant cette tendance, sans toutefois sceller l'issue du scrutin.

Jeudi, après 95,7% des votes dépouillés, le "bloc de droite" de M. Netanyahu est crédité de 65 élus -32 pour le Likoud, 19 pour les partis orthodoxes et un record de 14 pour l'extrême droite- dans ce qui pourrait être, selon des analystes, le gouvernement le plus à droite de l'histoire du pays.

Entretemps, quatre Palestiniens, dont un assaillant et un combattant, ont été tués par les forces israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupées, sur fond d'une poussée des violences liées au conflit israélo-palestinien.

"Il est temps de ramener la sécurité dans les rues, de rétablir l'ordre, de montrer qui est le maître, il est temps de tuer un terroriste qui mène une attaque", a affirmé le ténor de l'extrême droite Itamar Ben Gvir.

Le gouvernement Lapid "arrive à sa fin", a-t-il assuré.

-Partis éliminés? 

Le Premier ministre sortant Yaïr Lapid, chef de la formation centriste Yesh Atid ("Il y a un futur") se dirige lui vers une récolte de 24 élus, son allié de centre-droit Benny Gantz de 12 députés, suivi de neuf élus pour deux autres formations et de 10 pour des partis arabes.

Dans le système proportionnel israélien, les partis doivent obtenir 3,25% des voix pour faire leur entrée au Parlement, un taux minimal leur conférant de facto quatre députés.

Deux petits partis hostiles au camp de M. Netanyahu, la formation de gauche Meretz et le parti arabe Balad moissonnent respectivement 3,14% et 2,93% d'appuis, leur sort étant toutefois entre les mains des derniers votes dépouillés, soit principalement des militaires et des travailleurs du système de santé.

"Nous perdons peut-être notre représentation à la Knesset (Parlement), mais nous avons gagné l'amour de notre peuple et un soutien sans précédent", a déclaré Sami Abou Shehadeh, chef de Balad.

Preuve que son poste est en jeu, M. Lapid a annulé sa participation à la COP27, la conférence de l'ONU sur le climat débutant le 6 novembre en Egypte.

L'an dernier, il avait rallié une coalition hétéroclite (droite, gauche, centre et un parti arabe) pour mettre un terme au règne de Benjamin Netanyahu, le plus pérenne des chefs de gouvernement de l'histoire d'Israël, au pouvoir de 1996 à 1999 et de 2009 à 2021.

Négociations 

Surnommé "Bibi", M. Netanyahu n'avait pas quitté la vie politique comme le souhaitaient ses opposants mais s'était accroché au poste de chef de l'opposition avec l'objectif de revenir aux affaires pour éventuellement faire voter une immunité par les députés et annuler son procès pour corruption.

Une fois les résultats finaux connus, le président israélien Isaac Herzog, dont la fonction est essentiellement symbolique, mandatera un chef politique de former un gouvernement. Ce dernier aura alors 42 jours.

Mais selon la presse israélienne, le camp Netanyahu n'a pas attendu ce feu vert formel, l'ex-Premier ministre ayant mandaté Yariv Levin, un de ses proches, pour entamer des pourparlers qui pourraient s'annoncer compliqués, avec la formation "Sionisme religieux" notamment.

Le chef de ce parti, Bezalel Smotrich, a déjà indiqué vouloir le ministère de la Défense, et le n.2 Itamar Ben Gvir, celui de la Sécurité publique, deux postes clés à l'avant-scène du conflit israélo-palestinien.

Leurs nominations à ces postes cruciaux pourraient être "embarrassantes sur la scène internationale" pour Benjamin Netanyahu, estime l'analyste palestinien Khaldoun Barghouti.

Sans vouloir "spéculer sur un gouvernement", Washington a dit espérer que "tous les responsables israéliens continueront de partager les valeurs d'une société ouverte, démocratique et porteuse de tolérance et de respect pour toute la société civile, en particulier les groupes minoritaires". (AFP)