Joe Biden ‘’presse’’ Netanyahu de ''conclure sans délai un accord'' pour un ''cessez-le-feu immédiat''

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Une image qui n’indigne pas Joe Biden : Le père palestinien Ashraf tient dans ses bras l'une de ses deux filles après qu'elles aient été tuées dans une frappe aérienne israélienne, le 4 avril 2024 à l'hôpital al-Najar de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, dans le cadre du conflit entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas. (Photo de MOHAMMED ABED / AFP)

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Les dirigeants américain Joe Biden et israélien Benjamin Netanyahu se sont parlé au téléphone jeudi, après que Washington a fait part de son "indignation" à la mort de sept humanitaires tués dans une frappe israélienne dans la bande de Gaza.

Le président américain Joe Biden a pressé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu de "conclure sans délai un accord" pour un "cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza.

Il a aussi prévenu le dirigeant israélien que la poursuite du soutien des Etats-Unis à son opération à Gaza dépendrait de décisions "concrètes" pour protéger les civils, selon la Maison Blanche qui rendait compte d'un entretien téléphonique entre les deux hommes quelques jours après la mort d'humanitaires dans une frappe israélienne dans le territoire palestinien.

.Leur dernière conversation remonte au 18 mars, dans un contexte déjà tendu face à la dégradation de la situation humanitaire dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine où 33.037 Palestiniens sont morts en six mois de guerre.

Les relations entre les deux alliés se sont crispées depuis, Washington ayant permis le vote par le Conseil de sécurité de l'ONU fin mars d'une résolution appelant à un "cessez-le-feu immédiat" rejeté par Israël et sans effet sur le terrain. 

Néanmoins cette ‘’crispation’’ est restée sans conséquence sur le soutien intensif en armement, en renseignement et en diplomation des des Etats Unis.

La mort lundi dans une frappe israélienne de sept travailleurs humanitaires de l'ONG World Central Kitchen basée aux Etats-Unis et ravitaillant la population gazaouie affamée, a encore accru le mécontentement américain.

Ce crime israélien contre sept travailleurs humanitaires symbolise les atteintes "systématiques" d'Israël contre les ONG à Gaza, dénoncent plusieurs ONG en espérant des "actions" fortes de la communauté internationale pour empêcher de nouvelles tragédies.

Car cette attaque contre une cible humanitaire, qui pour la première fois en près de six mois de guerre a tué du personnel occidental, illustre surtout l'incapacité des ONG à travailler en sécurité dans le territoire palestinien, dénoncent celles interrogées par l'AFP, dont plusieurs ont subi des pertes matérielles ou humaines.

L’attaque systématiques des humanitaires additionnée à l’assassinat massif des journalistes (plus de 120) trahit la volonté d’Israël de s’adonner au génocide sans témoins oculaires. 

Au total, plus de 200 humanitaires sont morts à Gaza depuis le 7 octobre, selon les ONG, dont au moins 165 travaillaient pour l'Unrwa, l'agence onusienne pour les réfugiés palestinien

Mercredi, le secrétaire américain à la défense Lloyd Austin a exprimé, lors d'un entretien téléphonique avec son homologue israélien Yoav Gallant, son "indignation" après la mort des humanitaires, selon le Pentagone, indignation absente de la turie de plus de 33.000 Palestiniens, pour deux tiers des civils dont, de l’aveu du même Lloyd Austin, de, valeur d’il y a six semaines, de 25.000 femmes et enfants. L’UNICEF évaluait, elle, la tuerie des enfants, valeur d’il y a un mois, à 13.000 victimes

"Préoccupations" pour Rafah 

M. Austin a également souligné la nécessité de prendre des mesures "immédiates" et "concrètes" pour protéger les humanitaires et les civils palestiniens à Gaza, en particulier dans le nord du territoire, estimant que la mort des humanitaires avait "renforcé les préoccupations" au sujet d'une opération militaire israélienne à Rafah.

M. Netanyahu a réitéré à plusieurs reprises sa volonté de mener une offensive dans cette ville du sud de la bande de Gaza à la frontière avec l'Egypte où s'entassent près de 1,5 million de Palestiniens déplacés par les combats, selon l'ONU.

Cependant, l'armée israélienne a pour sa part indiqué que les deux hommes ont discuté de plans pour étendre les opérations militaires dans le territoire palestinien.

Elle a ajouté qu'ils ont également discuté de "la menace posée par l'Iran et ses activités par procuration", en allusion notamment au Hezbollah libanais et les Houthis du Yémen. Téhéran a promis de riposter à l'attaque imputée à Israël, qui a détruit, au mépris insoutenable du Droit international, l'annexe consulaire de son ambassade à Damas, tuant sept Iraniens.

Dans ce contexte, l'armée israélienne a annoncé jeudi sa décision de suspendre temporairement les permissions "des unités combattantes", arguant que les forces israéliennes "sont en guerre et la question du déploiement des soldats est constamment réexaminée en fonction des besoins".

En Israël, Benjamin Netanyahu est soumis à une pression accrue de l'opinion publique et fait face à des manifestations à répétition d'opposants et de familles des détenus israéliens à Gaz, en colère.

Sur le plan politique, le dirigeant d'opposition Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival principal de M. Netanyahu, a appelé mercredi à des élections législatives anticipées en septembre.

Depuis l'attaque du 7 octobre, Joe Biden a offert un soutien inébranlable à l'offensive menée par Israël dans le petit territoire palestinien.

S'il fait face à des appels pressants pour répondre à la catastrophe humanitaire en cours à Gaza dans son pays, il a, jusqu'ici, refuser de poser des conditions à l'aide militaire américaine à Israël.

"Moins d'une boîte de haricots" 

L'armée israélienne a indiqué jeudi qu'elle poursuivait ses opérations dans le centre de la bande de Gaza ainsi qu'à Khan Younès, dans le sud du territoire. Des témoins ont déclaré à l'AFP que des combats, en plus des frappes aériennes, ont aussi eu lieu cette nuit dans le centre et le sud du territoire.

"Les livraisons de farine sont retardées et il y a une pénurie (...)  Il y a aussi une pénurie de légumes, de viande et d'autres produits essentiels comme les légumineuses, les lentilles et les pois chiches", a relevé mercredi pour l'AFP un habitant de la ville de Gaza venu tenter de récupérer des denrées alimentaires et qui n'a pas donné son nom.

"Nous dormons dans la rue, dans le froid, sur le sable, endurant des épreuves pour assurer la nourriture de nos familles, en particulier de nos jeunes enfants", a témoigné un autre Gazaoui.

Selon une nouvelle étude de l'ONG Oxfam, le nord de Gaza survit avec 245 calories par jour, soit "moins d'une boîte de haricots", ce qui, selon l'ONG, représente "moins de 12% des besoins caloriques quotidiens moyens".

"Israël choisit délibérément d'affamer les civils", a déclaré Amitabh Behar, directeur exécutif d'Oxfam International, cité dans le communiqué de l'ONG.

A la suite de la frappe dont elle a été victime lundi, World Central Kitchen, qui fournissait quotidiennement des repas à Gaza, a annoncé suspendre ses opérations, accroissant encore les craintes pour la situation alimentaire des quelque 2,4 millions d'habitants.

A la suite de cette annonce, un second bateau chargé d'aide humanitaire est retourné à Chypre, d'où il était parti, alors qu'il était parvenu au large de Gaza, selon le site Vesselfinder.

Par ailleurs, l'ONG Human Rights Watch (HRW) a affirmé jeudi n'avoir "trouvé aucune preuve qu'une cible militaire se trouvait à proximité" d'un bâtiment qui a été visé par une frappe israélienne le 31 octobre à Gaza faisant 106 morts. (Quid avec AFP)

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